Le synopsis :
Dans le Bangkok des années 1970, entre deux volutes de pétard et quelques grammes de substances illicites, navigue un séduisant trafiquant de pierres précieuses qui sévit sous le nom d’Alain Gautier. Un pseudonyme derrière lequel se cache Charles Sobhraj, mythique et pas moins réel tueur en série français, né en Indochine dans les années 1940. Ce dernier a fait parler de lui pendant des décennies pour avoir drogué, séquestré et tué des jeunes hippies baroudeurs entre la Thaïlande, l’Inde et le Népal, ce qui lui a valu plusieurs séjours en prison.
Avec sa complice et amante québécoise Marie-Andrée Leclerc, rebaptisée “Monique”, l’escroc, qui termine aujourd’hui sa vie derrière les barreaux d’une prison népalaise, empoisonne de jeunes touristes occidentaux insouciants à coups de poudre toxique avant de les détrousser et de les assassiner.
Le meurtre d’un couple de Hollandais pousse un jeune diplomate des Pays-Bas installé dans la capitale thaïlandaise, Herman Knipennberg, à enquêter sur ces crimes qui ne semblent pas inquiéter outre mesure la police locale, sans doute corrompue. Aidé d’un jeune couple de Français qui échappe de peu au stratagème machiavélique d’Alain Gautier/Charles Sobhraj, le diplomate part sur les traces du serial killer, à ses risques et périls…
Pour : Un voyage haletant à travers l’Asie des seventies
En huit épisodes, la série réalisée par Richard Warlow et Toby Finlay réussit, et ce n’est pas rien en ces temps de semi-confinement, à nous faire voyager très loin. Le dépaysement est total. Décors, costumes, musique… On s’immerge complètement dans le continent asiatique version seventies.
On transpire dans l’humidité de Bangkok, on est bousculés dans les foules grouillantes de Bombay et Katmandou, on s’immisce dans les bas-fonds de Pattaya et Karachi… Un voyage haletant à travers l’Asie sous toutes ses coutures et couleurs, qui s’étend même jusqu’à Paris pour quelques scènes – un peu romancées – avec la Tour Eiffel comme toile de fond.
Portée par le duo Charles Sobhraj (Tahar Rahim) et Marie-Andrée Leclerc (Jenna Coleman), secondés par leur homme de main Ajay Chowdhury (Amesh Edireweera), la série retrace avec brio l’histoire hors normes et effrayante du tueur en série et de ses comparses complètement soumis à son emprise. Le scénario tient en haleine et les épisodes, qui alternent entre flashbacks et cliffhangers, se dévorent rapidement. On en sort subjugués par la facilité avec laquelle le meurtrier a réussi à amadouer tout le monde et à trouver, à chaque fois, une porte de sortie.
Contre : Une interprétation et une narration hasardeuses
Si l’on tire sans hésiter notre chapeau à certains seconds rôles de la série, notamment le jeune diplomate hollandais campé par Billy Howle, qui s’investit corps et âme dans sa quête du tueur quitte à en perdre quasiment la raison, et à l’une de ses acolytes dans cette affaire, la touriste française Nadine Gires interprétée par Mathilde Warnier, on ne peut malheureusement pas en dire autant des deux acteurs principaux, à savoir Tahar Rahim et Jenna Coleman.
Le premier, qui avait pourtant crevé l’écran dans Un Prophète de Jacques Audiard (2009), peine à susciter un quelconque sentiment, que ce soit de l’antipathie ou de l’empathie. Difficile alors de cerner le personnage et d’atteindre les profondeurs de son âme meurtrière. Quant à sa complice, sans remettre en cause ses indéniables talents d’actrice, on s’interroge encore sur le choix d’une Britannique ne parlant pas un mot de français pour camper une Québécoise francophone… Son accent british à couper au couteau rend ses interventions en français peu crédibles (et peu audibles).
Enfin, les incessants flashbacks et flashforwards tout au long de la série desservent la narration et finissent par brouiller le spectateur qui doit reconstituer comme il le peut le puzzle du parcours trépidant du serial killer. Dommage, tous les ingrédients d’une bonne mini-série étaient pourtant là.