Invitée par l’Amaquen, Najat Vallaud-Belkacem dessine les contours de l’école de demain

L’ancienne ministre française de l’Éducation nationale est revenue, dans un live diffusé sur YouTube le 10 novembre, sur les principaux défis de l’école de demain. Elle défend une école ouverte sur la société, à même d’accompagner les évolutions de la société.

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Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre française de l'Éducation nationale. Crédit: Alain Jocard / AFP

Que serait une école dans laquelle l’on a suffisamment préparé tous les attendus, tous les besoins de base pour que, ensuite, chaque enfant puisse s’y développer au mieux de ses envies et des ressources qu’il acquiert” ? C’est à la fois le point de départ et le croquis du système éducatif de demain que Najat Vallaud-Belkacem a tenté d’esquisser.

Invitée à faire part de son expérience en la matière par l’Association marocaine pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement (Amaquen), l’ancienne ministre française de l’Éducation nationale a égrené les pistes de réflexion, ce mercredi 10 novembre, à l’occasion d’un live diffusé sur YouTube.

“L’école est à l’avant-garde des changements culturels et de mentalités”, assène-t-elle. Fervente défenseure de l’égalité des chances, elle y trace plusieurs enjeux pédagogiques, de l’évolution du métier d’enseignant à l’irruption du numérique dans les modes d’apprentissage, voire de l’ouverture de l’école sur la société.

Interroger les acquis

À ses yeux, le sujet des ressources humaines doit occuper une place de choix dans la mise en place d’une politique publique dans le secteur. “La question de la formation, mais aussi de la carrière des enseignants est au cœur de tous les changements que l’on souhaite apporter à un système éducatif”, balaye-t-elle d’emblée.

“La question de la formation, mais aussi de la carrière des enseignants est au cœur de tous les changements que l’on souhaite apporter à un système éducatif”

Najat Vallaud-Belkacem

Ministre de l’Éducation entre août 2014 et la fin du quinquennat socialiste de François Hollande, en mai 2017, la native de Beni Chiker explique “avoir mis un point d’honneur” à lancer de grands chantiers en matière de formation enseignante : “Tous les travaux de recherche, ainsi que les comparaisons internationales montrent bien que la qualité des enseignements constitue le premier facteur de l’amélioration des apprentissages des élèves”.

Un enjeu d’autant plus important que le métier d’enseignant est amené à évoluer avec son temps. “Il ne s’agit plus seulement de la transmission des savoirs, désormais permise par d’autres canaux, détaille celle qui délivre également des cours à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), établie à Benguerir. Les enseignants sont attendus pour former leurs élèves à de nouvelles compétences. Comme le fait d’apprendre à apprendre, mais aussi de penser et communiquer dans un monde connecté, ou le fait de savoir observer et comprendre le monde”.

Si elle évoque la nécessité, pour des élèves, de régulièrement “interroger” les acquis appris lors du parcours scolaire, elle défend également l’entrée précoce à l’école “dès l’âge de deux ou trois ans”.

Préscolaire, co-éducation et codage

L’accès à l’école dès les premières années permet aussi, selon Najat Vallaud-Belkacem, de lutter “contre les inégalités sociales”, notamment dans des environnements sociaux jugés défavorisés.

“Toute la philosophie de l’école doit être tournée vers la réussite éducative pour le plus grand nombre. Nous devons allouer les moyens et faire les efforts là où il y a des difficultés, pour tirer vers le haut” ceux qui sont dans cette position. L’occasion de défendre la démocratisation de l’enseignement supérieur mais aussi une meilleure répartition de la carte éducative, afin d’affecter tous les territoires. Notamment “dans un pays comme le Maroc où la ruralité est moins lotie en termes d’accès à l’éducation”.

Une école dans le village de Taghzirt, au sud de Marrakech, en 2016.Crédit: Fadel Senna / AFP

Elle se dit aussi partisane d’une école plus ouverte sur la société et d’appeler à une co-éducation qui verrait les parents davantage associés à la vie de l’école : “Les enfants comprenant que parents et professeurs sont sur la même longueur d’onde, soudain ne sont plus dans cette espèce de dissonance cognitive.”

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L’enseignement innovant de l’informatique et le sujet du numérique dans le bagage pédagogique ne sont pas en reste, pour celle qui dit “beaucoup croire” à cette question, malgré les idées préconçues à ce sujet. “Il y a toujours une forme de méfiance à l’égard du numérique, où l’on peut croire que l’école va mettre des enfants devant des écrans qui vont les absorber”, note-t-elle.

Aux yeux de l’ex-ministre, il s’agirait plutôt de comprendre l’environnement numérique, mais aussi l’apprentissage du code à l’école, autant de nouveaux acquis indispensables dans le monde de demain.