[Tribune] Une assemblée dissoute ou une France qui se dissout ?

La dissolution de l’Assemblée nationale, décrétée le 9 juin par un simple fait de prince du président Emmanuel Macron, résonne tel un baroud d’honneur. C’en est fini d’une époque. La France d’après est une France où se heurtent, dans la rue comme dans les urnes, deux clans manifestement irréconciliables.

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Manifestation du Front Populaire à Paris, le 15 juin 2024. Crédit: Jeanne Menjoulet / Flickr

1983, François Mitterrand, pourtant élu sur la base de la promesse d’une nouvelle transformation sociale, enclenche le tournant de la rigueur. Il rompt ostensiblement avec l’esprit des programmes socialistes (Programme commun, Projet socialiste de 1980, 110 Propositions). Ce moment clé signe un triomphe international du néolibéralisme, venant confirmer le célèbre “There is no alternative” de Thatcher. Le basculement qui s’en est suivi alors ne fut pas seulement économique, mais il fut également politique et sociétal. Il entraîne la France dans une ère d’incertitude politique ponctuée de dissolutions parlementaires et de cohabitations.

Le réalisateur Hamid Derrouich, docteur en sciences politiques.Crédit: DR

Les lignes de fracture apparaissent aggravées par une construction de l’Union européenne qui semblait se faire dans la précipitation et dans la violation du pacte originel de la souveraineté nationale et de la volonté populaire. Le référendum sur le Traité de Maastricht en 1992, ratifié de justesse par 51,1% des voix, montrait déjà une France polarisée. En 2008, l’adoption par le parlement du Traité de Lisbonne, alors qu’il avait été rejeté au référendum 2005 avec 55% des voix, reste gravée dans la mémoire politique comme le signe de la “trahison des élites”, voire un moment de rupture démocratique.

Les partis de gouvernement, de gauche comme de droite, entament alors leur longue et silencieuse décomposition. En revanche, le Front national enclenche son ascension passant d’à peine 1% des voix en 1981 pour Jean-Marie Le Pen à des scores vertigineux qui placent aujourd’hui sa fille, Marine Le Pen, à la tête du Rassemblement national, aux portes du pouvoir.

D’un parti de “fachos”, le Rassemblement national est passé au parti, principalement, de “fâchés”. La colère se lit sur le visage du “petit peuple” qui se dit dépossédé de ses frontières, de sa souveraineté, de sa culture, de ses richesses, de son esthétique, de sa grandeur et de sa “douce France”. Des plateaux du Larzac aux confins de l’Alsace, des banlieues lilloises aux faubourgs de Marseille, “la France sous nos yeux” n’est pas la Start-up Nation, packaging politique sans couleur ni saveur, mais une France bouleversée, fragmentée et “archipélisée”, pour reprendre l’expression du politologue Jérôme Fourquet.

Le mouvement des Gilets jaunes de 2018 n’était, de ce point de vue, qu’un symptôme spectaculaire d’une crise qui couve depuis une quarantaine d’années. Quatre décennies où la France est passée d’une nation souveraine à un pays lourdement endetté à la merci de Moody’s et de Standard & Poor’s. C’est, non seulement un modèle économique qui s’interrompt et une grande métamorphose politique qui s’opère, mais tout un mode de vie qui se transforme, causant fracture territoriale et désillusion de masse.

La dissolution de l’Assemblée nationale, décrétée le 9 juin 2024 par un simple fait de prince du président Emmanuel Macron, résonne alors tel un baroud d’honneur. C’en est fini d’une époque. La France d’après est une France où se heurtent, dans la rue comme dans les urnes, deux clans manifestement irréconciliables comme les décrit l’économiste britannique David Goodhart : “les gens de n’importe où (les Anywhere)” et “le peuple de quelque part (les Somewhere)”. Les premiers bénéficient de la mondialisation et valorisent une diversité dont ils ne conçoivent que les conséquences positives. Les seconds, tels les galériens, s’enracinent dans un territoire, s’identifient à une matrice identitaire et subissent de plein fouet le déclassement social, les bouleversements économiques et les difficultés d’intégration des dernières vagues migratoires.

