Il se donne toutes les apparences de la légalité : vidéos de promotion, contrats de sponsoring et même publicités. Pourtant, il viole continuellement la loi. Entré par effraction sur le marché marocain, l’opérateur de paris en ligne 1XBET s’y est fait une place au soleil. Le royaume est même devenu l’un de ses terreaux les plus fertiles puisque notre pays constitue l’un des marchés au potentiel le plus prometteur pour la firme, derrière des pays comme le Brésil et l’Argentine.
Le succès de 1XBET a donné des idées à d’autres “génies” du crime qui ambitionnent également de s’implanter au Maroc. C’est le cas de l’entreprise CWinz. Pilotée par un citoyen suédois, elle n’a pourtant pas les moyens de 1XBET, qui fait presque office de référence et d’acteur incontournable du marché.
Mais CWinz, et le groupe Multiverse qui le contrôle, ont bien compris les failles du Royaume. Suivant l’exemple de 1XBET, ce nouvel opérateur s’est donné les apparences de la légalité. Des vidéos sur YouTube s’adressent déjà aux Marocains et leur indiquent comment “investir” (sic) sur la plateforme. CWinz propose aussi des solutions de paiement marocaines qui renforcent davantage sa fausse apparence de légalité.
L’entreprise se paie même le luxe de publier des offres d’emploi destinées aux Marocains. Elle va jusqu’à affirmer qu’elle obtiendra une licence d’ici la fin de l’année 2024 pour pouvoir légalement exercer son activité sur le territoire national, confirmant ainsi son caractère illégal.
Surtout, CWinz a bien compris que les autorités mettent du temps à réagir. Preuve en est, 1XBET continue d’opérer dans notre pays au vu et au su de tous puisqu’elle est le sponsor officiel de l’un des plus grands clubs de football du pays : le Raja de Casablanca. Le virus s’est étendu au basket où l’opérateur illégal sponsorise l’AS Salé et a imposé son image dans les panneaux publicitaires de certains courts de notre Division d’excellence locale. Les ministères de l’Intérieur et de la Justice ont certes entamé des démarches auprès de la justice. Mais elles restent insuffisantes.
Des mesures coercitives existent pourtant pour entraver au maximum la percée de ces nouveaux opérateurs illégaux. Le blocage de l’accès à leurs sites aux adresses IP marocaines pourrait être l’une d’entre elles. Le Maroc en est capable puisque deux sites miroirs de 1XBET sont déjà inaccessibles depuis notre pays.
Les banques de la place ont également leur rôle à jouer dans la lutte contre le pari illégal. Conscientes du caractère illicite d’opérateurs comme 1XBET ou Cwinz, elles n’ont rien fait pour retirer leurs solutions de paiement de leurs sites. A une exception : l’accès à certaines d’entre elles est désormais conditionné par l’introduction de données personnelles sur un site qui n’est pas sous le coup de la loi 09-08.
Les dangers de ces opérateurs illégaux de paris sont connus. En Tunisie, leur prolifération a sévèrement plombé les revenus de Promosport, l’équivalent local de la MDJS, dont les revenus ont été presque divisés par 10 en l’espace de sept ans. Au pays du jasmin, comme au Maroc, l’opérateur étatique fait la promotion et investit dans le sport.
Dans les pays européens, le pari est aujourd’hui un fléau pour les citoyens. Au Royaume-Uni, où il s’est généralisé, le pari a détruit des vies, des familles, des carrières et bien plus encore. En France, où le pari commence à s’inscrire davantage dans les mœurs, ses premiers ravages se font sentir. Ailleurs, le pari illégal finance le crime organisé à travers le trucage de rencontres sportives. Le Maroc en est conscient, mais un tour de vis est nécessaire pour éviter le pire.