Ces derniers jours, de nombreux amis de Zakaria Boualem lui ont reproché de ne pas commenter les élections françaises avec plus d’enthousiasme. A peine quelques lignes ont été consacrées au sujet, elles ont été jugées insuffisantes par ces lecteurs grognons. Il faut toutefois signaler qu’il s’est trouvé une autre catégorie de lecteurs qui, eux, on geint pour la raison inverse. Ils ne comprennent pas qu’on puisse commenter des élections étrangères, tel est leur argument.
Il faut commencer par répondre à ces derniers, en leur expliquant que de nombreux Marocains suivent les élections françaises pour les mêmes raisons que celles qui les poussent à suivre la Liga au détriment de la Botola : la qualité du spectacle et de la retransmission, la précision du calendrier, l’arbitrage, ce genre de choses…
“Le Guercifi trouve très drôle que Monsieur Zemmour, Aka l’olivier, ait axé toute sa campagne sur les Arabes qui volent et pillent à tour de bras, avant de se faire lui-même dépouiller de son parti – et de ses caisses – par une authentique blonde”
Quant aux premiers, ceux qui voudraient qu’on en parle davantage, le Boualem est prêt à les satisfaire, mais il se trouve qu’il est un peu débordé par le flux d’informations, le bougre. A chaque fois qu’il s’intéresse au sujet, il découvre une nouvelle mine d’absurde, un gisement de grotesque qui, s’il devait être exploité correctement, occuperait toutes les pages de cet estimable magazine. Ça part dans tous les sens, les amis.Par exemple, le Guercifi trouve très drôle que Monsieur Zemmour, Aka l’olivier, ait axé toute sa campagne sur les Arabes qui volent et pillent à tour de bras, avant de se faire lui-même dépouiller de son parti – et de ses caisses – par une authentique blonde.
C’est irrésistible, en vérité, tout comme ces images extraordinaires d’un chef de parti respectable retranché dans ses bureaux, tel un forcené, hurlant par la fenêtre qu’il refuse de se rendre malgré les supplications de ses cadres, massés sur le trottoir. On peut aussi citer ces héros de la résistance, qui expliquent lors d’un micro-trottoir qu’ils sont prêts à quitter la France en cas de victoire de la gauche, cet amas d’islamo-gauchistes-antisémites, pour rejoindre le Maroc s’il vous plaît. Il y a tellement d’irrationalité dans l’assertion présentée dans la dernière phrase qu’elle pourrait bien battre tout ce que notre paisible contrée propose en une année pleine.
Dans ces conditions, le Boualem a un peu de mal à suivre la production du pays des Lumières, sans même parler de leur équipe de rugby, ce repaire bien connu des nobles valeurs gauloises, miraculeusement épargné par les barbares qui ont envahi le foot. Cette équipe, donc, a révélé un spectaculaire crétin qui a jugé utile de diffuser une vidéo dans laquelle il menaçait de donner des coups de casque au premier Arabe qu’il croiserait. Pendant que deux autres joueurs sont en prison, accusés de viol en Argentine. Bref, il faut baisser les armes et attendre la fin des convulsions pour proposer une analyse.
“Le RNI dit non au mariage homosexuel” ? A la connaissance du Guercifi, même les plus motivés de nos gays se contentent de demander qu’on ne les mette pas en prison
En attendant, il faut bien proposer quelque chose dans cette page, et c’est là que surgit une étrange dépêche qui a attiré l’attention du Boualem. Une information baroque, reprise par une bonne partie de la presse nationale, qui explique – tenez-vous bien – que “le RNI dit non au mariage homosexuel”. On se demande un peu qui en doutait, et pourquoi cette respectable institution a jugé utile, aujourd’hui en particulier, de préciser sa position sur le sujet. A la connaissance du Guercifi, même les plus motivés de nos gays se contentent de demander qu’on ne les mette pas en prison, telle est leur ambition. Dans ces conditions, la simple idée de se marier semble saugrenue. Alors, pourquoi donc cette sortie du RNI ? Une version tordue de la fenêtre d’Overton, peut-être, à moins qu’ils n’aient rien trouvé d’autre à nous dire, ce qui serait inquiétant en vérité. C’est tout pour la semaine, et merci.