Cette semaine a été marquée par une affaire des plus riches en enseignements, qu’il nous faut décortiquer ici même sans plus attendre, et merci. Zakaria Boualem a appris il y a environ une semaine que notre arrière-droit national, le dénommé Achraf Hakimi, s’était illustré au cours de sa procédure de divorce. D’après les réseaux sociaux, l’ex-femme du défenseur aurait découvert, à l’audience, que son ancien mari ne possédait rien du tout. Pas de salaire, pas de bien, pas de voitures, pas de montres, walou, puisque le bonhomme aurait tout mis au nom de sa maman, voilà ce qui était écrit un peu partout.
Le Boualem, bien entendu, a pris cette information avec circonspection. Il a eu du mal à imaginer le comptable du PSG effectuer chaque mois des virements à la maman, payer des impôts et des charges pour son employé, sans que le nom du joueur ne figure quelque part. C’est une chose impossible à imaginer dans le contexte d’un club professionnel de cette envergure. Oui, le Guercifi a trouvé cette info très louche, dès qu’il l’a lue, mais ce n’est pas l’objet de cette chronique.
“L’ex-femme de Achraf Hakimi a voulu son argent et elle s’est retrouvée doublée par sa belle-mère, voilà ce qui déclenche la jubilation malsaine de tous ceux qui sont tombés dans le piège de cette fausse information”
Non, ce qu’il faut retenir de cette intox, c’est la masse spectaculaire de commentaires enthousiastes qu’elle a générés chez nos internautes. Achraf Hakimi, dont il faut préciser qu’il a des enfants avec la dame en question, est un héros, un exemple pour l’humanité. Il a privilégié sa maman aux dépens de son ancienne épouse, cette créature vénale, il lui a joué un tour pendable et l’a laissée sur le carreau, à geindre sur son infortune, voilà comment les Marocains ont commenté cette information. Elle a voulu son argent et elle s’est retrouvée doublée par sa belle-mère, voilà ce qui déclenche la jubilation malsaine de tous ceux qui sont tombés dans le piège de cette fausse information. Une information qui, toute fausse soit-elle, montre une vérité plus éclatante que le soleil lui-même.
Tout se passe comme s’il existait une race d’humains à part : les mamans. Ce sont des êtres supérieurs, elles sont dévouées à leurs fils, désintéressées, en un mot, parfaites. Elles n’ont rien à voir avec les femmes, bien entendu, ces monstres manipulatrices, dépravées par nature et entièrement attachées à dépouiller leur conjoint. Entre les femmes et les mamans, rien à voir, on ne passe pas d’un statut à l’autre, ce sont des espèces à part.
Car, dans l’esprit de ces commentateurs inspirés, la cohérence a disparu. Imaginez un instant que ledit Hakimi explique que sa maman elle-même a été victime de son mari, indélicat, qui l’a abandonnée et condamnée à élever le jeune footballeur toute seule. Le mari en question serait voué à l’insulte, et la maman glorifiée. Elle serait rehaussée dans son sacrifice, qui deviendrait encore plus beau, amplifié par la forfaiture du mari, ce sale type. Or, le geste de ce sale type est rigoureusement le même que celui que vient de faire Hakimi à sa femme. Mais allez savoir pourquoi, lui, il peut, c’est un cas extrême d’incohérence.
Et on trouve même des femmes, tenez-vous bien, qui développent ce genre d’appréciations absurdes sur l’Internet en folie. Des femmes qui commentent en applaudissant le geste de la maman Hakimi, mais qui pourraient bien, en cas de divorce, expérimenter la position de Madame Hakimi, et comprendre à leurs dépens l’extravagance de leur position. Le niveau de délire porté par cette affaire est presque dangereux, en fait. Et qu’importe si on reproche à la dame sa tenue vestimentaire, la question n’est pas là.
Tout cela mérite un peu de recul, une analyse, quelques spécialistes, probablement une ou deux thérapies, et merci.