Le double contrôle des passeports, l'hélium à Guercif, et l'IA pour remplacer les partis politiques

Par Réda Allali

Conformément au recentrage opéré sur la ligne éditoriale de cette page, Zakaria Boualem vous propose ci-joint une chronique guillerette, remplie de bonne nouvelles, diffusées sur un ton enjoué. La première est inattendue, et elle marque notre passage vers les lumières de la félicité.

Imaginez un peu, les amis, que le double contrôle des passeports dans nos aéroports vient d’être supprimé, c’est une information remarquable. Commençons par expliquer aux bienheureux qui ignorent cet usage que, chez nous, lorsqu’on fait tamponner son passeport à la frontière, on est sommé quelques mètres plus loin d’exhiber ce tampon devant un autre policier, comme s’ils craignaient qu’on ait été parachuté juste après le guichet, dans le petit espace qui sépare les deux contrôles.

Chez nous, lorsqu’on fait tamponner son passeport à la frontière, on est sommé quelques mètres plus loin d’exhiber ce tampon devant un autre policier, comme s’ils craignaient qu’on ait été parachuté juste après le guichet…

Cet usage étrange, outre qu’il ralentit considérablement le passage, diffuse le sentiment inquiétant d’une méfiance généralisée, comme si la police contrôlait la police. C’est désormais terminé, et c’est annoncé avec une certaine jubilation par nos responsables dans la presse, signe que l’opération a été vécue comme une sorte d’exploit. Ils expliquent même que “cette mesure sera progressivement étendue à l’ensemble des aéroports du Royaume avant la saison estivale”, c’est dire l’ampleur du projet.

Mais ce n’est pas tout. Ils annoncent également des portiques automatiques, c’est prodigieux, même si on a du mal à imaginer qu’ils ne soient pas flanqués de quelques uniformes qui vérifient que vous êtes bien passé comme il faut. Et, pour que la fête soit complète, on parle de supprimer une autre de nos spécificités locales : le scanner à l’entrée de l’aérogare, et là, le Boualem n’a rien à dire, sinon merci.

Une autre bonne nouvelle est venue d’un de nos partis politiques, qui a eu la bonne idée d’organiser “une table ronde pour examiner les opportunités et les défis de l’intelligence artificielle dans l’action politique”. C’est une initiative remarquable, il faut bien le signaler. Si cette IA est aussi brillante qu’on le dit, il ne fait pas de doute qu’elle proposera sans hésiter la suppression de tous les partis et de toutes les élections, de toutes les campagnes électorales.

Car il est incontestable que nous sommes mûrs pour le grand saut. Regardez autour de vous : il n’y a aucun débat, très peu de choix proposés, encore moins d’idéologie, rarement du militantisme, nous sommes englués dans la certitude que nous n’avons la main sur rien, et merci. Dans ces conditions, il est clair que le remplacement de toute cette affaire par des algorithmes est une perspective réaliste.

Et maintenant, arrêtez tout et asseyez-vous pour lire la suite, les amis. N’ayons pas peur des mots, des envolées lyriques et des superlatifs, car une nouvelle ère s’annonce. C’est écrit dans le Matin du Sahara, il s’agit donc d’une incontestable vérité. On a trouvé de l’hélium à Guercif, voilà la grande information de la semaine. Et même si le nom de la société responsable de cette prodigieuse découverte – Predator Oil&Gas – est un peu inquiétant, le Boualem ne peut s’empêcher de jubiler à l’idée du futur qui s’annonce.

Voici sans plus attendre un extrait de l’article : “Une concentration importante d’hélium – atteignant 1.557 ppm – a été détectée à seize mètres au-dessus de la formation cible, suggérant une connexion avec un système de failles en lien avec l’activité diapirique locale”. Même si c’est parfaitement incompréhensible, le Boualem ne peut s’empêcher de sombrer dans une somnolence hypoglycémique, peuplée de rêves de gloire d’un club de Guercif Saint Germain qatarisé…

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