Le secrétaire d’État espagnol aux Affaires étrangères, Diego Martínez Belío, a reconnu ce mardi 28 mai devant la commission mixte pour l’Union européenne (UE) au Congrès des députés que le Maroc n’avait pas encore résolu certains problèmes techniques invoqués pour pouvoir procéder à la réouverture de la douane commerciale avec Melilia, fermée en 2018, et à l’ouverture de la nouvelle douane commerciale avec Sebta.
Le secrétaire d’État, qui n’a donc pas pu donner de date concrète d’ouverture, répondait à une question formulée par le député du Parti populaire (PP) Gonzalo Robles, qui lui demandait de préciser quand l’ouverture aurait lieu, reprochant au ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, d’avoir donné différentes dates et délais qui n’ont pas été respectés, et de ne pas avoir révélé le calendrier convenu avec Rabat.
“Processus complexe”
“L’ouverture d’une douane est un processus complexe qui doit être nécessairement graduel et progressif et qui se fera de manière ordonnée”, a défendu le secrétaire d’État, qui a rappelé les étapes franchies dans ce sens à la suite de la déclaration conjointe du 7 avril 2022 après la rencontre entre le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, et le roi Mohammed VI.
“Tout est déjà prêt à l’exception de quelques ajustements techniques sur lesquels le côté marocain progresse”
“En 2023, les essais pilotes pour le passage des marchandises ont été réalisés avec succès et tout est déjà prêt à l’exception de quelques ajustements techniques sur lesquels le côté marocain progresse”, a-t-il précisé, confirmant ainsi ce qui a été rapporté d’abord par Albares puis par Sánchez lors de leurs visites respectives à Rabat en décembre et février dernier, indiquant qu’il ne reste plus aucune question à résoudre du côté espagnol.
“L’ouverture des douanes de Ceuta et Melilla n’est pas un sujet mineur”, a répliqué le député Robles, soulignant qu’il s’agit de la “qualité de vie” des habitants des deux villes et non d’une question technique. “Peut-être que ce qui serait plus rassurant pour tous serait de connaître ce calendrier, d’arrêter de donner des dates et de mettre clairement sur la table un objectif et un horizon concrets”, a-t-il défendu.
Coopération renforcée
Le secrétaire d’État a assuré au député PP que “l’engagement du gouvernement envers Ceuta et Melilla, pour leur stabilité et pour leur prospérité, est hors de tout doute”. Preuve en est, a-t-il dit, que Sánchez est le président “qui a le plus visité ces villes par rapport à ses prédécesseurs”. “Je crois que nos concitoyens de Ceuta et Melilla sont ceux qui bénéficient le plus de l’état actuel des relations avec le Maroc”, a-t-il souligné, assurant que “ces relations sont à leur meilleur moment depuis des décennies”.
La coopération hispano-marocaine a permis, selon lui, de “réduire les entrées irrégulières et démanteler des réseaux djihadistes au profit des deux villes”. À cet égard, il a évoqué “la nette diminution des entrées irrégulières à travers les frontières de Ceuta et Melilla, de 72 % en 2023 par rapport à 2022, passant de 1344 cas à 372, grâce à la coopération avec le Maroc”.
En ce qui concerne les douanes, il a réitéré que “les derniers ajustements techniques sont en cours” et lorsque celles-ci ouvriront, “ce sera une autre étape qui profitera aux deux villes” autonomes.
Malgré quelques essais pilotes à Melilia, aucune réouverture complète n’a été réalisée. En février dernier, un an après la réunion de haut niveau entre le Maroc et l’Espagne, le président de la Confédération des entrepreneurs de Melilia (CEME), Enrique Alcoba, avait souligné l’importance de garder espoir tant que la feuille de route et les négociations entre les deux pays se poursuivent, bien que cet espoir diminue progressivement. “Nous ne perdrons espoir que si le Maroc annonce qu’il ne rouvrira pas la frontière commerciale”, avait-il déclaré à la presse.
En 2022, l’ancien directeur général des Douanes (ADII), Nabyl Lakhdar, avait évoqué dans une interview accordée à TelQuel les freins à l’opérationnalisation de nouvelles douanes commerciales dans les deux enclaves espagnoles : “Pour entamer des opérations commerciales, il faut construire des infrastructures. Actuellement, même les conditions géographiques ne le permettent pas. (…) Les passages de Sebta et de Melilia ne sont que des petits couloirs”, relevait-il. Or, “le contrôle douanier nécessite beaucoup plus que cela. Il nous faut plusieurs dizaines d’hectares pour y construire des aires de visite, de contrôle, etc.”