En plein cœur de Casablanca, n’importe quel jour de la semaine, à n’importe quelle heure de la journée, la scène se répète : automobilistes et passants croisent des livreurs roulant à vive allure, à moto ou en scooter.
Reconnaissables à leur sac isotherme carré flanqué du logo de la plateforme pour laquelle ils travaillent, ces coursiers sont devenus des acteurs de l’agitation incessante que connaissent les grandes artères de la ville. Quand ils ne slaloment pas entre les voitures, ils attendent devant les grandes enseignes de fastfood et de plus en plus de restaurants, les yeux rivés sur leurs smartphones.
Ils sont impatients : leur revenu dépend de leurs délais de livraison. Dans leur jargon, ils disent attendre que “ça sonne”. Que Jumia Food, Glovo ou Yassir leur propose une course. Poussés à optimiser les trajets par des algorithmes impassibles, ces coursiers sont un danger pour eux-mêmes et pour les autres, car forcés d’aller toujours plus vite pour maximiser des revenus qui restent malgré tout maigres.
Plongée dans le monde de ces livreurs dont on croise souvent le regard, au détour d’un croisement ou d’un palier de porte, quelques secondes, sans jamais vraiment les voir… Certains ont bien voulu livrer à TelQuel à chaud l’amère réalité de leur quotidien. Témoignages.
Que ça pleuve ou que ça chauffe
“Pas de temps à perdre”. Les burgers doivent être livrés en vingt minutes chrono, avec de nombreuses consignes à respecter. “Il faut livrer rapidement, sinon on risque une mauvaise note. Le trajet est imposé. Si je ne respecte pas les consignes de Glovo, je serai lourdement sanctionné”, se plaint Mounir*, un jeune livreur casablancais que nous avons croisé entre McDo et KFC, dans la rue animée de Kadi Iass, en plein centre du quartier Maârif, à Casablanca. Lire la suite…