Synergie, complémentarité, repositionnement, voire naissance d’une joint-venture entre deux royaumes, tant de qualificatifs qui renseignent sur l’ampleur de l’accord conclu le 4 décembre entre le roi Mohammed VI et Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane (MBZ), président de l’Etat des Emirats arabes unis, à Abu Dhabi.
Un deal qui tend, selon la déclaration commune publiée à la suite de la cérémonie, “vers un partenariat novateur, renouvelé et enraciné entre le Royaume du Maroc et l’État des Émirats arabes unis”.
Cet accord a des allures de Plan Marshall, tant les secteurs couverts ratissent large : infrastructures, eau, énergies renouvelables, fertilisants, projets socioéconomiques, marine marchande, marché de capitaux, tourisme…
Selon nos informations, les équipes de plusieurs ministères et autres structures publiques étaient sur le pont à Abu Dhabi depuis près de 10 jours avant la cérémonie officielle. L’objectif, selon les deux parties, est de “donner une impulsion forte et renouvelée au partenariat, au développement économique et à l’investissement entre les deux pays”, ou encore “d’activer une coopération pragmatique et concrète par le biais de projets structurants répondant aux intérêts des deux parties”.
Une relation historique
Le choix de Rabat d’accorder cette place de choix à Abu Dhabi s’inscrit dans la continuité des relations qu’entretiennent les deux pays depuis leur indépendance. “Il y a une profondeur des relations historiques et politiques entre les deux familles régnantes qui expliquent pourquoi il y a cette confiance mutuelle et cette volonté d’aller vers un partenariat stratégique aussi élevé, et on a vu que tout a été signé en présence des deux chefs d’État, ce qui démontre la vision de long terme des deux dirigeants”, rappelle Mohamed Badine El Yattioui, professeur d’études stratégiques au Collège de défense nationale des Émirats arabes unis à Abu Dhabi.
Cette relation a déjà donné lieu à des investissements émiratis de taille sur le marché marocain, comme le souligne Ali Moutaïb, directeur du campus de Rabat de l’Ecole de guerre économique : “Il y a toujours eu un niveau élevé de coopération qui a donné lieu à des investissements depuis longtemps, comme par exemple Maroc Telecom et Moubadala. En comparaison, le Qatar a beaucoup moins investi et l’Arabie Saoudite quasiment pas. Il existe bien des liens personnels avec Riyad, mais ils se concrétisent peu économiquement”.
Et Riyad et Doha dans tout ça ? Lire la suite du dossier.