Barbie Chebbak

Par Fatym Layachi

Ça y est, c’est la rentrée. L’été n’est pas vraiment terminé et tu comptes bien jouer les prolongations en continuant de siroter des cocktails en terrasse. Mais il est bien l’heure de retourner bosser. Et même si tu as l’intention d’écourter tes journées au bureau pour tenter de passer une partie de tes après-midi à entretenir ton bronzage sur la plage, tu dois te remettre au boulot. Ou au moins en donner l’impression. Il faut couper ces pointes blondies et brûlées par le soleil, l’eau et le monoï. Prévoir un hammam pour exfolier les peaux mortes et entretenir le glow des vacances.

Zee a d’ailleurs une théorie sur ce glow. Elle est convaincue qu’un certain chardonnay qu’elle ne trouve que chez ce caviste ou dans telle grande surface donne un glow parfait. Tu ne vois absolument pas sur quel fondement un tant soit peu plausible sa théorie repose, mais tu es totalement prête à essayer.

Après tout, c’est aussi ça l’amitié : faire confiance aveuglément et oser les expérimentations. En plus, tu adores cette idée, enchaîner les verres de blanc avec hyper bonne conscience : c’est pour avoir bonne mine. Ça correspond totalement à ton état d’esprit du moment. Tu ne veux que de la légèreté. Cette rentrée, tu la veux en pente toute douce. Un peu dans la continuité de tes semaines de vacances.

C’est vrai qu’elles ont été tellement douces et légères ces vacances. Tu as été de plage en plage. Tes principaux soucis ? Déterminer quelle gandoura assortir à quel maillot et gérer tes marques de bronzage. Tu as passé quelques semaines à aller de maison de plage en maison de plage. Un peu chez ta tante, beaucoup chez ta mère et pour finir un petit week-end chez ton autre tante.

Pour toi, les vacances c’est aussi ça. Se promener avec une facilité déconcertante. Enfin, si tu étais parfaitement honnête tu dirais que c’est surtout ça d’avoir une famille qui a su se faire de jolies places au soleil avec les pieds dans l’eau. Mais tu ne t’es pas uniquement contentée de bronzer, tu as aussi eu quelques activités.

“Barbie le film is just un film. (…) Mais aujourd’hui, grâce à Ghizlane Chebbak et ses coéquipières, les gamines peuvent rêver en grand”

Fatym Layachi

Comme tout le monde, tu as été au cinéma pour voir Barbie. Mais contrairement à tout le monde, tu n’as pas d’avis hyper complexe à exprimer sur le film. Tu ne te sens pas du tout capable d’en parler des heures et d’avoir des méta discussions. Tu as vu un film. Point. Un film que tu as d’ailleurs plutôt apprécié. Mais comme “Ken is just Ken”, Barbie le film is just un film. Pas une thèse de socio.

Ça n’a pas la prétention de réinventer la roue ni de réenchanter le féminisme. Pourtant, en lisant la déception de certains penseurs, tu as l’impression qu’ils s’attendaient à ce que ce blockbuster de 114 minutes réallume les étoiles de l’espoir et de l’humanisme. Ben non. Évidemment que non. C’est un film. Un film plutôt très bien foutu, que toi tu as trouvé drôle et qui est objectivement et factuellement hyper bien marketé. Pour le reste, tu as vraiment du mal à comprendre les passions que ce film déchaîne et les débats qu’il suscite. Tu es peut-être passée à côté d’un truc.

Par contre, le truc à côté duquel tu n’es pas passée, c’est l’exploit des Lionnes de l’Atlas pour leur première participation à une Coupe du Monde. Les filles ont été épatantes. Elles ont montré leur puissance, leur force et leur mental d’acier. Et surtout, elles ont montré au monde qu’elles n’étaient pas là par hasard et que, désormais, elles aussi vont écrire avec fierté l’histoire de ce pays.

Et si, quand toi tu étais gamine, grâce à Barbie tu as pu te dire qu’il était possible qu’une femme soit astronaute, cheffe de chantier, apicultrice ou banquière, c’était chouette, mais un peu loin de toi. Aujourd’hui, grâce à Ghizlane Chebbak et ses coéquipières, les gamines peuvent rêver en grand. En grand, ici et maintenant. Et ça n’est pas just un film.