Le Boualem a deux ou trois petites choses à dire sur les émeutes en France

Par Réda Allali

Il a suffi que Zakaria Boualem soit distrait une petite semaine par son mouton, de bonne facture il faut le préciser, pour que la France se lance dans une guerre civile impromptue. Ce n’est pas très sérieux. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de minimiser la masse extraordinaire de tâches induites par l’Aïd le grand, vraiment, c’est un travail colossal, respectable et intense. Il faut financer l’achat d’une bête vivante, ce n’est pas rien, organiser son sacrifice et préparer la logistique qui lui permette d’atterrir dans son assiette dans des conditions d’hygiène et de saveur satisfaisantes.

Puisque vous demandez : oui, hamdoullah, tout s’est très bien passé, comme d’habitude. Il est étonnant de constater que ce projet, pris à l’échelle nationale, est un succès étincelant. On parle d’abattre cinq millions de bêtes en deux heures, sans le moindre email échangé, voilà l’exploit, les amis, une véritable ode à la puissance de l’informel, cette force irrésistible quand elle est animée par une telle volonté collective. Mais si vous connaissez notre héros, vous savez qu’il a déjà eu l’occasion de déployer ici même ce genre de pensées, il commence à radoter le pauvre.

Revenons au sujet, donc, et aux convulsions de la France, aussi subites que violentes. Tout commence par le décès d’un jeune, abattu par la police lors d’un contrôle. Comme souvent, on commence par expliquer que le bougre l’avait un peu cherché, avant que les images n’accablent les policiers et embrasent les quartiers populaires.

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Le Boualem ne se prévaut d’aucune espèce d’expertise sur la réalité sociale française, car c’est bien un problème français malgré la présence parmi les habitants des quartiers concernés de certains de ses lointains cousins. Néanmoins, il aimerait préciser deux ou trois petites choses, qui relèvent de sa perception, et qui sont accompagnées d’un grand allahou a3lam.

La première, c’est que la police française traverse une période difficile. Entre les gilets jaunes qu’on éborgne, les contrôles d’identité foireux, les types à qui on glisse une boulette pour mieux les coffrer et ceux qu’on shoote comme des lapins, force est de constater que ce n’est pas particulièrement brillant. Et puis, leurs représentants ont cette habitude détestable de venir parader sur les plateaux télé après chaque dérapage pour expliquer qu’ils sont irréprochables. Au final, le tout donne une impression de Tiers-monde un peu vintage, c’est assez étrange venant du pays des Lumières.

“Le Boualem est assez lucide pour 
voir à quel point les tensions se multiplient en France, entre les jeunes et la police, les barbares et les blonds, les jeûneurs et les arbitres”

Réda Allali

La seconde chose importante à dire, c’est que la France baigne dans une sale ambiance. À côté, nous sommes sereins et nous débattons dans la dignité, c’est dire l’ampleur du problème. Là-bas, toute la journée, sur les chaînes d’info en continu, on matraque les mêmes sujets, on explique que tous les maux de cette paisible contrée viennent des couscoussovores islamiques, qui tentent, dans le même mouvement, de les grand-remplacer et d’ensauvager la société. Il suffit d’écouter leurs politiques pour constater l’ampleur du délire qui s’est emparé d’eux.

À force, ça peut finir par énerver, il faut le dire, car tout le monde, finalement, a sa petite fierté. Zakaria Boualem voudrait porter à l’attention des autorités françaises qu’ils insultent une population susceptible, c’est tout. Ceci n’excuse aucune espèce d’explosion de violence, mais c’était important à préciser. Le Boualem est assez lucide pour voir à quel point les tensions se multiplient, entre les jeunes et la police, les barbares et les blonds, les riches et les pauvres, les jeûneurs et les arbitres, c’est la grande pagaille.

Et au milieu de tout cela, Monsieur Macron, que Dieu l’Assiste, semble un peu débordé par les évènements, incapable de rassembler tout ce beau monde comme un politique à l’ancienne. Il faut se calmer, maudire le Malin, voilà l’urgence, et ensuite parler, dans le respect, comme font les barbares, chez eux, quand ils font face à des conflits tribaux. Telle est la contribution du Guercifi au sujet, et merci.

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