Mohamed Rafiki, alias Abou Hafs, rejoint le cabinet d’Abdellatif Ouahbi

Le cheikh salafiste repenti rejoint désormais le cabinet du ministre de la Justice, dans le sillage des débats qui l’opposent au camp conservateur, le PJD en tête, en marge des réformes annoncées du Code pénal et du Code de la famille.

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Abou Hafs Crédit: TOUMI/TELQUEL

Dans le débat d’idées qui l’oppose aux conservateurs, notamment le Parti de la justice et du développement (PJD), au sujet des réformes annoncées, comme le Code pénal ou le Code de la famille (la Moudawana), le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, peut se targuer d’un recrutement de taille. Comme révélé par nos confrères de Goud, le locataire de la place Mamounia vient de recruter Mohamed Abdelouahab Rafiki, alias Abou Hafs, dans son cabinet. Une information confirmée à TelQuel par l’intéressé lui-même et une source proche du ministre de la Justice.

J’ai rejoint le cabinet de M. le ministre, dans le sillage des débats autour des réformes du Code pénal et de la Moudawana”, nous précise Mohamed Abdelouahab Rafiki au bout du fil. Un recrutement qui semble utile, tant le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, est confronté depuis plusieurs mois à une polémique animée par les édiles du PJD, Abdelilah Benkirane en tête, en lien avec les réformes qu’il a annoncées, sans qu’aucun texte ne soit pour l’instant déposé au niveau du Conseil de gouvernement.

Le parcours de la nouvelle recrue semble ainsi s’inscrire dans la volonté du ministre de la Justice de répondre au camp conservateur, mené par l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, mais aussi de défendre ses réformes, notamment du point de vue religieux. Penseur et chercheur en études islamiques, cheikh salafiste repenti, condamné en 2003 à 30 ans de prison pour terrorisme — dont neuf ans purgés —, Mohamed Abdelouahab Rafiki peut être, théoriquement du moins, un soutien de taille à son nouveau recruteur.

Ses positions progressistes sur plusieurs sujets seront tout aussi utiles au ministre de la Justice, tant elles convergent avec l’esprit des réformes annoncées. Favorable à la réforme de l’héritage et aux libertés individuelles, les prises de position du salafiste repenti sont notoirement connues, irritant au passage ses anciens compagnons, lui valant d’être excommunié par l’un d’eux, ainsi que d’être menacé de mort. Un parcours et des positions qui peuvent être utiles pour riposter au camp conservateur et convaincre l’opinion publique.

Pour rappel, le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, tire depuis plusieurs mois à boulets rouges sur son homologue du PAM, en l’accusant ouvertement de vouloir “dépouiller l’État de son identité en tant que pays islamique”, entre autres accusations et critiques acerbes. Le recrutement de Mohamed Abdelouahab Rafiki va ainsi permettre au ministre de la Justice de puiser dans le référentiel religieux pour répondre à ses détracteurs et défendre les réformes progressistes qu’il veut mener.

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