Histoire : OCP, l'épopée africaine d'un géant du phosphate

OCP

En 2016, OCP inaugure l’African Fertilizer Complex, une usine spécialisée dans la production d’engrais destinés aux marchés africains. Un projet qui lance une véritable vocation africaine pour le géant du phosphate qui ira même jusqu’à s’engager dans un projet de méga-usine d’engrais tout en se rapprochant davantage des agriculteurs du continent.

Cet article a été réalisé indépendamment de la rédaction par TelQuel Impact.

Une statistique qui résume tout un enjeu. Dans le monde, 60% des terres arables non exploitées se situent sur le continent africain. Cela fait une dizaine d’années que l’Office chérifien des phosphates (OCP) a identifié l’Afrique comme un gisement de croissance pour l’entreprise mais aussi un terrain pour la concrétisation des directives royales pour le co-développement du continent africain.

C’est d’ailleurs sous l’égide du souverain que l’OCP a initié un projet majeur sur le continent: la construction d’une usine de fertilisants à Dire Dawa, en Ethiopie, capable de produire 3,8 millions de tonnes d’engrais. Mais la contribution du géant du phosphate au continent ne s’arrête pas là.

Car au-delà de l’Ethiopie, l’OCP c’est une présence dans onze autres pays africains. Des pays où le travail de l’entreprise marocaine ne se limite pas à la seule livraison d’engrais. Depuis plusieurs années, l’entreprise s’attache à se rapprocher au plus près de l’agriculteur. Cela passe notamment par la formation, en vue de l’autonomisation, des fermiers dans ces différents pays où la mise en place de workshops pour permettre davantage d’inclusion, notamment auprès des femmes.

Du point de vue des engrais, le contact rapproché avec les agriculteurs permet le développement de fertilisants spécialement conçus pour les différentes terres exploitées par les fermiers du continent. La présence de l’OCP s’étend également à la mise en place de financements pour les exploitants des terres agricoles du continent.

Aujourd’hui ce sont des milliers d’agriculteurs africains qui ont été formés, tandis que les engrais OCP sont utilisés sur des milliers d’hectares à travers le continent. Ce sont aussi des milliards de dirhams qui ont été investis dans le but de concrétiser sur le terrain la vision d’une croissance africaine verte. Retour sur les étapes majeures de cette aventure continentale.

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Février 2016, le début de l’aventure

A 110 kilomètres de Casablanca, une usine pour alimenter tout le continent en engrais. A Jorf Lasfar, l’African Fertilizer Complex a été conçu pour produire un million de tonnes d’engrais par an, 1,4 million de tonnes d’acide sulfurique mais aussi 450 000 tonnes d’acide phosphorique.

Pensée au cœur des années 2010, la stratégie africaine du géant du phosphate prend forme à partir de l’inauguration de cette usine par le roi Mohammed VI. Le même mois, OCP annonce la création d’OCP Africa spécialisée dans le marché africain des engrais.

Novembre 2016, une présence qui devient effective

Dans le sillage d’une tournée royale à travers le continent, l’OCP crée neuf de ses douze filiales sur le continent qui feront office de représentation locale du géant du phosphate dans autant de pays.

Dans l’un de ces pays, et quelques semaines seulement avant le retour du Maroc au sein de l’Union africaine, le Maroc et l’Ethiopie scellent un deal pour une méga-usine d’engrais capable de produire 3,8 millions de tonnes de fertilisants par an. 3,5 milliards de dirhams seront investis pour ce qui constitue à ce jour un projet phare du continent.

Décembre 2016: atout diplomatique et touche sur le marché nigérian

Le Nigeria est un marché stratégique du continent africain avec plus de 200 millions de consommateurs qui ont, eux aussi, leurs besoins en produits issus de l’agriculture. Alimenter ce marché est un enjeu capital pour Abuja, ce qui explique sans doute pourquoi l’accord liant OCP et l’Association des producteurs et fournisseurs d’engrais du Nigeria a été signé devant le président nigérian Muhammadu Buhari et le roi Mohammed VI.

Cet accord contribuera au rapprochement entre les deux pays qui renforcent leur partenariat autour du projet de gazoduc Maroc-Nigeria. En 2021, la capacité de production d’OCP au Nigéria était estimée à 500 00 tonnes.

