Les routiers marocains en Espagne et Brahim Diaz

Par Réda Allali

Zakaria Boualem vous souhaite un ramadan des plus joyeux, un mois plein de félicité et d’harmonie, et ces vœux viennent du fond du cœur. Il va même faire mieux, le bougre : vous proposer une pleine page de divertissantes nouvelles pour vous aider à égayer une de vos premières journées de jeûne. Oui, le Guercifi considère qu’il est de sa responsabilité de vous soulager en ces temps difficiles.

Car, si vous êtes un Marocain comme les autres, il est fort possible que votre pouvoir d’achat soit dans un triste état, le pauvre, attaqué par on ne sait trop quel démon qui s’acharne, semaine après semaine, à enfoncer dans les ténèbres de l’insécurité financière tous les Boualem du pays. Ils pourront toujours, s’ils le souhaitent, se reconvertir dans le transport routier puisque  - c’est officiel – l’Espagne a annoncé avoir besoin de 26 000 chauffeurs marocains. Ils sont tellement pressés de voir nos héros du volant débarquer chez eux qu’ils ont même annulé toutes les procédures d’homologation de permis.

“La transformation des stations-services ibériques en chouayate géantes, avec la fumée et le bonheur qui va avec, constitue plutôt une bonne nouvelle aux yeux du Boualem”

Réda Allali

Avec un tel déferlement, il faut s’attendre à de nombreux changements dans le panorama routier espagnol, comme par exemple la transformation des stations-services en chouayate géantes, avec la fumée et le bonheur qui va avec, ce qui constitue plutôt une bonne nouvelle aux yeux du Boualem qui, vous le savez, entretient pour ce type d’alimentation un penchant coupable.

Mais ce n’est pas tout. Il y a également tout un contingent d’imams et de morchidate – un terme que le Guercifi découvre  - qui vont rejoindre l’Espagne à l’occasion du mois sucré. C’est magnifique de se sentir un peu indispensable aux yeux des voisins, n’est-ce pas ? Mais il faut préciser que le flux humain fonctionne dans les deux sens, puisque nous avons, de notre côté, récupéré chez eux un milieu de terrain de fort bonne facture du nom de Brahim Abdelkader Díaz. Ce jeune joueur, donc, échangé contre 26 000 routiers et une poignée d’imams, est censé donner à notre jeu offensif un peu de panache, il en a bien besoin le pauvre après une CAN aussi foireuse.

“Brahim Abdelkader Diaz, 
échangé contre 26 000 routiers et une poignée d’imams, est censé donner à notre jeu offensif un peu de panache, 
il en a bien besoin le pauvre après une CAN aussi foireuse”

Réda Allali

Brahim Díaz a rejoint notre équipe après moult hésitations, tergiversations et autres tractations dont on ignore le détail, car nous le pistons depuis de longues années. Ce qui est clair, c’est qu’il s’agit bien d’une sorte de prise de guerre (footballistique, restons correct) : il suffit de voir la photo qui annonce son choix pour s’en convaincre. Passons rapidement sur le fait que nos responsables s’étaient engagés à cesser les danses du ventre pour séduire les binationaux.

En vérité, la digue du principe est parfois brisée par la vague du talent. Ce n’est pas le plus important, du moins aux yeux de notre Guercifi grognon. Ce qui le chagrine, c’est qu’on est à la recherche d’un sauveur alors qu’on laisse notre Botola dépérir sous nos yeux, détruite par le nomadisme des équipes phares, attaquée par la suspicion, malmenée par la programmation et le mépris de ceux qui sont censés la promouvoir. C’est bien triste, quand on sait ce que cette compétition représente pour le Boualem.

Mais il faut revenir aux bonnes nouvelles, car tel était le programme de base. En voici donc une : le Maroc a reçu le prix du “Meilleur pays pittoresque du monde” lors d’un événement organisé, il y a quelques semaines à New Delhi, par le magazine de voyage indien Travel Jingles. Voilà. Si vous trouvez que c’est un peu faiblard comme info, ou plutôt flou comme prix, sachez que c’est tout ce que le Boualem a pu trouver, à une heure aussi avancée de la journée et avec aussi peu de calories dans son organisme desséché. C’est donc tout pour la semaine, et merci.