Le producteur El Houssine Hnine et le réalisateur Mohamed Zeghou ont bouclé le tournage du documentaire “Tagzzayt”, où ils tentent de déchiffrer les symboles des tatouages sur le corps des femmes amazighes. Une fusion entre documentaire et fiction, inspirée par la sœur du réalisateur, dont le tournage a eu lieu dans plusieurs régions et auprès de différentes tribus du royaume : Ait Sgrochen, Khemisset, Tiflet, Khénifra, Al Hoceima, Tinghir, Kelaat Mgouna et Taroudant.
“L’idée du film m’est venue de l’histoire de ma sœur qui a retiré son tatouage à Paris en raison de son interdiction par l’islam” explique Mohamed Zeghou à TelQuel.
“Les tatouages amazighs identifient la culture de la région. On ne peut trouver nulle part ailleurs des tatouages sur le visage des femmes avec les mêmes symboles. C’est une spécificité amazighe qui n’est présente qu’en Afrique du Nord, précise-t-il. Cette culture a commencé à disparaître en raison de son interdiction par l’islam”, ajoute le réalisateur.
“La mémoire des tatouages”
Dès les années 1960-1970, les tatouages ont commencé à disparaître progressivement, et la dernière génération qui porte ces symboles sur le corps est aujourd’hui la génération des grands-mères. “Le documentaire montre les dernières caractéristiques de la tradition des tatouages au Maroc, à travers les récits chaleureux de ces grands-mères. Une mémoire et une culture qui ont duré des siècles, et qui ont commencé à disparaître avec leur départ”, souligne El Houssine Hnine, le producteur du film.
“Il était dur d’emmener toutes ces femmes âgées qui ont partagé leurs expériences dans les différents lieux de tournage et de les adapter à ses conditions”, poursuit-il.
Concernant le choix du titre, le réalisateur du film a indiqué que “Tagzzayt” (mémoire d’un corps) “vient de l’idée que toute femme tatouée transporte l’histoire d’une culture sur son corps”, même si aujourd’hui, “les femmes qui ont les moyens l’ont retiré par l’entremise du laser, tandis que les autres le laissent jusqu’à ce que leurs corps tatoués meurent, témoins de cette coutume passée”.
“Mettre en valeur l’identité marocaine”
“Tagzzayt” se distingue des autres productions de Mohamed Zeghou par le fait qu’il est “le premier film où le réalisateur a établi une relation personnelle avec les femmes qui y ont participé pour les convaincre de raconter leurs histoires et dévoiler une partie de leur intimité au public. Aussi, c’était une occasion pour mettre en valeur la culture amazighe et cette identité marocaine”, précise le réalisateur.
Le binôme, El Houssine Hnine et Mohamed Zeghou, promet de continuer à travailler sur le même genre de film pour dévoiler différents aspects de la culture amazighe, qui constitue une partie du patrimoine marocain.
L’avant-première de “Tagzzayt” se tiendra le 17 septembre 2022 au Grand Rex à Paris.