Près de deux décennies après l’adoption du Code de la famille au Maroc pour renforcer les droits des femmes au sein de la famille, les militantes des droits des femmes et les organisations de défense des droits humains ont exprimé leur inquiétude face à la persistance des écarts entre les sexes et appellent à une réforme du code, rappelle l’institut de sondage Afrobarometer dans un communiqué.
Selon l’enquête de l’institut de sondage panafricain (voir encadré), 78 % des Marocains sondés, soit près de huit sur 10, affirment que toute réforme du Code de la famille visant à promouvoir l’égalité des sexes devrait être basée sur la loi islamique — ou charia.
Les Marocains veulent que les réformes du code de la famille soient basées sur la loi islamique, selon l’enquête Afrobarometer.
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— Afrobarometer (@afrobarometer) March 17, 2023
Bien que cette préférence soit répandue parmi les principaux groupes démographiques, elle est particulièrement forte chez les hommes, les résidents ruraux, les citoyens plus âgés et les personnes moins instruites.
L’étude note par ailleurs que la moitié, soit 51 % des répondants, sont “tout à fait en accord” avec ce point de vue.
En revanche, seuls deux citoyens sur 10 (20 %) souhaitent que les réformes soient basées uniquement sur les accords internationaux signés par le Maroc.
Le soutien au fondement de la réforme du Code de la famille sur la loi islamique augmente avec l’âge des répondants (allant de 73 % chez les 18-35 ans à 85 % chez les plus de 55 ans), et diminue avec le niveau d’éducation (88 % chez les sans éducation formelle contre 65 % parmi ceux qui ont fait des études postsecondaires).
80 % des hommes, 82 % des résidents ruraux et 81 % des citoyens moins nantis sont également plus favorables à cette opinion que les femmes (74 %), les résidents urbains (74 %) et les plus nantis (76 %), selon la même source.
Les trois principales questions que les Marocains souhaitent voir prioritaires dans la réforme du Code de la famille sont les procédures de divorce, de réconciliation et de pension alimentaire citées par 32 % des répondants ; les relations sexuelles hors mariage et les enfants nés hors mariages, citées par 25 % des répondants ; et le mariage précoce, cité par 22 % des répondants.
La tutelle des enfants, l’héritage et le partage des biens, ainsi que d’autres problèmes non détaillés, font partie des autres aspects du Code de la famille que les Marocains, dans une moindre mesure (de 4 à 7 %), souhaitent réformer. Pour 3 % des sondés, il n’y a aucun problème à résoudre.
Alors que 27 % des femmes citent les mariages précoces comme leur deuxième priorité, la même proportion d’hommes accorderait la priorité aux questions concernant les relations sexuelles hors mariage, note le communiqué.
À propos du sondage
Afrobarometer est un réseau panafricain et non partisan de recherche par sondage qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie.
L’équipe d’Afrobarometer au Maroc, conduite par Global for Survey and Consulting (GSC), s’est entretenue avec 1.200 adultes marocains entre le 31 août et le 19 septembre 2022. Un échantillon de cette taille produit des résultats nationaux avec des marges d’erreur de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95 %. Des enquêtes ont été précédemment réalisées au Maroc en 2013, 2015, 2018 et 2021.