Vingt-huit mois après la démission de l’ex-président allemand Horst Köhler, officiellement pour des “raisons de santé”, le poste d’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU au Sahara est désormais de nouveau occupé.
Dans les tuyaux depuis plusieurs semaines, la nomination de l’Italo-Suédois Staffan de Mistura vient d’être officialisée, après avoir reçu l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies récemment, et celui, plus tôt, du Polisario et du Maroc.
“Le nouvel envoyé personnel fournira ses bons offices au nom du secrétaire général (Antonio Guterres, ndlr), indique l’ONU dans un communiqué. Il travaillera avec tous les interlocuteurs concernés, y compris les parties, les pays voisins et les autres parties prenantes, guidés par la résolution 2548 (2020) du Conseil de sécurité et d’autres résolutions pertinentes.”
Quarante ans d’expérience dans la diplomatie
À 74 ans, ce diplomate chevronné, rodé aux missions sensibles, vient de se trouver un point de chute après “quarante années d’expérience dans la diplomatie et les affaires politiques”, évoque le communiqué. Sa dernière mission l’avait affecté dans le périlleux dossier syrien, pendant plus de quatre ans.
Nommé en juillet 2014 par l’ex-secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, il avait alors pour objectif de trouver un règlement pacifique au conflit syrien, trois années après son déclenchement. Comme ses deux prédécesseurs, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, ou encore l’ancien secrétaire général onusien, le Ghanéen Koffi Annan, il n’a pas réussi à faire avancer significativement les négociations de paix.
Avant d’arriver en Syrie, l’homme avait également été représentant personnel du secrétaire général pour l’Afghanistan et l’Irak, le représentant personnel du Secrétaire général pour le Sud-Liban et le directeur du Centre d’information des Nations unies à Rome. Il a également servi l’ONU à divers postes en Somalie, au Soudan, en Éthiopie et au Vietnam.
Négociation ardue
La nomination d’un successeur à l’Allemand Horst Köhler, qui a terminé sa mission le 22 mai 2019, a été ardue. Depuis son départ, treize candidatures avaient été proposées par le secrétaire général des Nations unies, le Portugais Antonio Guterres. Le nom de Staffan de Mistura avait déjà été soufflé au printemps dernier d’abord, puis en juillet, pour récupérer le dossier du Sahara. Immédiatement accepté par le Front Polisario, le choix du profil s’était heurté au refus du Maroc.
Pour Rabat, l’Italo-Suédois penserait que les négociations devraient être restreintes au Maroc et au Polisario, excluant ainsi l’Algérie que Rabat considère comme partie prenante au conflit, comme l’expliquait une source diplomatique à TelQuel, en juillet dernier. Cela aurait été considéré par la diplomatie marocaine comme un recul par rapport aux discussions de Genève, qui ont vu la participation de l’Algérie et de la Mauritanie.
Sa candidature avait fini par recevoir le feu vert du Maroc, notamment officialisé par une sortie du représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, lors d’un entretien accordé à l’agence MAP. “L’accord du Maroc émane de sa confiance permanente et son soutien constant aux efforts du secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution politique, réaliste, pragmatique, durable et de compromis au différend régional sur le Sahara marocain”, avait estimé l’émissaire chérifien.
Et d’ajouter : “Une fois nommé, de Mistura pourra compter sur la coopération et le soutien, sans faille, du Maroc dans la mise en œuvre de sa facilitation pour le règlement de ce différend régional.”