Rajaa Cherkaoui El Moursli est l’une de ces têtes chercheuses grâce auxquelles la renommée du Maroc s’écrit au féminin. En janvier 2024, la spécialiste en physique nucléaire figurait dans le prestigieux classement Forbes “50 over 50” pour la région Afrique et Moyen-Orient.
Quelques mois plus tôt, la chercheuse remportait le prix d’excellence Women in Nuclear, décerné chaque année à une scientifique dont la carrière constitue un modèle à suivre pour les jeunes générations.
Pionnière dans son domaine, Rajaa Cherkaoui El Moursli est une nouvelle preuve que les Marocaines contribuent très largement à la renommée du pays. Focus sur ces femmes qui contribuent à faire bouger les lignes dans une société en mutation.
Premières de cordée
Les Lionnes de l’Atlas se sont révélées aux yeux du monde. Alors que l’équipe nationale féminine végétait depuis plusieurs années, sa flamme a été ravivée en 2022 grâce à une Coupe d’Afrique des nations à domicile à l’issue de laquelle elles se sont hissées en finale.
Un succès qui s’est également traduit par une qualification pour leur première Coupe du Monde. En Australie, les Lionnes de l’Atlas étaient l’une des révélations du Mondial 2023 où elles ont atteint les 1/8es de finale.
Désormais, elles ne sont qu’à deux victoires d’une qualification aux Jeux olympiques de Paris qui auront lieu en juillet prochain. Des exploits qui ont fait naître des vocations auprès des plus jeunes Marocaines.
“Elles ne ménagent pas leurs efforts pour représenter au mieux le Maroc. On est fier d’elles. Elles feront aussi bien que les hommes”, témoignait une collégienne au micro de l’AFP, entre deux séances d’entraînement.
Car c’est toute l’ambition, complètement assumée, d’une nouvelle génération de femmes qui n’entendent plus rester marginales dans leurs domaines respectifs : “Faire aussi bien que les hommes”, pour ne plus être considérées comme des exceptions.
Car certaines sont parvenues à décrocher les étoiles. Ou plutôt l’Étoile d’or marocaine au Festival international du film de Marrakech qui a récompensé la jeune réalisatrice, Asmae El Moudir et son long-métrage La Mère de tous les mensonges en fin d’année dernière.
Quelques mois plus tôt, Bouchra Baibanou atteignait un nouveau sommet. En mai dernier, l’alpiniste devenait la première femme nord-africaine à atteindre le sommet du Mont Lhoste, situé entre la Chine et le Népal, qui culmine à 8560 mètres d’altitude.
À travers ces exploits en haute montagne, Bouchra Baibanou entend également transmettre un message d’ambition aux jeunes filles à travers le projet “Empowerment of girls” : “Les filles affrontent des obstacles et des stéréotypes pour choisir leur vocation et trouver l’emploi de leur rêve. Nous avons lancé ce projet afin d’aider à changer les mentalités, participer au changement et pour contribuer à l’autonomisation des filles, leur pouvoir d’agir et leur confiance en elles”, déclarait-elle à l’occasion du lancement du projet en novembre dernier.
Des progrès, mais…
D’année en année, les femmes marocaines sont de plus en plus nombreuses à investir le secteur de l’entrepreneuriat et à se trouver à la tête de postes à haute responsabilité. Pour Forbes Middle East, Salwa Akhannouch (AKSAL Group) et Miriem Bensalah Chaqroun (Holmarcom) sont respectivement les 17e et 19e femmes d’affaires les plus influentes de la région.
Si les exploits individuels sont nombreux, les changements collectifs et structurels suivent un cours plus lent, et dépendent également des avancées réalisées sur les plans social et juridique
Selon une étude réalisée par l’Observatoire de la très petite, petite et moyenne entreprise en 2022, 16,2% des entreprises marocaines sont dirigées par des femmes. Un chiffre qui témoigne d’un certain progrès depuis le début des années 2000, mais qui demeure relativement faible. Car si les exploits individuels sont nombreux, les changements collectifs et structurels suivent un cours plus lent, et dépendent également des avancées réalisées sur les plans social et juridique.
C’est là tout le sens de la réforme du Code de la famille, amorcée par le discours du trône de juillet 2021. Dans sa philosophie, la réforme devrait consacrer un cadre d’égalité hommes – femmes qui, une fois adopté, permettra entre autres l’octroi de meilleures opportunités socio-économiques aux femmes marocaines.
Lors d’une rencontre organisée par la CGEM et la Société Financière Internationale le 2 mars, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des compétences, Younes Sekkouri, a souligné “la nécessité de renforcer l’emploi des femmes dans le secteur privé”, en insistant notamment sur la “représentation des femmes dans les comités de direction et dans les conseils d’administration”.
À l’issue des élections de 2021, les femmes représentaient pour la toute première fois 28% de la composition du gouvernement, qui plus est dotées de portefeuilles stratégiques
Un constat similaire peut être dressé dans le secteur public. À l’issue des élections de 2021, les femmes représentaient pour la toute première fois 28% de la composition du gouvernement, qui plus est dotées de portefeuilles stratégiques, à l’instar de Nadia Fettah Alaoui aux Finances, ou encore de Leïla Benali à tête du ministère de la Transition énergétique.
A cela s’ajoute l’élection de trois femmes, Nabila Rmili, Fatima Ezzahra El Mansouri et Asmaa Rhlalou (dont la démission a été actée le 28 février) en tant que maires de trois métropoles stratégiques du pays : Casablanca, Marrakech et Rabat.
Plus récemment, Samira Sitaïl, ancienne directrice de l’information de 2M, a été nommée ambassadrice du Maroc en France. Une affectation qui rappelle le rôle clé qu’ont joué les femmes diplomates dans le renforcement des liens entre le royaume et ses partenaires, à l’instar de Karima Benyaich, ambassadrice du Maroc en Espagne.
Néanmoins, au parlement, seuls 24% des élus sont des femmes : une présence féminine garantie grâce à l’adoption d’une politique des quotas au niveau des listes régionales, mais qui interroge sur la confiance qu’accordent les partis politiques aux cadres et militantes de leurs formations.