Le ministère de l’Intérieur s’engage à adopter de nouvelles mesures pour la gestion des chiens errants

Dans le cadre des efforts pour une gestion durable de la problématique des chiens errants et l’élimination de la rage, le ministère de l’Intérieur du Maroc a pris plusieurs mesures visant à protéger la population et assurer le bien-être des animaux. Leur application, elle, fait encore défaut, selon un collectif de 23 associations de protection animale qui déplore la poursuite des abattages.

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Des chiens errants à Dar Bouazza. Crédit: DR

Selon des informations obtenues par TelQuel ce mercredi 31 mai, afin de prévenir les abus et d’adopter des méthodes plus humaines, le ministère de l’Intérieur a diffusé plusieurs circulaires incitant les communes à éviter l’utilisation d’armes à feu et de substances toxiques telles que la strychnine pour l’élimination des chiens errants. Cette mesure vise à réduire la souffrance animale et à promouvoir des alternatives plus respectueuses de la vie animale.

En parallèle, les communes ont été sensibilisées sur l’importance de la méthode TNVR (Trap – Neuter – Vaccinate – Return), assure le ministère, comme solution morale et efficace pour lutter contre l’errance canine. Cette approche consiste à capturer les chiens errants, les stériliser, les vacciner contre la rage, les déparasiter et les identifier par des boucles à l’oreille, avant de les relâcher dans leur environnement d’origine. Cette pratique permet d’éviter la désorientation des animaux et de garantir une stabilisation de leur population au fil du temps.

Une convention de partenariat a été signée en 2019 entre le ministère de l’Intérieur, le ministère de la Santé et de la Protection sociale, l’Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) et l’Ordre national des vétérinaires pour promouvoir cette méthode.

Un programme à 608 millions de dirhams

Dans le cadre d’un programme allant de 2019 à 2024, le ministère de l’Intérieur accompagne les collectivités territoriales dans la création de 76 Bureaux communaux d’hygiène (BCH). Ces bureaux, intégrés aux Groupements de collectivités territoriales (GCT), incluent des fourrières animalières et des centres antirabiques. L’objectif est de mettre en place une infrastructure adéquate pour gérer les chiens errants et lutter contre la rage. Ce programme représente un investissement global de 608 millions de dirhams (MDH).

En parallèle, le ministère de l’Intérieur poursuit la mise en œuvre d’une convention de partenariat avec le ministère de la Santé et de la Protection sociale ainsi que le ministère de l’Économie et des Finances. Cette convention prévoit le versement annuel de 40 MDH à l’Institut Pasteur du Maroc (IPM) par le biais de la direction générale des Collectivités territoriales (DGCT). Ces fonds sont destinés à l’acquisition de vaccins et de sérums antirabiques, qui sont ensuite mis à la disposition du département de la Santé pour assurer une meilleure prise en charge vaccinale des personnes exposées à la rage, en particulier dans les zones rurales.

Enfin, le ministère de l’Intérieur contribue également aux campagnes annuelles de vaccination des chiens appartenant à des particuliers. Cette initiative vise à promouvoir la santé et le bien-être des animaux domestiques, tout en réduisant les risques de propagation de la rage.

Des abattages qui se poursuivent

Les ONG de défense des droits des animaux ont récemment tiré la sonnette d’alarme concernant la problématique des chiens errants et la nécessité d’adopter des mesures plus robustes. Elles soulignent l’importance de renforcer les campagnes de sensibilisation et d’éducation afin d’encourager la population à adopter des pratiques responsables en matière de possession d’animaux de compagnie.

Elles insistent sur la nécessité d’allouer des ressources supplémentaires pour mettre en place des programmes de stérilisation et de vaccination à plus grande échelle, et de laisser tomber l’abattage en masse des chiens errants.

“Malgré les Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI (…), le programme TNVR n’a toujours pas été mis en pratique”

Un collectif d’associations

Le 2 mai dernier, un collectif de 23 associations de protection animale au Maroc, “profondément choqué et indigné par la situation que vivent, actuellement, les animaux des rues dans notre royaume”, diffusait un communiqué de presse parvenu à TelQuel dénonçant que “malgré les Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, et la Convention cadre signée en 2019, sous l’égide du ministère de l’Intérieur, le programme TNVR (capture, stérilisation, vaccination et remise dans leur environnement initial des chats et chiens errants) devant mettre un terme aux maladies telles que la rage et d’autres zoonoses, n’a toujours pas été mis en pratique”.

Conséquences : “des opérations brutales et inhumaines, de capture et d’abattage des animaux à travers tout le pays, incluant ceux déjà stérilisés, vaccinés et identifiés”, et “une image totalement dégradée et dépréciée de notre pays aux yeux de ceux qui en sont témoins : en premier lieu, nos citoyens les plus vulnérables et notamment les enfants qui assistent, traumatisés, à des scènes de violence extrême”, poursuit le communiqué.

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Et de rappeler que ces “dérives inadmissibles de mise à mort de ces animaux, soit en les tuant par empoisonnement ou tirs à balles réelles, soit en les laissant mourir de faim et/ou de soif, soit en les capturant de manière effroyable” ne servent strictement à rien : la population canine n’a jamais été régulée par l’abattage, pour preuve, le nombre de chiens errants ne fait qu’augmenter. L’OMSA, la FAO et l’OMS s’opposent en effet radicalement à l’extermination des chiens, des chats et des équidés comme moyen de protéger la santé publique et de contrôler la population canine et féline, considérant que le TNVR est la seule méthode fiable et ayant fait ses preuves au niveau international.

Le collectif d’associations, dont plusieurs appliquent le TNVR à leurs frais, dénonce “le détournement, dans la lettre comme dans l’esprit, des clauses contractuelles de la Convention de 2019, notamment en ce qui concerne la gestion déléguée du programme TNVR à des associations inexpérimentées et sans historique de travail dont la création est injustifiée ou à des entreprises privées sans expérience dans le domaine du bien-être animal et de la connaissance canine ou féline”.

Les associations signataires appellent à la “dissolution immédiate de toutes entités privées ou associatives fictives qui ne seraient pas de véritables associations de protection animale de terrain” et à “l’intégration des associations de protection animale, officielles et historiques, dans tout le processus du programme TNVR, d’une manière transparente”.