Il ne faut pas laisser le train passer”. L’ancien président du cluster H2, Yassine Zai, se veut sans équivoque. Désormais consultant dans le domaine de l’énergie, l’ancien responsable estime que l’avenir du développement de cette industrie se joue maintenant. Et ce, même si l’hydrogène reste une énergie du futur.
“La généralisation de l’utilisation de l’hydrogène ce n’est pas pour demain. Il faut au moins se projeter dans une dizaine d’années. Le “buzz” autour de l’hydrogène c’est surtout une réponse occidentale au développement accéléré par la Chine de la batterie”.
En somme, si l’hydrogène est l’énergie de demain, son avenir se joue bel et bien aujourd’hui. Et une partie de son histoire pourrait bien s’écrire à Dakhla. “Sur le papier, Dakhla est l’une des meilleures destinations pour devenir une plateforme de production d’hydrogène vert (hydrogène produit à travers des énergies renouvelables, ndlr) car la région respecte les trois conditions nécessaires au développement d’une industrie qui serait rentable”, estime Yassine Zai.
D’abord, elle dispose des conditions météorologiques favorables, avec ce vent apprécié des kitesurfeurs qui l’est aussi des éoliennes. Ensuite, sa façade maritime et le méga-projet de port la dispensent de pipeline et de transport en camion, ce qui réduit les coûts.
Ambition en milliards
Le nouveau port de Dakhla Atlantique pourrait donc être un “game changer” dans la stratégie hydrogène de la région. A condition toutefois de se doter des moyens pour le faire. La bonne nouvelle est que Dakhla attire les entreprises.
En 2022, le PDG de l’entreprise néerlandaise Proton Ventures, Hans Vrijenhoef, a estimé que Dakhla est “l’un des meilleurs endroits pour produire de l’énergie”
Et nombreuses sont celles à avoir fait part de leur intérêt pour la région. En 2022, le PDG de l’entreprise néerlandaise Proton Ventures, spécialisée dans la construction d’infrastructures pour la production d’hydrogène vert et son stockage, avait fait part de l’intérêt de son entreprise pour Dakhla, quelques semaines seulement avant une tournée effectuée au Maroc. Hans Vrijenhoef a estimé que Dakhla est “l’un des meilleurs endroits pour produire de l’énergie”.
Et il est loin d’être le seul. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil aux annexes du Projet de Loi de Finances 2024 pour s’en rendre compte. Dans le rapport sur le foncier public destiné à l’investissement, on remarque que 99,3% du foncier de l’Etat dans la région est destiné à des investissements dans le secteur de l’énergie.
Dans le détail, le département de Nadia Fettah affirme que la région “permettra l’établissement d’une industrie nationale basée sur l’hydrogène vert”.
Mais qui viendrait soutenir la naissance d’une industrie bourgeonnante ? Le document évoque un investissement du groupe émirati Taqa qui envisage la construction d’une centrale de production d’hydrogène vert qui serait accompagnée d’un parc éolien de 300 MW.
Les entreprises DahamCo, Falcon et PowerSur prévoient également la construction de centrales produisant de l’hydrogène vert. Au total, les investissements dépasseraient plus de 100 milliards de dirhams.
Dakhla va-t-elle toucher le jackpot ? “Ces chiffres ne répercutent que les annonces de ces entreprises. Cela ne veut pas dire que des plans ont été réalisés ou que la construction a été actée. On ne sait rien non plus de l’échelonnement de ces investissements. Un investissement de 100 milliards de dirhams sur une période de 5 ans, ce n’est pas la même chose que sur une période de 20 ans”, tempère Yassine Zai. Malgré ces questionnements, la destination demeure idéale et tout est fait pour faire de Dakhla un hub mondial de l’hydrogène vert.
Falcon Capital lève le voile
Annoncée dans la Loi de Finances comme potentiel investisseur dans la région de Dakhla, l’entreprise marocaine a rendu officielle sa volonté de construire une centrale à hydrogène vert à Dakhla.
Fondée par l’entrepreneur Majid Slimani, l’entreprise prévoit un grand complexe solaire et vise à atteindre une capacité de 10 GW en énergie éolienne, 7 GW en énergie photovoltaïque et 8 GW en électrolyseurs.
Pour la première phase de ce chantier, un investissement de près de 20 milliards de dirhams devrait être consenti. Pour ce chantier, Falcon Capital va collaborer avec HDF Energy par l’intermédiaire de Damien Havard, ancien PDG de Hydrogène France.