Véhicules électriques : en attendant l’électrochoc

Selon l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam), les ventes de véhicules à motorisation électrique, contrairement aux années précédentes, ont connu une croissance de 25,28% en 2023 par rapport à 2022, atteignant un total de 7165 unités. Tour d’horizon d’un secteur en construction.

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Audi Q8 e-tron Crédit: DR

C’est un bon début. En 2023, les ventes de véhicules électrifiés ont bondi de 25,28%, pour un total de 7165 unités toutes catégories confondues, incluant les modèles électriques, hybrides et hybrides rechargeables. Cependant, ces ventes ne représentent que 4,5% de la part totale du marché, qui a terminé l’année à 161.504 véhicules. À titre de comparaison, en Europe, les véhicules électriques et hybrides atteignent 40% des ventes.

La majorité des ventes est dominée par trois acteurs notamment, Dacia, Citroën et BYD

Au Maroc donc, l’électrique ne suscite pas un vif intérêt du grand public, a seulement enregistré un total de 463 unités vendues. La majorité des ventes est dominée par trois acteurs notamment, Dacia (146 unités), Citroën (84 unités) et BYD (38 unités).

Le reste des ventes est partagé entre des marques premium telles qu’Audi, qui a récemment introduit ses modèles Q8 e-tron et Q8 e-tron Sportback entièrement électriques, et Mercedes, qui a lancé une gamme complète de 6 véhicules électriques il y a deux mois, ainsi que KIA avec son EV6.

L’hybride rechargeable suscite un intérêt croissant parmi les clients des marques de luxe

L’hybride rechargeable suscite un intérêt croissant parmi les clients des marques de luxe, atteignant 561 unités en 2023 par rapport à 380 unités en 2021. Cet axe est dominé par Porsche avec ses 130 unités, Land Rover (112 unités) et Mercedes Benz (104 unités).

Quant au Full hybride, c’est lui qui, pour l’heure, a le plus d’aura auprès de la clientèle marocaine. Il est dominé par le constructeur Toyota (3470 unités) ; suivi par Hyundai (1319 unités) et à la 3e place Renault (367 unités). L’hybride a totalisé près de 6141 unités vendues en 2023. Notons que le marché automobile marocain comprend 24 marques et 82 modèles NEV (New energy véhicules) contre 18 marques et 71 modèles en 2022.

VE : le Maroc, un futur Hub régional

Selon les conclusions d’une étude menée par la fédération de l’énergie, “le coût d’un véhicule électrique (incluant le coût de la batterie) reste toujours imposant pour le consommateur, à cause de sa batterie pénalisante et l’installation d’une infrastructure de recharge, puisque plus de 80% des usagers rechargent leurs véhicules à domicile”.

Et de poursuivre : “Cependant, en incluant des mesures d’aide et des incitations de l’Etat, le véhicule électrique verra son coût baisser systématiquement et deviendra plus intéressant qu’un véhicule thermique. À noter que dans le futur, et suite aux normes environnementales, les véhicules thermiques deviendront de plus en plus chers afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et particules fines.”

Pour le président de l’Iresen, Samir Rachidi, les ambitions du Maroc dans le secteur de l’électromobilité sont réelles même si les choses avancent lentement : “Le Maroc, dans le cadre de sa stratégie de décarbonation du secteur du transport, prévoit de créer une véritable industrie de véhicules électriques compétitifs. La proximité avec l’Europe (avec laquelle le Maroc a un accord de libre-échange, ndlr.) et l’entrée en vigueur de la future taxe carbone début 2026 poussent les investisseurs à se tourner vers d’autres marchés comme celui du Maroc. Une batterie fabriquée en Inde ou en Chine par exemple coûtera plus cher à l’entrée sur le marché européen qu’une batterie fabriquée à presque 10 km des frontières”.

Et d’ajouter : “À l’aune de la Zlecaf, le Maroc pourrait également exporter ces véhicules électriques en direction du marché africain, ce qui permettrait de renfoncer la balance commerciale et la compétitivité économique de notre pays”.

Et selon le CESE, dans une étude sur la croissance verte publiée en 2022, “en 2018, la production mondiale de batteries lithium-ion était de 160 GWh dont 106 GWh pour le secteur automobile. Cette production devrait représenter 500 GWh en 2025 et 1200 GWh en 2030, dont 1020 GWh pour le secteur automobile. Uniquement sur le véhicule électrique, le marché mondial est estimé à 45 milliards d’euros en 2027, dont 20 à 30% sera capté par l’Europe. En tant que 10e producteur mondial de cobalt, le Maroc a des atouts non négligeables pour développer la filière de production de batteries”.

De son côté, Adil Bennani, bien que confiant sur le potentiel du Maroc dans le développement d’un véritable marché de l’électrique, a insisté sur les actions urgentes a mener : “La création d’un climat d’incentive est un passage obligatoire pour sensibiliser”. Et d’ajouter : “À titre d’exemple, une prime au renouvellement de véhicule électrique, la mise en place d’une fiscalité verte…”.