Ce week-end s’ouvrira un grandiose ballet des nations à Rome. Il est l’heure, pour les plus riches de ce monde, d’entrer dans la danse pour apporter des solutions concrètes aux enjeux majeurs auxquels l’humanité est confrontée.
Force est de constater que toute décision prise lors de ce forum de gouvernance mondiale pèsera sur notre avenir. Les chiffres qui l’illustrent sont étourdissants : les pays du G20 constituent les deux tiers de la population mondiale, représentent 85 % du PIB mondial, 75 % du commerce mondial ainsi que 80 % de l’investissement global.
Quatre priorités, ô combien primordiales, détermineront la capacité du monde à retrouver le chemin d’une relance verte et équitable après deux années de pandémie foudroyante.
Faire des vaccins contre le Covid-19 un “bien public mondial”
Le monde est scindé entre les grandes puissances, qui s’apprêtent à injecter une troisième dose de vaccin à leur population, et les pays pauvres, qui n’en ont pas. Tandis que six milliards de doses de vaccins contre le Covid-19 ont été administrées à travers le monde, seuls 3 % l’ont été dans les pays à faible revenu, contre près de 70 % en France.
Il est temps que le G20 se fixe comme objectif de vacciner au moins 70 % de la population de chaque pays d’ici le milieu de l’année prochaine. Il incombe à ces dirigeants de publier les calendriers de livraison et de s’engager à livrer un milliard de doses de vaccin contre le Covid-19 d’ici la fin de l’année aux pays qui en ont le plus besoin.
Par ailleurs, les membres du G20 pèsent assez sur la scène internationale pour exiger que l’industrie pharmaceutique soit plus transparente. Combien de doses les laboratoires pharmaceutiques produisent-ils ? À qui ces doses sont-elles destinées, sous quelles conditions et à quel prix ? Quand les vaccins seront-ils livrés ?
Il est aussi primordial que le G20 comble le fossé qui divise les partisans d’une levée temporaire des brevets sur les vaccins contre le Covid-19 et ses détracteurs. Faire des vaccins contre la Covid-19 un “bien public mondial” n’est pas seulement une question de santé publique. C’est également un impératif moral et politique.
L’avenir de la planète ne devrait pas être source de débat
Les pays du G20 sont les plus importants pollueurs de la planète, à l’origine des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre. S’ils ne prennent pas, aujourd’hui, les mesures nécessaires pour réduire leurs émissions de CO2, le monde continuera de se réchauffer au-delà des 1,5 degré et les phénomènes météorologiques extrêmes décimeront des communautés entières.
Rappelons aux dirigeants du G20 que les pays pauvres sont les plus vulnérables au changement climatique alors qu’ils ne sont responsables que d’une infime partie des émissions de CO2. Après une décennie d’inaction, il est temps que les plus puissants de ce monde honorent leur engagement à mobiliser, enfin, 100 milliards de dollars par an pour aider les nations les plus démunies à lutter contre la crise du climat.
Pour parvenir à des émissions de gaz à effet de serre nulles d’ici 2050, les pays du G20 pourraient supprimer progressivement les subventions aux combustibles fossiles d’ici 2025, cesser toute construction de centrales électriques brûlant du charbon et s’engager à préserver, planter et restaurer 1000 milliards d’arbres d’ici 2030.
Assurer une relance équitable
Résoudre les défis les plus urgents, tels que la pandémie de Covid-19 et le changement climatique, nécessite de repenser radicalement leurs méthodes de financement.
Il y a peu, le FMI a pris la décision historique d’allouer 6,5 milliards de dollars pour contribuer à lutter contre les répercussions de l’épidémie. Ces Droits de tirages spéciaux (DTS) sont un instrument monétaire unique utilisé en temps de crise.
Ironie du sort, les pays du G20 sont les premiers bénéficiaires de ces fonds alors qu’ils n’en ont guère besoin. À l’instar du président Macron, qui a annoncé que la France réorienterait 20 % de ses DTS vers l’Afrique, les grandes puissances ont l’opportunité de les redistribuer aux pays les plus pauvres, à hauteur d’au moins 100 milliards de dollars, pour amorcer une véritable relance mondiale.
Enrayer la crise alimentaire
La pandémie de Covid-19 a plongé des millions de personnes dans la pauvreté tandis que la faim augmente toujours dans certaines régions du monde. On estime, aujourd’hui, que 41 millions de personnes sont au bord de la famine, soit les deux tiers de la France.
Il est nécessaire que les dirigeants du G20, qui se délecteront à Rome, débloquent 300 millions d’euros d’aide d’urgence pour combattre la crise alimentaire, tout en investissant dans des systèmes alimentaires durables à long terme et en soutenant les petits exploitants agricoles à s’adapter au changement climatique.
Les décisions prises lors de ce ballet des nations à Rome détermineront si le plus grand sommet sur le climat qui s’ensuit, la COP26, offrira une sortie de crise. Il n’y a plus aucune excuse pour ne pas agir et faillir à ses obligations. C’est maintenant ou jamais.