L'UE met en garde Alger après ses menaces de représailles contre Madrid

L'Union européenne a mis en garde vendredi Alger contre les conséquences des restrictions commerciales imposées à l'Espagne, mais ces mesures ont été démenties par la mission algérienne auprès de l'UE.

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Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares. Crédit: Kenzo Tribouillard / AFP

L’Algérie a suspendu ce mercredi 8 juin le « traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération » conclu en 2002 avec l’Espagne, après un revirement de Madrid sur le Sahara qui l’amène à soutenir la position du Maroc, au grand dam d’Alger, principal soutien du Front Polisario.

Dans un communiqué commun, le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell et le vice-président de la Commission en charge du Commerce Valdis Dombrovskis ont jugé cette décision « extrêmement préoccupante ».

« Nous évaluons les implications des actions algériennes », notamment l’instruction donnée aux institutions financières « d’arrêter les transactions entre les deux pays, qui semble être en violation de l’accord d’association UE-Algérie, en particulier dans le domaine du commerce et de l’investissement », ont-ils précisé.

« Cela conduirait à un traitement discriminatoire d’un Etat membre de l’UE et nuirait à l’exercice des droits de l’Union au titre de l’accord », ont souligné les deux responsables européens, après une réunion à Bruxelles avec le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares.

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Ainsi, l’UE « est prête à s’opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l’encontre d’un Etat membre », ont-ils menacé.

L’Algérie a déploré vendredi soir « la précipitation avec laquelle la Commission Européenne a réagi, sans consultation préalable, ni vérification aucune auprès du gouvernement algérien ».

La mission de l’Algérie auprès de l’UE a regretté que la Commission « ne se soit pas assurée que la suspension d’un Traité politique bilatéral avec un partenaire européen, en l’occurrence l’Espagne, n’affecte ni directement, ni indirectement ses engagements contenus dans l’Accord d’Association Algérie-Union Européenne ».

« S’agissant de la prétendue mesure d’arrêt par le Gouvernement des transactions courantes avec un partenaire européen, elle n’existe en fait que dans l’esprit de ceux qui la revendiquent et de ceux qui se sont empressés de la stigmatiser », a ajouté la représentation algérienne dans un communiqué.

Alger a en outre démenti toute interruption des livraisons de gaz à l’Espagne. « L’Algérie a déjà fait savoir par la voix la plus autorisée, celle de Monsieur le Président de la République, qu’elle continuera à honorer tous ses engagements pris dans ce contexte, à charge pour les entreprises commerciales concernées d’assumer l’ensemble de leurs engagements contractuels », précise le communiqué.

« Le souhait de l’Espagne est que le différend soit résolu le plus rapidement possible par le dialogue et par les voies diplomatiques normales », a affirmé le ministre espagnol. Mais nous « défendrons fermement nos entreprises et les intérêts de l’Espagne, qui sont aussi des entreprises de l’UE » et qui portent « les intérêts de l’UE », a-t-il averti.

Josep Borrell avait également appelé ce jeudi les autorités algériennes à « revenir sur leur décision ».« L’Algérie est un partenaire important de l’UE en Méditerranée et un acteur clé pour la stabilité régionale. Nous espérons qu’au nom de notre partenariat solide et à long terme, une solution rapide sera trouvée pour rétablir pleinement les relations commerciales et d’investissement », ont conclu Josep Borrell et Valdis Dombrovskis.