Février 2017, au secours des partenaires du Maroc

Près d’un an après l’inauguration de l’African Fertilizer Complex, le projet et la vision africaine de l’OCP se matérialise davantage lorsque le géant du phosphate scelle un accord avec la République de Guinée pour la livraison d’engrais. Mais cet accord a une dimension humanitaire dans un pays sévèrement touché par des inondations quelques mois plus tôt.

OCP s’engage en effet à fournir 100.000 tonnes chaque mois au marché guinéen. 20% de cette quantité est offert à titre gracieux par le géant du phosphate tandis que les 80.000 tonnes restantes sont cédées à un prix préférentiel. Là encore, OCP fait office d’atout de poids dans la diplomatie continentale du Maroc. La première livraison de ce phosphate à prix préférentiel sera réalisée deux mois plus tard.

Septembre 2017, un premier record brisé

A l’issue des trois premiers trimestres de l’année 2017, l’OCP affiche des chiffres records. Le chiffre d’affaires flirte avec les 36 milliards de dirhams, affichant une progression de 13%. Une croissance qui s’explique notamment par l’activité du phosphatier sur le continent où les exportations d’engrais progressent de 50%.

Août 2018, au pays des mille collines

Après l’Ethiopie et la Tanzanie, voici le Rwanda. Durant l’été 2018, OCP scelle un accord avec l’entreprise Agro Processing Trust Corporation et l’Etat rwandais pour l’importation d’engrais. L’accord scellé à Kigali prévoit également la création conjointe d’une usine de mélange d’engrais et le développement de fertilisants customisés pour les sols rwandais.

OCP mettra également à disposition du Rwanda une carte complète de la fertilité des sols. En Tanzanie, l’OCP a également scellé des accords pour le développement des cultures de maïs et de riz.

Octobre 2020, quatre millions pour aider le continent

En cette fin d’année 2020, la Banque africaine de développement a donné son accord à une participation du Mécanisme africain de financement du développement des engrais (MAFDE) à travers une garantie de crédit commercial partiel d’un montant de quatre millions de dollars prise aux côtés d’OCP Africa.

Le projet, qui s’étend sur trois ans, prévoit le soutien de 430.000 petits exploitants agricoles, dont 104.000 femmes, en leur facilitant l’accès à des intrants agricoles de qualité à des prix abordables ainsi qu’à des formations aux bonnes pratiques agricoles.

À terme, le projet devrait contribuer à une augmentation de 35 % des rendements de riz et de maïs au Ghana et de 30% des rendements de riz en Côte d’Ivoire.

Mars 2018, une présence renforcée en Afrique de l’Est

En mars 2018, OCP livre 32.000 tonnes d’engrais à la Tanzanie quelques mois seulement après une livraison de 27.500 tonnes en 2017 dans ce pays où l’agriculture constitue l’un des principaux moteurs de développement.

Septembre 2020, partenaire du développement

L’aide aux agriculteurs ne se limite pas qu’aux engrais. C’est dans ce sens qu’OCP et la Société financière internationale (SFI) signent un accord visant à soutenir 12.000 agriculteurs au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

A travers ce projet, SFI offrira des services-conseils aux agriculteurs soutenus par OCP dans ces deux pays. L’objectif ? Améliorer les pratiques agricoles en offrant des solutions pour la gestion de l’eau et de sols. Le programme vise également à digitaliser les agriculteurs en vue de leur faciliter l’accès aux financements.

4 millions de tonnes, d’engrais pour le continent en 2023

L’annonce a été faite par Mostafa Terrab, le PDG du groupe OCP, à l’occasion des Assemblées générales de la Banque mondiale le 22 novembre dernier. Le géant du phosphate dédiera 4 millions de tonnes d’engrais aux agriculteurs du continent en 2023.

Un chiffre qui signifie que le groupe doublera l’approvisionnement consacré au reste du continent par rapport à l’année 2021. Mieux, ces 4 millions de tonnes représentent plus d’un quart de la production totale prévue par le groupe.

Mostafa Terrab a expliqué que l’objectif est de répondre aux “fragilités systémiques profondes dans les systèmes agricoles mondiaux”, tout en insistant sur le fait que le géant du phosphate poursuivra son action dans les domaines des infrastructures, de la formation ou de l’accès au marché et au financement.

Aujourd’hui, près de deux millions d’agriculteurs du continent bénéficient d’engrais customisés et de la cartographie des sols, ainsi que de formations fournies par OCP.