Familles, camarades... le camp de base marocain, la base du succès des Lions de l’Atlas au Mondial ?

Fait rare dans le football, les familles et proches des joueurs de la sélection nationale ont, eux aussi, pris part à l’aventure des Lions au Qatar, et semblent avoir impacté les performances du Maroc pour le meilleur. Focus sur cet ingrédient unique du succès marocain.

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Achraf Hakimi embrassé par sa mère après la victoire des Lions de l'Atlas face à l'Espagne. Crédit: DR

Les images sont gravées dans les mémoires. À l’issue du quart de finale face au Portugal remporté par le Maroc, l’ailier des Lions de l’Atlas, Soufiane Boufal, part chercher sa mère installée dans les tribunes du stade Al Thumama. Lorsque cette dernière est sur le pré, elle entame quelques pas de danse avec son fils pour célébrer la qualification historique du Maroc pour sa première demi-finale de Coupe du monde.

Une célébration, mais aussi un geste de son fils qui peut s’expliquer par le passé difficile de la famille, comme le confiait Sofiane Boufal au journaliste Alexandre Ruiz avant le Mondial : “Elle est tout pour moi. Malheureusement, on n’a pas eu une enfance facile parce que maman nous a élevés toute seule. Elle s’est toujours battue, elle a sacrifié sa vie pour la nôtre.”

Mais la partie la plus intéressante de cette célébration vient lorsque Nordin Amrabat, ancien international marocain et frère de Sofyan Amrabat, ainsi que Hakim Ziyech viennent saluer la mère de Sofiane Boufal d’un baiser sur le front.

On les entendrait presque l’appeler “khalti”. Et si la présence des parents de nos Lions au Qatar les avait transformés en champions ?

Sofiane Boufal danse avec
sa mère sur le terrain après la victoire contre le Portugal.Crédit: DR

Entre nous

Car les familles de joueurs de la sélection nationale ne sont pas présentes que dans le stade, mais aussi à proximité du camp de base des Lions de l’Atlas, l’hôtel Wyndham Doha West Bay, où ils ont pris l’habitude de célébrer leur succès.

Les familles sont logées à quelques encablures de l’hôtel des Lions dans une résidence située sur l’île artificielle The Pearl, où elles ont été accueillies par le conseiller spécial de Fouzi Lekjaâ, Mohamed Makrouf.

Et leur présence ne s’explique pas par un caprice des joueurs (les familles de footballeurs ne sont traditionnellement pas conviées aux déplacements pour les grandes compétitions, même si des tickets peuvent leur être garantis), mais par une volonté du sélectionneur national Walid Regragui.

“Avant la Coupe du monde, on s’est demandé si cela devait faire partie de notre stratégie : faut-il faire venir les familles ou non? Eh bien nous préférons que les familles viennent. Les joueurs souhaitent avoir les parents et les enfants à proximité. À titre personnel, je suis content de retrouver les miens après le match”, avait déclaré le sélectionneur national au sujet de cette décision prise d’un commun accord avec le président de la Fédération royale marocaine de football, Fouzi Lekjaâ.

Pour sa part, Walid Regragui est accompagné de sa femme, mais aussi de sa mère. “Je vis en France depuis plus de 50 ans maintenant, et c’est la première compétition pour laquelle j’ai quitté Paris”, a déclaré sa mère Fatima à la chaîne sportive Arryadia.

Achraf Hakimi, lui, est venu accompagné de sa mère, mais aussi visiblement de son fils qui a pu être aperçu lors de célébrations de l’équipe nationale dans le vestiaire.

Le gardien de but Yassine Bounou a également partagé ces moments de joie avec son fils, que ce soit sur le terrain ou au micro des journalistes.

Et les familles des joueurs ne sont pas les seules à avoir été conviées au grand rendez-vous puisque les joueurs ayant déclaré forfait en raison de blessures ont également été invités par la Fédération à prendre part à l’épopée qatarie. Ce fut notamment le cas d’Imran Louza, milieu de terrain de Watford, blessé à la cheville à quelques semaines du Mondial. Avec l’autorisation de son club, le milieu de terrain a effectué une partie de sa récupération au Qatar aux côtés des Lions.

Plus récemment, c’est Amine Harit qui a pu être aperçu aux côtés des joueurs de la sélection nationale. Convoqué pour la Coupe du monde, le milieu de terrain marseillais a dû déclarer forfait en raison d’une blessure au genou.

Focus

Mais la présence massive de proches à proximité de leur camp de base signifie-t-elle pour autant que le groupe de Walid Regragui est accessible ? Pas vraiment, à en croire les propos accordés par Imran Louza à L’Équipe : “Je suis venu avec mon cousin pour le match de poules contre le Canada (…) Je suis resté quatre ou cinq jours, je séjournais à l’hôtel des joueurs. C’était cool mais resserré, on n’a pas trop le droit de les voir. J’ai passé du temps avec plusieurs membres du staff et j’ai mangé un morceau avec Sofiane Boufal, toujours sur place.” Les familles des membres du groupe ne peuvent les voir que les soirs de rencontre ainsi que le lendemain, qui est généralement considéré comme un jour de relâche.

“Lorsque vous voyez les célébrations des joueurs avec leurs parents, vous ne pouvez être qu’émus. Cela nous donne une force incroyable”

Ilias Chair

Mais alors quel impact leur présence a-t-elle sur leur groupe ? Interrogé à ce sujet lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 13 décembre, le milieu de terrain Ilias Chair a déclaré : “Nous sommes tous une famille. C’est l’une de nos forces et j’espère que l’on pourra continuer à maintenir cet esprit. Lorsque vous voyez les célébrations des joueurs avec leurs parents, vous ne pouvez être qu’émus. Cela nous donne une force incroyable que l’on pourra utiliser dans le prochain match (la demi-finale face à la France, ndlr).”

Si la méthode Regragui n’a pas suffi à assurer la victoire finale aux Lions, il n’en reste pas moins qu’elle a certainement contribué à la cohésion, inédite, de la sélection nationale. Un groupe que certains journalistes sportifs n’ont pas hésité à qualifier de “tour de Babel”, composée de joueurs nés à l’étranger et d’autres formés localement, et parlant plusieurs langues. Encore un exploit, donc.

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