[Tribune] IA au Maroc : “Niya” est-elle suffisante ?

Plus de cent jours se sont écoulés depuis la nomination d’Amal El Fallah Seghrouchni à la tête du ministère chargé de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration. Ce laps de temps offre une opportunité d’évaluer les premières étapes de cette mission et d’envisager les perspectives à venir. Dans un domaine aussi stratégique que l’IA, où le temps est un facteur clé, chaque avancée compte pour le Maroc.

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Amal El Fallah Seghrouchni, experte mondiale de l'IA. Crédit: AI Now

Avec un parcours académique remarquable, marqué par un doctorat de l’Université Pierre et Marie Curie et une habilitation de l’Université Sorbonne Paris Nord, la ministre a également occupé le poste de présidente exécutive du Centre international d’intelligence artificielle du Maroc (AI Movement), affilié à l’UM6P. Forte de cette expérience, elle semble avoir tous les atouts pour répondre aux attentes d’une véritable transformation digitale. Le défi est désormais de concrétiser les ambitions en réalisations tangibles.

Le ministère chargé de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration joue un rôle crucial dans un contexte où l’IA suscite des attentes élevées et des interrogations. Le Maroc, en quête d’une transition digitale réussie, a besoin d’une vision cohérente et d’un plan d’action structuré pour accélérer cette dynamique.

La prédécesseure de la responsable actuelle, Ghita Mezzour, avait posé des jalons avec la vision “Digital Morocco 2030”. Cependant, certains retards dans sa mise en œuvre ont limité son impact. Ces défis représentent aussi une occasion de réorienter les priorités, en tirant parti des leçons du passé, pour accélérer les réalisations et positionner le Maroc comme un acteur clé de l’IA en Afrique. C’est une opportunité de démontrer la capacité du pays à transformer une ambition en succès concret.

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L’experte qu’elle est a souvent mis en avant l’importance d’une IA éthique et accessible à travers ses interventions publiques et ses publications scientifiques. La question reste de savoir comment en faire un levier au service de tous : citoyens, startups et services publics.

Gitex Africa 2025, organisé par l’Agence de Développement du Digital (ADD), constitue une plateforme idéale pour concrétiser cette vision. Avec 45 000 visiteurs et 1 500 exposants attendus en 2025, cet événement est une occasion unique de présenter une stratégie IA ambitieuse, fondée sur des priorités mesurables et un suivi rigoureux.

La ministre semble être dans une position idéale pour relever ce défi. Mais, comme le souligne Mustapha Suleyman dans son ouvrage The Coming Wave, “l’IA est un tremblement de terre. Il s’agit du plus grand amplificateur de force de l’histoire”. Ce potentiel appelle à agir avec détermination pour répondre aux enjeux d’un monde en pleine mutation.

Plutôt que de simplement poursuivre les initiatives engagées, cette responsabilité s’inscrit dans une dynamique de transformation. Le Maroc dispose des bases nécessaires, mais pour franchir une nouvelle étape, il a besoin de clarté et d’une feuille de route pragmatique. L’opportunité est là : il s’agit désormais de lui donner corps et de prouver que cette ambition peut devenir réalité.