A cela s’ajoute, de notre point de vue, ce que Giuliano da Empoli nomme le “carnaval populiste”, qui consiste en un déploiement au spectre large opéré par des communicants, des idéologues, des scientifiques, des ingérences étrangères et des experts en data et en réseaux sociaux. Ces “ingénieurs du chaos” innovent en algorithmes, fabriquent des fake news et mobilisent l’Intelligence artificielle pour remodeler les règles du jeu politique et défigurer le visage des sociétés.

Crise du politique et paysage partisan disrupté

Il y a dans la structuration des pouvoirs de la 5e République française comme un péché originel. En effet, elle porte en son sein la contradiction centrale d’un système politique où le président est omnipotent, mais qui établit, néanmoins, une dose de parlementarisme rationalisé. Cette contradiction a engendré, depuis la révision constitutionnelle de 1962, un effet pervers où le président, censé être dès son élection non plus le chef d’un clan politique mais le président de tous les Français, devient tributaire d’une majorité absolue au Parlement, majorité sans laquelle il lui est presque impossible d’entreprendre le programme politique pour lequel il a été élu.

Le président et sa majorité au Parlement se nourrissent ainsi mutuellement. Certes ! Mais ils créent, sans le vouloir, les conditions d’une vulnérabilité institutionnelle. En étant intimement lié à une majorité au Parlement, le président devient alors la cible, directe et indirecte, des oppositions, que ce soit celles qui se manifestent dans la rue, comme les Gilets jaunes en 2018, ou celles qui s’expriment sur les bancs de l’Assemblée nationale, augurant une aire de “bordélisation” de la vie politique française.

Avec l’effritement des blocs politiques et l’amplification du phénomène de la transhumance partisane, les lignes de démarcation politico-idéologiques se diluent davantage. La fracture tectonique des partis historiques a fait naître une archipélisation du paysage politique avec, pour trame de fond, la constitution d’alliances opportunistes à la stabilité précaire.

D’un système bipolaire qui, malgré ses imperfections, offrait la stabilité nécessaire, la France a basculé à un système diffus, mouvant, aux contours indéfinissables. Ce sont tout de même 38 listes qui ont candidaté aux dernières élections européennes ! Dans ce système diffus, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la polarisation est extrême et les positions sont profondément tranchées. Ainsi, plusieurs sondages révélaient par exemple que les sympathisants du RN ont acté leur vote pour la liste conduite par Jordan Bardella un mois avant le scrutin du 9 juin 2024 !

“Les polémiques que Jordan Bardella suscite et son incompétence sont perçues comme la marque d’une authenticité”, observe Hamid Derrouich.Crédit: DR

C’est une preuve qu’il y a une adhésion affective forte à l’idée que le RN pourrait être l’ultime recours face à ce qui est désigné comme un délitement inexorable d’une France éternelle. Dès lors, tout argument critique et rationnel contre le programme du RN devenait vain et sans prise aucune sur la détermination de ses électeurs. L’identification à Bardella s’est opérée par une sorte de familiarité. Ses défauts, comme leader d’un parti qui n’a jamais accédé au pouvoir, sont perçus comme des qualités. Son inexpérience est la preuve même qu’il n’appartient pas au “cercle corrompu des élites”. Les polémiques qu’il suscite et son incompétence sont perçues comme la marque d’une authenticité.

Sur un autre registre, celui de la gauche, le tableau politique montre, désormais, un spectre politique extrêmement hétérogène et éclaté, allant de la France Insoumise aux autonomes en passant par l’antiracisme politique, les indigénistes, les mouvements écologistes ou les différentes formations trotskystes ou maoïstes ainsi que les communautés LGBTQ+.

