Toute ressemblance avec des personnes ayant existé n’est que fortuite. Ou presque. Diffusé depuis le 21 mars (jour du printemps) sur YouTube, le film d’animation Alephia 2053 cartonne sur la plateforme de vidéos. Un mois après sa mise en ligne, le long-métrage d’une heure a déjà été vu plus de 8 millions de fois.
Il faut dire que la société de production libanaise Spring Entertainment a mis le paquet côté réalisation. Cette œuvre, signée par le Libanais Rabi Sweidan et illustrée par son compatriote le dessinateur Jorj Abou Mhaya, s’attaque à un sujet qui risque de faire écho chez beaucoup de téléspectateurs de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
Un air de déjà-vu
Car Alephia 2053, c’est avant tout l’histoire d’une quête de liberté dans un pays imaginaire et cauchemardesque où sévit le dictateur Alef II, après avoir étouffé une révolte populaire quarante ans plus tôt. Entouré de fervents fidèles prêts à toutes les atrocités pour garder la main sur les pauvres Aléphites, le despote va jusqu’à emprisonner ses opposants dans des cages en verre, pour que les habitants du pays voient “le prix de la désobéissance” à sa famille.
Opprimé, le peuple survit à coups de rations alimentaires sous l’œil impitoyable de milliers de caméras et haut parleurs installés partout dans le pays et d’écrans géants retransmettant les discours de propagande du régime.
Dans cette dystopie où le moindre signe de rébellion est réprimé dans le sang, la révolution s’organise de manière souterraine et l’attaque, film d’anticipation oblige, sera informatique. L’exécution d’un jeune homme épris de justice et de liberté va venir chambouler tout le système despotique mis en place par la cour d’Alef.
Un film d’animation pour adultes
Torture, pendaison, suicide proche du hara kiri… Disons-le clairement : Alephia 2053 n’est pas à mettre entre toutes les mains, ou plutôt devant tous les yeux. Le film d’animation est avant tout destiné à un public adulte et averti. Pas tant pour le sujet traité (la chute d’une dictature) que pour les scènes sanglantes qui parsèment les 60 minutes du long-métrage.
Mis à part cet avertissement, la durée relativement courte du film et les multiples péripéties et rebondissements tiennent en haleine le public jusqu’au bout. On suit également avec intérêt la prise de conscience de l’un des caciques du régime qui, après avoir renié une partie de sa famille, va peu à peu se retourner contre le chef suprême et entraîner avec lui une des actrices-clés du régime sanguinaire.
Place aux femmes
L’un des points forts du film d’animation, outre sa réalisation bien huilée, réside dans le choix des personnages. Si la dichotomie est de mise — le riche et tyrannique Alef II face aux pauvres et opprimés Aléphites —, l’accent a été particulièrement mis sur les personnages féminins.
Il y a d’abord la jeune Layla, qui tente de résister au régime tyrannique et dont le propre frère est l’un des membres éminents des services de renseignement d’Alef II. Puis la belle Soumaya, qui travaille également pour les services de renseignement et se fait violenter par le fils du dictateur à qui elle est promise. Et enfin Dalal, professeure chargée malgré elle de l’endoctrinement idéologique des jeunes Aléphites, qui n’a cependant rien perdu de la verve de sa jeunesse révolutionnaire.
Trois femmes, trois générations, qui subissent chacune les affres du régime, mais qui défendront leur honneur jusqu’au bout.