Notre paisible contrée vient de prendre une décision remarquable, malheureusement passée inaperçue. Imaginez que, dans l’indifférence générale, le parlement a décidé d’ajouter la connaissance de l’amazigh dans la liste des conditions requises pour l’octroi de la citoyenneté marocaine. Présenté ainsi, on peut légitimement être saisi de panique. Car c’est ainsi que sont rédigés la plupart des titres qui rapportent cette information. Bien entendu, les commentaires qui viennent implacablement se poser sous lesdits titres sont scandalisés. Car si cette étrange condition venait à être imposée à ceux qui disposent déjà de la nationalité marocaine, ils seraient nombreux à en être déchus, les malheureux, à commencer par Zakaria Boualem lui-même. Ils erreraient alors, tels des spectres apatrides, à la recherche d’une contrée pour les accueillir, gémissant leur douleur et pleurant leur infortune. C’est ainsi que ça se passe aujourd’hui : l’important, l’urgent même, c’est d’avoir une opinion, si possible brutale et exprimée avec cruauté. Qu’importe si elle est basée sur un titre plutôt que sur une info, tout est mieux que de rester silencieux. Il faut donc, avant de rejoindre la cohorte…