La France insoumise (LFI) a capté des fragments de peuple, sans conscience de classe dont les luttes ne convergent pas mais se juxtaposent, ce qui ne permet pas de reconstruire une unité de classe. La stratégie de transformation sociale pour laquelle plaide la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), rebaptisée désormais le Nouveau Front populaire (NFP), semble uniquement électoraliste et politicienne puisqu’elle est censée, avant tout, permettre à la gauche une victoire électorale. Le NFP a tout d’un cartel de la gauche où LFI occupe la position du navire amiral.

La figure de Jean-Luc Mélenchon pèse au sein du NFP moins par quelques traits autoritaires du bonapartisme qu’on lui prête, mais plus par sa stratégie de conflictualisation totale des rapports sociaux avec, pour trame de fond, une dénonciation de l’oligarchie des 1% qui captent 90% des richesses. Mais Mélenchon personnifie considérablement, au-delà de LFI, le NPF au point d’invisibiliser ses partenaires comme Olivier Faure du Parti socialiste, Marine Tondelier du Parti écologiste ou encore Fabien Roussel du Parti communiste. À lui seul, Mélenchon concentre l’essentiel des critiques et des assauts médiatiques au point de faire émerger des voix au sein du NFP qui, pour les plus consensuelles, lui demandent une certaine retenue et, pour les plus exaspérées, le considèrent comme répulsif de par sa toxicité électorale.

Tout ce qui est excessif est-il (toujours) insignifiant ? Glissement de sens

Une première alerte assourdissante a retenti un 21 avril 2002 avec l’arrivée au second tour de l’élection présidentielle de Jean-Marie Le Pen. Jacques Chirac dira plus tard que “tout dans l’âme de la France dit non aux extrêmes”. Jusqu’alors de solides frontières avaient été érigées entre des partis de gouvernement rassemblés sous un arc républicain et l’extrême droite. Jusqu’alors aussi le franchissement desdites frontières signifiait la faillite morale de toute une nation.

Or, il y a comme un paradoxe aujourd’hui, car ce sont les extrêmes qui sont devenus les maîtres du temps politique. Si la France en est là, c’est aussi parce qu’un glissement insidieux du vocabulaire politique a fini par provoquer l’effritement des digues idéologiques. Certes, en succédant à son père, Marine Le Pen a engagé une refondation du Front national (FN) en le rebaptisant le Rassemblement national (RN) et en déployant des opérations de charme tous azimuts visant à dédiaboliser le RN et à solder le passif nocif du FN. Mais, force est de constater qu’un soutien, presque inespéré, lui est parvenu de la part de la droite républicaine au pouvoir et d’une gauche, principalement socialiste, devenue inaudible auprès des classes populaires depuis le tournant de la rigueur.

Au sein de la droite, l’argument qui consistait à dire que l’extrême droite n’a pas le “monopole de la nation” a donné suite à une follitude de formules vaseuses : “Le Front national dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas”, “Le Rassemblement national pose les vraies questions, mais n’apporte pas les bonnes solutions”, “Tendre la main à une extrême droite frustrée”, “L’identité nationale n’est pas un gros mot…”.

Manifestation du Front Populaire à Paris, le 15 juin 2024.Crédit: Jeanne Menjoulet / Flickr

Dans son ensemble, la société française ne se droitise pas forcément. En revanche, l’électorat, lui, se droitise davantage. C’est cet électorat qu’il faudra séduire et c’était probablement ce que des conseillers comme Henry Guaino ou Patrick Buisson avaient instinctivement capté. Ces conseillers, habités par une certaine idée de la France, militaient pour un grand rassemblement des droites, l’extrême comprise. Déterminés à hérisser ceux qu’ils qualifiaient de “bien-pensants”, ils empruntaient au Front national le cœur de sa rhétorique anti-immigration, pour l’ordre et la nation.

Nicolas Sarkozy, devenu président en 2007, se pose alors en champion d’une droite décomplexée. S’il avait, certes, réussi à siphonner le tiers de l’électorat du Front national en réduisant Jean-Marie Le Pen, avec seulement 10% des voix, à sa plus mauvaise performance depuis 1988, il n’en demeure pas moins qu’il a normalisé, de fait, l’essentiel du logiciel idéologique de l’extrême droite. Du haut de ses 80 ans, Jean-Marie Le Pen dira alors que Sarkozy détenait une copie du programme du Front national et qu’entre la copie et l’original, la France finira par adopter l’original !

