La société israélienne spécialisée dans la vente de logiciels-espions NSO Group a été placée, ce mercredi 3 novembre, sur liste noire par le département du commerce américain. Une décision qui soumet la start-up israélienne à d’importantes restrictions au motif qu’elle constitue une sérieuse menace pour la sécurité nationale des États-Unis, a annoncé le ministère américain du Commerce dans un communiqué. Une liste où figure également l’entreprise chinoise Huawei.
Le groupe israélien NSO, concepteur du logiciel espion Pegasus, s’est dit “consterné” par la décision des États-Unis de le placer sur sa liste noire des entreprises menaçant la sécurité nationale. “Le groupe NSO est consterné par la décision” des États-Unis et “travaillera pour faire en sorte que cette décision soit changée”, a déclaré dans un message à l’AFP un porte-parole de cette société, en banlieue de Tel-Aviv.
“Nous comptons présenter l’ensemble des informations montrant que nous avons les programmes de conformité et de (respect) des droits de l’Homme les plus rigoureux et qui sont fondés sur les valeurs américaines que nous chérissons profondément”, a ajouté le porte-parole.
Nombreuses annulations
Selon lui, ces normes ont mené à de “nombreuses” annulations de contrats avec des agences gouvernementales ayant “détourné (leurs) produits” de leur objectif initial.
Le groupe NSO et les autorités israéliennes estiment que ce logiciel ne doit servir qu’à des activités de lutte antiterroriste ou contre des criminels
Le logiciel Pegasus, vendu à des gouvernements étrangers avec l’approbation du ministère de la Défense israélienne, permet de récupérer les messages, photos, contacts, et d’activer à distance les micros d’un smartphone. Le groupe NSO et les autorités israéliennes estiment que ce logiciel ne doit servir qu’à des activités de lutte antiterroriste ou contre des criminels.
Mais NSO s’est retrouvé exposé cet été après des enquêtes publiées par un consortium de 17 médias internationaux, révélant que son logiciel Pegasus aurait permis d’espionner les numéros de journalistes, hommes politiques, militants ou chefs d’entreprises de différents pays, y compris le président français Emmanuel Macron.
Des révélations qui plaçaient le Maroc parmi les différents pays à avoir eu recours au logiciel. Des accusations “dénuées de tout fondement” que le Maroc avait “rejetées et condamnées catégoriquement”. Le royaume a déposé plusieurs plaintes, en France, contre différents médias et ONG.
D’après le ministère américain du Commerce, ce programme informatique a permis “à des gouvernements étrangers de faire de la répression au-delà de leurs frontières (…) pour réduire au silence toute voix dissonante”.
Rencontre Macron-Bennett en marge de la COP26
Le Premier ministre israélien Naftali Bennett avait d’ailleurs discuté lundi à Glasgow, en marge de la conférence sur le climat, avec Emmanuel Macron de la société NSO, selon une source diplomatique à Jérusalem.
“Les deux dirigeants se sont entendus sur le fait que cette question doit continuer d’être traitée de manière discrète et professionnelle, et dans un souci de transparence entre les parties”, selon cette source.
Dimanche, NSO avait annoncé que son fondateur Shalev Hulio quittait son rôle de PDG pour devenir “président mondial” et vice-président du conseil d’administration. Il est remplacé par Isaac Benbenisti.
(avec AFP)