Ce qui était au début un simple intérêt pour la technologie sous-jacente de la cryptomonnaie s’est transformé au bout du compte en opportunité d’affaires. C’est ainsi que Badr Bellaj, lauréat de l’Institut national des postes et télécommunications (INPT) en 2009, décrit en quelques mots une carrière de quatorze ans dans un domaine très ésotérique et à fort potentiel.
Le spécialiste de la blockchain, cofondateur et directeur technique de Mchain a pris part l’année dernière aux consultations techniques relatives à l’euro numérique au sein de la Banque centrale européenne. Il compte également parmi ses clients des banques prestigieuses telles que Barclays. L’aboutissement d’un long chemin, qui a commencé lorsqu’il a découvert le bitcoin en 2011, deux ans après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur.
Tout le potentiel de la blockchain
“Lors d’une visite à Londres en 2012, j’ai constaté que les clients, surtout les banques, avaient à la fois un grand intérêt pour la blockchain, tout en ayant des inquiétudes, et qu’il n’existait pas d’offre de service adaptée à leurs besoins”
Spécialiste en sécurité et systèmes distribués, il a très vite compris tout le potentiel, et surtout la technologie derrière, cette monnaie digitale. “Grâce à mon background technologique, j’ai compris l’ingénuité de cette solution. Lors d’une visite à Londres en 2012, j’ai constaté que les clients, surtout les banques, avaient à la fois un grand intérêt pour la blockchain, tout en ayant des inquiétudes, et qu’il n’existait pas d’offre de service adaptée à leurs besoins”, nous explique-t-il.
Malgré un engouement déjà palpable, la blockchain n’est alors pas étudiée au sein des écoles d’ingénieurs. Les codeurs la découvrent par eux-mêmes, en profitant du caractère open source des projets de cryptomonnaies. Même aujourd’hui, les grandes entreprises rencontrent des difficultés à recruter des spécialistes.
Pour Badr Bellaj, “c’est plutôt une opportunité”. “Moi-même, j’ai été contacté par des clients, car ils ont repéré mon travail sur les codes du bitcoin et de l’Ethereum”, précise-t-il. Précisons que Badr Bellaj fait partie des contributeurs à plusieurs projets liés aux cryptomonnaies et à la blockchain. Il a reçu la médaille du contributeur, décernée par la fondation Hyperledger, qui gère une blockchain dédiée aux entreprises, et figure parmi les dix meilleurs contributeurs sur le stackExchange d’Ethereum.
Le Maroc en ligne de mire
C’est ainsi que Badr Bellaj a créé sa propre entreprise, Mchain. Aussi, après avoir co-édité un livre sur la blockchain en 2017, “pour permettre aux développeurs de monter en expertise”, Badr Bellaj s’est tourné vers le monde de la recherche via l’Institut polytechnique de Paris et celui de l’INPT. “Un choix dicté par les contingences du marché et par l’aspect innovant de la technologie”, précise-t-il.
“On n’est pas obligé de s’expatrier pour faire des affaires”
Si la cryptomonnaie a été interdite au Maroc, cela n’a pas affecté Mchain. Son terrain de jeu est outre-mer, là où la blockchain fleurit. Badr Bellaj annonce tout de même qu’il se prépare à lancer Azakan Network, du nom d’une région près de Safi. Son ambition : lancer une blockchain marocaine, “pour permettre aux opérateurs nationaux de se greffer dessus et aussi d’amorcer une action plus globale vers l’Afrique”.
Si ses intérêts commerciaux se situent majoritairement à l’étranger, le Maroc demeure donc dans la ligne de mire de Mchain. Bellaj a préfère d’ailleurs partager son temps entre Safi, sa ville natale, et Rabat, car “on n’est pas obligé de s’expatrier pour faire des affaires”.
Pour en savoir plus :
Le profil Linkedin de Badr Bellaj