Chergui, la revue marrakchie qui ne manque pas de souffle

Depuis 2018, la revue marrakchie Chergui apporte de l’air à la photo, à la fiction et aux idées. On attend impatiemment la prochaine livraison.

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Un numéro zéro, deux numéros numérotés : en vert bouteille, en rose bonbon ou en jaune soleil, l’équipe de la revue Chergui, pilotée depuis l’espace d’art “Le 18, Derb El Ferrane” à Marrakech par Laila Hida, souffle le chaud et la fraîcheur sur le domaine des arts.

Initiée dans le prolongement de la plateforme DABAPHOTO dans sa quatrième édition en 2018, Chergui a pris son essor, se donnant à chaque livraison un thème.

Un fil conducteur: faire entendre des histoires inédites, dans trois langues, arabe, français et anglais, en texte ou en image, photo, dessin ou carte à l’appui. Et explorer l’espace, les espaces. Régions, patrimoine et potentialités imaginaires.

Contre les “vies en berne”

Le galop d’essai, c’était avec les textes de Omar Radi et de Kaouthar Oudhriri, qui allaient à la rencontre de l’Oriental. Les “Histoires de l’Est” du premier et “L’image contre l’abandon” de la seconde entraient en résonnance avec les photos fortes et justes de Seif Kousmate, Laila Hida, Mouad Abillat, Frédéric Fourdinier, Mehdy Mariouch et Fatimazohra Serri.

Tous étaient à l’affût du désarroi de la jeunesse marginalisée et des “vies en berne”, et voulaient Chergui comme “l’occasion d’une liaison politique sous forme de digression : de l’Oriental marocain comme objet du photographique aux conditions mêmes de la pratique photographique dans l’Oriental, puis aux conditions plus étendues de l’action culturelle ainsi que son rôle dans le désenclavement, pour l’Oriental et pour le Maroc, largo sensu.

Le numéro 1, en 2019, clamait en couverture “70% fictionality, 30% magenta” et réfléchissait aux espaces et aux communautés réelles et imaginées, traquant avec l’artiste Antonin Ferson l’évanescente Zerzura, “l’oasis des petits oiseaux”, cartographiant avec l’architecte et urbaniste Flore Grassiot et Laila Hida le monde des faux-guides, s’interrogeant avec l’écrivain et traducteur Juan Palao sur les raisons de “L’explosion de la fiction”…

On y lit Hicham Lasri, Ayoub Mouzaine, on y découvre les cartes pleines d’humour de Youness Atbane, M’Barek Bouhchichi et Simo Fettaka. Le curateur Yvon Langué s’interroge : “Qui donc, de l’émetteur ou du récepteur, fictionne plus, ou moins ? N’appartenons-nous pas à la même boucle imaginaire ?

Dans le numéro de 2020, le projet se structure : dossier Amazighité, dossier Melhoun. Nadir Bouhmouch enquête sur le village rasé puis englouti sous les eaux de Tizi N’Zou, dans le Haut-Atlas. Omar Moujan expose les différents genres poétiques amazighs, George Bajalia et Francesca Masoero dissertent sur “l’art de faire des trous dans l’eau”, Meriem Benmhamed recueille des témoignages sur l’art d’être voisin (“Weldi bentek ghir zina, amma lhdaga, gha t3ellemha lha jartha”), Noureddine Zerraf nous invite au “Royaume des livres – nouvelle imaginaire”… Chergui a, dans ses propositions, la saveur de la liberté.

 

Dans le texte.

Sarah Riggs, éditorialiste invitée : “Among Brooklyn School Children”

Sarah Riggs est poétesse, traductrice et réalisatrice. Elle anime avec Omar Berrada l’organisation artistique Tamaas, impliquée dans l’environnement, l’art, la justice et le cinéma.Crédit: DR

“I want to give you something as gentle as the breeze, as strong as sunlight, as intricate and fragile as a snowflake

I want to unpave the streets for you pull down the skyscrapers turn the cars into horses

I want to plant old-growth trees, return species to Manhattan, the rock spike moss, whorled milkweed, elm-leaved goldenrod, and most of all give back land to the Lenape people

I want to undo that 9 of 10 Natives of this land were killed by European Settlers and that the slavery of Africans has not been made into equality

I want Martin Luther King Jr. not to have been assasinated

I want us to hear the quote of King’s on the school door : “Life’s most persistent and urgent question is ‘What are you doing for others’””