Aussi, en 2021, Gérald Darmanin, l’actuel ministre de l’Intérieur abreuvé au sarkozysme, lors d’un face-à-face entre lui et Marine Le Pen, ira jusqu’à dire que “Madame Le Pen, dans sa stratégie de dédiabolisation, en vient quasiment à être dans la mollesse je trouve… Il vous faut prendre des vitamines, je ne vous trouve pas assez dure là”. Une rencontre au cours de laquelle Darmanin a plusieurs fois taxé son adversaire de “molle”, lui reprochant également d’être “approximative” sur les questions ayant trait à l’islamisme radical.

La gauche n’est pas en reste. Sous prétexte qu’il faut rompre avec la culture du laxisme en matière de sécurité qui a toujours été le talon d’Achille de la gauche, Manuel Valls, pour ne citer que lui, alors ministre de l’Intérieur, a multiplié les déclarations politiques aux conséquences lourdes. Il évoque un “apartheid territorial, social et ethnique français” pour désigner des territoires dits perdus de la République. Il propose en tant que chef de gouvernement sous François Hollande, dans un contexte marqué par le terrorisme, l’inscription dans la Constitution de la déchéance de nationalité. Valls dira que la déchéance de nationalité n’est pas “une idée d’extrême-droite”. Ce à quoi Marine Le Pen, alors à la tête du FN, répond que la déchéance de nationalité était un premier effet des 6,8 millions de voix pour le Front national aux élections régionales !

Les trois ressorts en “I” du vote FN/RN

Depuis le surgissement du FN sur la scène politique en 1983-1984, l’examen des ressorts du vote des électeurs de ce parti a constamment fait figurer trois principales motivations : inflation, insécurité et immigration. Néanmoins, le caractère “liquide” des électorats implique aujourd’hui d’opter pour une lecture extensive de ces ressorts, à même d’expliquer la diffusion du vote FN/RN dans toutes les strates de la société. Cela met donc un terme à des examens simplistes qui ont tant réduit le vote pour ce parti à des couches dites de “fachos” peu ou pas diplômés qui peupleraient la France profonde.

La question de l’inflation évoque celle, encore plus globale, du pouvoir d’achat. Or, celle-ci ne se résume pas à la seule capacité des individus à subvenir à leurs besoins et à vivre dignement de leur travail. Elle implique aussi une peur des classes moyennes du déclassement social. Elle concerne, par ailleurs, les interrogations sur l’utilité de l’impôt et l’usage qui en est fait. La question de l’impôt est d’autant plus légitime que les prélèvements obligatoires représentent 46,1% du PIB, plaçant ainsi la France à la tête des pays les plus imposables au sein de l’OCDE. Comble de l’ironie, cette pression fiscale est accompagnée d’une dégradation inégalée des services publics, de l’Éducation nationale à la Police en passant par la Justice et l’Hôpital.

La question du pouvoir d’achat a largement mobilisé les électeurs RN de la “France périphérique” qui justement subissent lourdement les effets de l’accélération de la métropolisation, avec ce qu’elle induit en termes de concentration des richesses et des savoirs dans les métropoles, et du mouvement de périurbanisation. Le mode périurbain est marqué, comme le note Jérôme Fourquet, par, entre autres, une extrême dépendance à la voiture qui a constitué un puissant ressort de l’essor du vote RN dans la “France périphérique” depuis vingt ans. Le prix du gazole, carburant le plus utilisé dans ces territoires, a conduit à la crise des Gilets jaunes en 2018. Il explique aussi la poussée du FN/RN dans ces zones où le pouvoir d’achat est particulièrement sous pression.

Dans le registre mobilisateur politico-électoraliste du FN/RN, la question de l’immigration jouit d’une centralité car elle assure la jonction à la fois avec l’inflation et l’insécurité.

