Le DG de Maroc Data Center Abderrahmane Mounir détaille la stratégie de développement du fonds d’investissement Helios dans le cloud

Dans une interview accordée à TelQuel, Abderrahmane Mounir, DG de Orunix Digital et Maroc Data Center, révèle les détails de la stratégie de développement du groupe. Adossé au fonds international Helios Investment partners, le groupe s’apprête à lancer une extension de son Data Center à Témara en 2024 et déployer de nouveaux centres de données dans la région de Casablanca.

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Abderrahmane Mounir. Crédit: DR

TelQuel : Après l’annonce de la prise de participation majoritaire dans Maroc Data Center en 2022, quelle est votre feuille de développement au Maroc grâce au soutien du fonds international Helios Investment Partners ?

Abderrahmane Mounir : Après l’acquisition de Maroc Data Center (MDC), nous avons lancé un projet de développement de la plateforme Orunix digital destinée à construire et exploiter des infrastructures numériques de type Data Centers pour répondre au potentiel du marché du cloud computing hyperscale au Maroc et sur le continent africain.

Notre objectif en 2024 est d’étendre la capacité de notre Data Center de Témara, qui est certifié Tier III, en la portant graduellement à 6 mégawatts (MW).

Parallèlement, nous avons finalisé les études et la sélection d’un site pour la construction de notre second Data Center d’une capacité de 20 MW dans la région de Casablanca pour répondre aux besoins du marché local et aussi accompagner les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft) hyperscalers pour s’installer au Maroc. Les coûts de construction de data center dépassent les 100 millions de dirhams par MW.

Comment évaluez-vous la dynamique des data centers et du cloud au Maroc et en Afrique ?

Avant de faire l’état des lieux au Maroc et en Afrique, il est important de souligner un constat que le cloud est un levier et moteur de croissance économique. Le terme cloud a une définition et une portée très large, mais pour simplifier sa définition, il suffit de se référer au National Institute of Standards and Technology (NIST) qui le définit comme étant un modèle permettant l’accès à tout moment à des ressources informatiques configurables qui peuvent être rapidement provisionnées et libérées avec un minimum d’effort de gestion ou d’interaction avec le fournisseur de services. Ce modèle se décline sous forme de Cloud privé, public ou hybride.

Pour répondre à votre question, aujourd’hui, le marché marocain compte une capacité globale de datacenter de 12 mégawatts qui reste très faible comparativement à d’autres marchés similaires.

Je suis convaincu que la demande sera beaucoup plus importante sur le cloud au fur et à mesure avec les tendances lourdes du “move to cloud” et “born in the cloud”. D’ailleurs, certaines entreprises privées et publiques ont déjà fait ce choix et avancent à grands pas dans l’exécution de leur feuille de route digitale de basculement vers le cloud. Il faut aussi souligner la tendance positive de “cloud native” qui caractérise les business modèles des nouvelles startups qui se créent au Maroc.

Au-delà des enjeux des infrastructures de datacenter, quels sont les leviers pour encourager le secteur privé et public à basculer plus rapidement sur le cloud et les solutions de backups des datacenters ?

La dynamique de basculement vers le cloud s’est accélérée sous l’effet du Covid19 et les besoins croissants de chantiers du digital des organismes publics et les entreprises privées. L’enjeu est de booster cette dynamique à travers une série de dispositifs incitatifs.

À titre indicatif, il est recommandé de procéder à la refonte des processus d’achat et de consommation de l’informatique dans tous les secteurs pour inclure le cloud et en allouant des budgets spécifiques pour le cloud en mesure d’accompagner leur stratégie de digitalisation.

Pour le secteur privé, l’État pourrait inciter, également, les PME et les TPE à adopter le cloud à travers une subvention dédiée à ce chantier de digitalisation et à la formation de leurs collaborateurs sur les métiers du cloud, de la cybersécurité et l’intelligence artificielle.

Un tel écosystème mature va certainement encourager les acteurs mondiaux du cloud hyperscale tels que Google, Microsoft, Amazon et IBM à venir s’installer au Maroc et enrichir l’offre digitale, qui est un levier de croissance de l’économie marocaine. Une opportunité qui pourra faire de notre pays un hub régional pour servir les besoins des autres pays africains en services de colocation et de cloud critiques.

Rachid Jankari est journaliste et consultant spécialisé dans le digital, l’innovation et l’intelligence économique. Il vit entre Casablanca et Istanbul.