[TRIBUNE] Il est temps de couper les privilèges des uns pour construire les droits des unes

Devra-t-on encore attendre 300 ans pour réussir à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes ? Encore faudrait-il garder un rythme de réforme continu et une volonté politique constante. Malheureusement, un invité est aux abonnés absents dans cette croisière vers le futur : le courage.

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Deux jeunes femmes passent devant des hommes qui les regardent et leur parlent à Rabat, le 24 novembre 2013. Crédit: Fadel Senna / AFP

Nous voici, un autre 8 mars, devant la valse des actions et des décisions symboliques qui font l’effet d’un suppositoire. Les entreprises distribuent des fleurs et autres goodies alors que nos responsables se disputent pour s’épingler le badge du meilleur ami des femmes.

Jusqu’à présent, combien d’entreprises cotées en bourse ont déconstruit leurs structures inégalitaires pour oser la construction d’une réalité égalitaire ? Jusqu’à présent, combien de gouvernements ont eu la décence de couper les privilèges des uns pour construire les droits des unes ? Très peu, trop peu. Pourtant, toutes les études nous montrent que réduire les disparités de genre nous permettrait de réduire les inégalités sociales.

Aujourd’hui, je ne vous souhaiterai pas “happy women’s day”

Tous les articles académiques nous prouvent qu’une société où les femmes auraient leur juste place serait plus épanouissante pour toutes et tous. Pourquoi tant de pas chassés, d’arabesques et de pirouettes avant de mettre en place une mesure qui ne ferait que rendre aux femmes leur place volée par les hommes depuis l’apparition de l’écriture ?

Car oui, l’époque où la société était la moins inégalitaire fut pendant la Préhistoire. La Commission européenne a financé une étude qui a permis de constater que 48% des chasseurs étaient des chasseuses.

Aujourd’hui, je ne vous souhaiterai pas “happy women’s day”. Pourquoi ? Parce que je pense que les femmes rendent notre monde plus heureux, plus fort, plus humain et sont une source d’inspiration pour les filles et les garçons et ce, tous les jours de l’année depuis notre apparition.

Nous pourrions organiser des journées internationales (des droits) des femmes que nous ne parviendrons jamais à leur rendre ce qu’elles ont investi en humanité dans nos vies.

Moi, homme, je suis fatigué d’avoir des centaines de rêves dans lesquels les femmes ont la place qu’elles méritent, le droit de baisser leur garde lorsqu’elles sortent seules, comme nous les hommes, le droit de ne pas toujours être au meilleur de leur forme, le droit de façonner le monde comme elles le souhaitent.

Moi, homme, je ne veux plus me cacher dans les rêves d’une société qui y arriverait seulement dans 300 ans car d’autres ne veulent pas quitter la réalité de leurs privilèges.

Moi, homme, je continuerai d’utiliser ma voix pour que ce monde rende aux femmes la place qu’il a trop longtemps prise en otage. Comment ? Comme les femmes le font au quotidien : “Both feet on the ground, head in the clouds and not backing down.” (Alicia Keys,“Girl on Fire” )

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