S’agissant de l’insécurité, la progression du vote FN/RN au cours des deux dernières décennies électoralement, constitue une traduction dans les urnes non seulement de l’augmentation de la délinquance, mais aussi de la prolifération d’une violence du quotidien pulsionnelle et débridée et sa diffusion dans de très nombreux territoires. Cette diffusion peut être réelle comme elle peut être symbolique, c’est-à-dire traduisant un sentiment d’insécurité qui va au-delà des seules atteintes aux personnes et aux biens pour englober également les aspects culturels et identitaires.

Parler de sentiment d’insécurité (et non de l’insécurité tout court) n’est pas de nature à altérer la pertinence de ce ressort : d’une part, parce qu’en politique, un sentiment est une réalité et, d’autre part, parce que même dans les territoires où la délinquance est presque inexistante, le vote FN/RN s’inscrit dans une démarche proactive des électeurs qui refusent l’idée qu’un jour leur commune sombre dans la délinquance. Il s’agirait donc, à cet égard, d’une sorte de vote anticipatif.

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Quant à l’immigration, elle est la mère des batailles du FN/RN. Il est même légitime de s’interroger sur la corrélation qui pourrait exister entre la progression électorale récurrente du parti de l’extrême droite depuis vingt ans et l’augmentation des flux migratoires. Dans le registre mobilisateur politico-électoraliste du FN/RN, la question de l’immigration jouit d’une centralité car elle assure la jonction à la fois avec l’inflation et l’insécurité.

Aussi, un des arguments qui trouve écho au sein de l’électorat frontiste évoque la pression que ferait peser l’immigration sur le système de solidarité nationale (logement, santé, allocations notamment). Un autre argument concerne le lien établi par le FN/RN entre l’immigration et l’insécurité. Se référant souvent aux statistiques des ministères de l’Intérieur et de la Justice, la rhétorique frontiste évoque la part d’étrangers dans la population carcérale qui serait de 25% alors qu’ils représentent 7% de la population globale. Cet argument est présenté de manière brute sans considération aucune des biais trompeurs.

Le basculement du peuple historique de France dans une configuration d’hétérogénéité ethnoculturelle opère avec une intensité variable sur le territoire national, mais c’est sans doute sa rapidité qui est assez saisissante. Ravitaillée par une immigration à la fois légale et clandestine soutenue et par une moyenne d’âge des populations de culture arabo-musulmane moins élevée que celle de la population dite de “souche”, la dynamique qui s’est enclenchée depuis deux décennies a déjà bouleversé la physionomie ethnoculturelle et la sociologie électorale de la France. La France Insoumise a bien saisi cette donne et met ainsi l’accent sur la question palestinienne pour mobiliser le vote des quartiers populaires. Reconquête, le micro parti d’Éric Zemmour, l’a également saisie pour en faire son argument phare de “grand remplacement”.

Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle…

La fracture est réelle. Des profondeurs de la France, une et indivisible, libre, égalitaire et fraternelle, semble émerger la chimère de deux peuples brandissant, pour les uns, un drapeau européen et, pour les autres, un drapeau palestinien. Mais quid alors du drapeau français et de ce qu’il dit du peuple historique de France ? Il semblerait qu’ils soient, hélas, abandonnés au seul monopole du RN.

La culture politique française est une culture d’antagonisme régulé. En temps de crise grave, cette culture est ponctuée par l’appel au sauveur. Or, le président de la République qui est censé incarner la volonté populaire et symboliser la France dans son entièreté est comptable de l’instabilité institutionnelle inéluctable qui se profile… Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes !

En “ingénieur du chaos”, Emmanuel Macron, au lieu d’incarner l’homme providentiel qui place l’intérêt suprême de la nation par-dessus tout, a osé même mettre en garde contre le risque d’une “guerre civile” si les Français venaient à se ranger derrière une formation extrême, qu’elle soit de gauche comme de droite ! Or, le Président n’a-t-il pas justifié la dissolution de l’Assemblée nationale par la nécessité (démocratique) de rendre la parole au peuple ? “Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle, s’il n’a l’âme et la lyre et les yeux de Néron…