Elon Musk prêt à réintégrer Donald Trump sur Twitter

Le 10 mai, Elon Musk s’est dit prêt à lever la suspension définitive du compte de Donald Trump sur Twitter décidée après l’attaque du Capitole, suscitant des réactions contrastées entre défenseurs de la liberté d’expression et militants craignant un déferlement de propos haineux sur la plateforme.

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Elon Musk, nouveau patron de Twitter, et Donald Trump, ex-président des États-Unis. Crédit: Nicholas Kamm et Brendan Smialowski / AFP

Je pense que (la mise à l’écart de l’ancien président) était une erreur, car cela a aliéné une grande partie du pays et n’a finalement pas empêché Donald Trump de se faire entendre” puisqu’il est maintenant sur son propre réseau social, a déclaré Elon Musk lors d’une conférence organisée par le Financial Times.

Une décision “mauvaise moralement”

La décision de Twitter était “mauvaise moralement”, et les interdictions définitives devraient être “extrêmement rares” et réservées par exemple aux faux comptes, a-t-il affirmé lors de son intervention vidéo.

Le multimilliardaire a proposé en avril de racheter Twitter pour 44 milliards de dollars, avec la volonté affichée d’en faire un bastion de la liberté d’expression, qu’il juge bafouée par une modération des contenus trop stricte. Il s’était jusqu’à présent abstenu d’évoquer le sort qu’il comptait réserver au compte de l’ancien président si l’opération était bien menée à son terme.

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Jusqu’à sa mise à l’écart le 8 janvier 2021, Donald Trump utilisait Twitter comme son principal outil de communication et comptait plus de 88 millions d’abonnés. La plateforme a décidé de l’ostraciser quelques jours après l’attaque violente du Capitole vouée à contester l’élection de Joe Biden, estimant que ses tweets pouvaient inciter à la violence.

La porte ouverte aux propos haineux ?

S’il autorise Donald Trump à revenir, “Elon Musk ouvrirait les vannes aux propos haineux et à la désinformation sur Twitter”, redoute Angelo Carusone, directeur de l’ONG Media Matters for America. En effet, d’autres personnalités, y compris d’extrême droite, seraient autorisées à revenir sur Twitter. Et cela créerait une “pression perverse” sur les autres réseaux sociaux comme Facebook, “déclenchant de fait une course vers les bas-fonds”, craint-il.

Pour l’association de défense des droits civiques ACLU, autoriser l’ancien président à revenir sur Twitter serait au contraire “la bonne décision à prendre”“Que ça nous plaise ou non, Trump est l’une des personnalités politiques les plus importantes du pays” et doit à ce titre pouvoir se faire entendre, a affirmé son directeur Anthony Romero.

Donald Trump a lui-même exclu de revenir sur le réseau social, affirmant vouloir rester sur la plateforme Truth Social qu’il a lancée en février, une plateforme peinant toutefois à prendre de l’ampleur.

“Je pense que les bannissements permanents sapent fondamentalement la confiance dans Twitter en tant que place publique où tout le monde peut exprimer son opinion”

Elon Musk

Lever le bannissement de l’ancien président “ne veut pas dire que n’importe qui peut dire ce qu’il veut, s’ils disent quelque chose d’illégal ou de destructeur pour le monde”, a souligné Elon Musk. “Mais je pense que les bannissements permanents sapent fondamentalement la confiance dans Twitter en tant que place publique où tout le monde peut exprimer son opinion”, a-t-il relevé en évoquant sa préférence pour des suspensions temporaires ou la suppression des tweets les plus problématiques.

Elon Musk a aussi estimé que Twitter était “politiquement biaisé à gauche”, car basé à San Francisco, et devrait être “plus impartial”.

Selon un sondage publié en janvier par la fondation Knight et Ipsos, seuls 41 % des 4000 Américains interrogés estiment que les réseaux sociaux ont privé Donald Trump de son droit à la liberté d’expression en supprimant ses comptes. Les opinions divergent toutefois fortement en fonction de l’appartenance politique puisque cette proportion s’élevait à 77 % chez les Républicains, contre 40 % chez les indépendants et 12 % chez les démocrates.

Un message à clarifier

Pour la directrice de l’organisation de défense de la liberté d’expression PEN America, Suzanne Nossel, l’homme d’affaires doit clarifier son message. “Est-il en train de dire que rien de ce que Trump, ni personne d’autre, pourrait tweeter, ne constituerait un motif de renvoi permanent ? (…) Dit-il qu’un président en exercice incitant ses partisans à la violence ou à l’insurrection est une pratique acceptable sur Twitter ?” s’est-elle interrogée.

“Dit-il qu’un président en exercice incitant ses partisans à la violence ou à l’insurrection est une pratique acceptable sur Twitter ?”

Suzanne Nossel, directrice de PEN America

Dans une lettre adressée la semaine dernière aux annonceurs présents sur le réseau social, une coalition emmenée par Media Matters for America, Access Now et Ultraviolet, leur affirmait : “Sous le contrôle de Musk, Twitter risque de devenir un cloaque de désinformation”, “Votre marque y sera associée”, y ajoutaient-ils en les appelant à boycotter la plateforme si certains critères n’étaient pas respectés.