Pourquoi avoir placé la qualité au cœur de cette édition ? Ce thème a été choisi parce que sa complexité est fondamentale pour aborder toute une série de questions contemporaines. Surtout quand on précise “la qualité qui éclaire”, mettant le design au service de l’humanité.
C’est donc un concept bien plus articulé que le simple accent mis sur les détails qualitatifs, typiques du design italien. Il définit quelque chose de beaucoup plus vaste, qui inclut la capacité du design à être porteur de valeurs d’éducation, dans les liens sociaux, mais aussi dans les relations avec l’environnement.
TelQuel : Quels sont les indicateurs de qualité que vous utilisez pour évaluer votre travail ?
Andrea Anastasio : Dans mon travail, la qualité joue un rôle très important, en particulier la qualité conceptuelle : il doit toujours y avoir une rigueur dans les matériaux choisis, leur traitement et le fil logique entre le traitement des matériaux et la fonction prévue pour cet objet. Il s’agit d’un processus qui est également présent lorsque je mène une recherche artistique, qui n’est donc pas destinée à la production d’objets fonctionnels.
J’entends également par qualité tout ce qui concerne le travail, qu’il s’agisse d’objets fabriqués artisanalement ou industriellement. C’est-à-dire que les standards de qualité recouvrent aussi les conditions de travail et les relations entre ceux qui réalisent les pièces et ceux qui gèrent ensuite l’évolution du projet.
Comment décririez-vous votre processus de conception ?
Il est en constante évolution. Dans ma pratique artistique, il s’agit d’un dialogue continu entre la méditation, les intuitions et les rencontres dans le monde. Même lorsqu’un projet naît d’une demande, par exemple du monde de l’entreprise pour un produit spécifique ou d’un conservateur pour un projet de nature artistique, répondre à la demande signifie s’appuyer sur ce qui est le résultat continu d’expériences relationnelles avec le monde, l’espace, les autres. Le processus d’idéation est donc la fusion de mentions intérieures, plus ou moins conscientes, et d’une pensée critique qui s’articule sur la réalité extérieure.
Comment vous assurez-vous que vos designs soient à la fois innovants et réalisables dans les délais impartis ?
D’abord, nous vivons dans une dimension en constante évolution, cela signifie que l’inattendu est toujours présent. Il suffit de penser à l’introduction des ustensiles ou des sacs de courses en plastique et à leur impact au niveau planétaire, surtout lorsqu’ils sont devenus des produits de consommation de masse. Mais pour moi, la vérification de l’idée consiste, dans une première phase, à poser une série de questions théoriques, éthiques et esthétiques.
Ensuite, il y a des vérifications qui ne peuvent se faire qu’avec du recul. Il est toujours gratifiant de relire un projet 30 ans plus tard et de constater que le design répond encore aux exigences. Évidemment, il y a toujours un risque d’erreur ou d’échec, mais je pense que la qualité doit aussi inclure la possibilité d’erreur.