Dark, la série de toutes les sensations

Suspense, métaphysique, intrigues et rebondissements à la pelle, la série allemande ‘Dark’ est un choc hypnotique.

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Dark
Dans ‘Dark’, quatre familles d’une ville allemande sont affolées par la disparition de trois enfants dans une forêt. Crédit: DR

Beaucoup d’entre nous croient que le temps est linéaire. La distinction entre le passé et le présent n’est qu’une illusion, aussi tenace soit-elle. Hier, aujourd’hui et demain ne se succèdent pas. Ils sont connectés dans un cycle sans fin. Tout est connecté”.

Une voix off envoûtante qui nous prend d’emblée dès les premières minutes de la série. Cet ensorcellement s’accentue avec le plan qui l’accompagne : un mur en béton sur lequel sont attachés des femmes, des hommes, des enfants, des papiers…

Dark
Dark (2017- 2020), série réalisée par Baran bo Odar et écrite par Jantje Friese.

Les plus futés se diront qu’il s’agit d’une énième œuvre consacrée au voyage dans le temps. Fausse piste.

S’il s’agit bien de voyage à travers le temps, la grande différence (sur laquelle sont construites les trois saisons de la série), c’est qu’on évolue dans un seul espace-temps. Une seule dimension.

Oublions la théorie des trous de verre qui permettraient le voyage dans divers espaces-temps ou encore l’effet papillon. La particularité de cette série, et son côté inédit, résident dans le fait qu’elle imagine que le futur n’a aucune répercussion sur le présent et que le passé n’engendre aucun effet sur le moment présent.

La première saison nous laisse croire à une science-fiction classique. 2019, dans une ville fictive allemande, Widen, quatre familles sont affolées par la disparition de trois enfants dans une forêt.

Petit à petit, on commence à tisser les liens et à comprendre que la centrale nucléaire située au bord de la ville y est pour quelque chose.

Au cours des épisodes, les personnages du passé (1953 et 1986), du présent (2019) et du futur (l’apocalypse) vont s’entrecroiser. Mais une autre originalité de cette série est de ne pas poser la question du comment voyagent-ils ? Mais plutôt celle du quand.

Un cycle où le début est une fin en soi

C’est une œuvre où chaque plan et chaque dialogue a son importance. Tout ce qui est dit et filmé donne une meilleure compréhension de ce qui se trame dans la dernière saison.

Le propos, compliqué de prime abord, de cette série commence au fur et à mesure à gagner en clarté. Ainsi on devinera le pourquoi des disparitions, les commanditaires et les phénomènes qui se cachent derrière la capture des enfants…

Est-il possible pour nous de changer le cours des choses ou sommes-nous tous condamnés à vivre dans un éternel retour?

De même, on ne comprend que vers la fin de la saison 3 la question fondamentale que se posent les showrunners de Dark : est-il possible pour nous de changer le cours des choses ou sommes-nous tous condamnés à vivre dans un éternel retour ?

Une question complexe qui s’illustre dans chacun des épisodes écrits à la manière d’un labyrinthe cyclique.

Un procédé narratif qui, heureusement, se dilue grâce à une mise en scène simple et d’une grande élégance. De quoi nous rappeler le style gothique de la peinture allemande.

Outre son côté SF, Dark décortique également le vide existentiel dans lequel vit l’homme contemporain, ainsi que la solitude à laquelle il fait face au quotidien.

En témoigne le déchirement dans lequel vivent les quatre familles de la série. Réalisme, suspense, onirisme…

Dark opère un mélange des genres afin de nous offrir un spectacle hautement émotionnel. À consommer sans modération.