Pour amorcer le modèle de développement et accompagner sa mise en œuvre, la Commission considère nécessaire de mettre l’accent sur cinq leviers : le numérique comme levier de transformation rapide, un appareil administratif compétent et efficace, la sécurisation des ressources nécessaires au financement des projets transformateurs, la mise à contribution des Marocains du monde (MDM), et enfin la mobilisation des liens de coopération avec les partenaires extérieurs du royaume. Les détails.
Le numérique
Pour la CSMD, il est urgent d’accorder au numérique un intérêt particulier au plus haut niveau de l’État “comme catalyseur de transformations structurantes et à fort impact”. Il s’agit ainsi d’adopter une stratégie de transformation numérique portée à haut niveau, et de mettre à niveau les infrastructures numériques de haut-débit et très haut débit fixe et mobile et les étendre à l’ensemble du territoire pour réduire la fracture numérique.
La CSMD préconise également de développer des plateformes numériques pour tous les services au citoyen et à l’entreprise, ainsi que des plateformes de participation au niveau central et territorial, de former des compétences suffisantes pour mettre en œuvre cette transformation numérique sur le terrain, et enfin de parachever le cadre légal visant à assurer la confiance numérique des utilisateurs et la souveraineté numérique du royaume, notamment en matière de cybersécurité, de propriété intellectuelle, et de protection des données personnelles.
L’appareil administratif
Deuxième levier nécessaire au lancement du nouveau modèle de développement, l’appareil administratif, que la CSMD considère comme la “cheville ouvrière” de la mise en œuvre d’une partie importante des chantiers de transformation.
Pour cela, l’appareil administratif doit demeurer non partisan, la haute fonction publique nationale et locale doit être renouvelée régulièrement, les procédures administratives doivent être simplifiées et allégées, les entreprises et établissements publics (EEP) devraient être fortement mis à contribution en phase d’amorçage du nouveau modèle, et l’administration devra mettre davantage l’accent sur la qualité du service au citoyen et à l’entreprise.
Le financement du nouveau modèle de développement
Nerf de la guerre, le financement du nouveau modèle de développement (NMD) est le troisième levier développé par la CSMD. Le NMD “requiert la mobilisation de ressources financières conséquentes pour son amorçage et sa mise en œuvre et appelle à une stratégie de financement adéquate”, indique-t-elle.
Selon les évaluations préliminaires faites par la CSMD, les réformes et projets proposés dans le NMD nécessiteront des financements publics additionnels de l’ordre de 4 % du PIB par an en phase d’amorçage (2022-2025) et de l’ordre de 10 % du PIB en rythme de croisière à l’horizon 2030, précise la CSMD.
Il s’agira ainsi de faire appel au financement public et privé, à travers une politique budgétaire alignée aux objectifs du NMD. Cela passera aussi par un recours accru à l’endettement à court terme, par l’amélioration de l’équité fiscale, l’élargissement de l’assiette fiscale ou encore l’intégration du secteur informel. La CSMD préconise également une nette augmentation de la part du secteur privé dans l’investissement.
Les Marocains du monde
Quatrième levier du changement de modèle de développement, les compétences marocaines à l’étranger. Il s’agit, pour la CSMD, de les mobiliser davantage, en mettant en place des approches incitatives favorisant leur attrait pour des profils hautement qualifiés, opérant dans des secteurs de pointe comme les NTIC, la biotechnologie ou les énergies renouvelables.
“Par leur rôle de ‘pont’ entre le marché national et les marchés internationaux, les MDM pourront aider à lever des capitaux, développer de nouveaux partenariats ou accéder à des compétences ou expertises absentes au Maroc, ou encore promouvoir des produits et services marocains”, note la CSMD.
Il s’agira également de renforcer les liens culturels et immatériels avec cette part importante de la population marocaine.
Les partenariats internationaux
Last but not least, la CSMD préconise de renforcer les partenariats internationaux, non seulement au niveau régional (Maghreb) et continental (Afrique), mais aussi avec le voisinage euro-méditerranéen.
Pour ce faire, le Maroc devra répondre à un certain nombre de défis, à savoir devenir une nation numérique, s’ériger en hub régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, devenir le champion régional de l’énergie à bas carbone, acquérir le statut de pôle financier régional de référence et faire du “made in Morocco” un marqueur de qualité, de compétitivité et de durabilité.
Le renforcement de la dimension atlantique de la politique extérieure du royaume devra également être consacré à travers l’approfondissement des liens de partenariats avec les États-Unis, “en mobilisant le plein potentiel du Free Trade Agreement (FTA) et des multiples opportunités commerciales et d’investissement qu’il offre”, note la CSMD.
Les partenariats avec les pays du Golfe et avec les pays émergents (Chine, Inde, Russie…) devront également être renforcés.