C’est grave, les amis. Zakaria Boualem a l’impression de vivre dans une sinistre fiction, où le pire est l’option la plus probable. Cette période infernale est porteuse d’une telle charge d’angoisse que nous sommes tous mentalement en grand danger, telle est la triste réalité. Nous sommes pourtant, objectivement, glorieux. Avec une Coupe du Monde prévue dans un peu plus de six ans chez nous et un statut de demi-finaliste en cours, nous devrions baigner dans la félicité, mais, allez savoir pourquoi, c’est hélas insuffisant pour masquer le triste état de notre monde.
« Soudain, le Boualem découvre qu’on pourrait bien exploser avant même de griller. Depuis des années qu’il grommelle, il n’a jamais vraiment pensé qu’une guerre mondiale était possible, jusqu’à cet affreux conflit… »
Depuis que nous avons battu le Portugal, l’ambiance générale a beaucoup changé. Il y a eu tout d’abord un été tellement chaud que même les plus sceptiques ont fini par comprendre que notre brave planète était en train de griller, ce n’est pas rien. Jusqu’ici, les émois écolos laissaient notre héros indifférent, il n’avait pas assez d’humanité en lui pour se projeter aussi loin. Et voilà qu’après un été à suer comme un veau, il a compris que la grande fournaise allait se pointer plus vite que prévu. Et puis, soudain, il découvre qu’on pourrait bien exploser avant même de griller, tous, c’est épouvantable. Oui, depuis des années qu’il grommelle sur sa page, le Boualem n’a jamais vraiment pensé qu’une guerre mondiale était possible, jusqu’à cet affreux conflit qui menace absolument tout le monde.
On peut essayer de comprendre ensemble pourquoi cette guerre en particulier obsède les gens, à commencer par le Boualem, ironiser sur le fait que des conflits bien plus sanglants n’ont jamais passionné l’opinion mondiale, oui, on pourrait se lancer dans ce genre de considération. Analyser pourquoi cette combinaison de conflit colonial, un peu religieux, avec un goût d’impérialisme hypocrite et de mauvaise foi occidentale, scotche les internautes du monde entier sur leur téléphone. Mais ce n’est pas le sujet, il nous suffit de dire à quel point la masse de ressentiment accumulée ces dernières semaines peut nous faire basculer vers une immense catastrophe.
Et voilà que, alors que le monde a besoin de sagesse et de leader inspirés, l’Argentine vient d’élire une sorte de clown à sa tête. Un héros capillaire, encore un, dont on se demande s’il ne s’est pas échappé d’un nouvel épisode d’Austin Powers. Arrivé dans le sillage de l’agent orange qui a régné sur les Etats-Unis ou de “bourass” le Britannique, il apporte une nouvelle dose d’instabilité déguisée en plaisanterie dans un paysage de plus en plus inquiétant. Les bougres en ciel et blanc sont pourtant champions du monde, on se demande ce qui leur a pris de jeter leur dévolu sur un pareil zozo, un type qui s’amuse à jouer avec une tronçonneuse pour illustrer sa passion de la coupe budgétaire.
Pendant ce temps, alors que tout part en cacahuètes, la France est toujours absorbée dans sa traque acharnée aux antisémites, voilà son obsession. Et, comme si cela ne suffisait pas à nous coller la trouille, voilà qu’on nous annonce, en toute décontraction, la possibilité d’une série d’éruptions volcaniques un peu partout, en Islande, en Papouasie, en Russie, au Japon, en Sicile, on dirait presque une blague…
Il ne manque, vous l’aurez noté, qu’une pluie de grenouilles ou une invasion de dragons de Komodo pour compléter le tableau, puisque nous avons déjà eu droit au tremblement de terre, il ne faut pas l’oublier. Devant cette masse absurde de nouvelles horribles, le Boualem est désemparé, il n’est bien entendu d’aucun recours. Il vous salue, et vous laisse gérer ces catastrophes comme vous pouvez, et merci.