Le ftour avec... Lahcen Daoudi : “J’ai horreur de la télé. Pour l’animation, j’ai mes petits-enfants”

Dirigeant du PJD, ancien ministre et professeur universitaire, Lahcen Daoudi nous raconte ses petites habitudes ramadanesques à l’heure du ftour, et bien plus. Entretien.

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Lahcen Daoudi. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

TelQuel : Ces premiers jours de ramadan n’ont pas été de tout repos sur la scène politique. Diriez-vous que les acteurs politiques se font emporter, eux aussi, par la fameuse “tramdina” marocaine ?

Lahcen Daoudi : Le problème, c’est le contenu de la politique. Du bruit, il y en a.  Mais pas de concret, que du bavardage. La population en a assez de la parlotte qui ne rime à rien. Et puis, ça montre que certains leaders politiques ne maîtrisent pas certains dossiers.

Récemment, on a presque l’impression que les démissions et autres transhumances politiques ont doublé la cadence. Comment le PJD gère ses potentiels candidats prêts à claquer la porte ?

Quand vous ouvrez la porte d’entrée, il faut bien qu’il y ait une sortie. Ces dernières années, on a trop ouvert le parti. Automatiquement, il y a des gens qui cherchent des perspectives meilleures s’ils voient que le PJD va dans le flou. D’autres ont des dossiers et veulent se mettre à l’abri, car le PJD n’est pas un bon parapluie. Moi je trouve que c’est normal. Ceux qui restent constituent le noyau dur, tandis que les écorces bougent au gré de la conjoncture et de leurs intérêts personnels. C’est la régression du militantisme qui fait que le personnel politique se voit comme dans un alpage. Et il se laisse paître là où il y a de l’herbe. Le PJD subira plus ce phénomène s’il s’ouvre davantage.

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N’était-ce pas stressant de suivre l’évolution de l’offre et de la demande durant le mois sacré lorsque vous étiez ministre des Affaires générales ?

Les fake news nous posaient problème, car ça se propage vite. Et puis il y a cette culture de la triche dans les souks. Il y a la pauvreté, l’ignorance, et beaucoup d’ingrédients qui amènent à ces pratiques. Et puis, tout le monde veut consommer des produits hors saison.

Revenons à vos habitudes ramadanesques. Avant le ftour, vous êtes plutôt sport ou canapé ?

En dehors du ramadan, je fais huit kilomètres de marche, dont quatre le matin, et quatre l’après-midi. Pendant le ramadan, j’ai réduit à quatre seulement, vers midi si je pars à la plage. Sinon c’est avant le ftour dans mon quartier.  Mes quatre kilomètres sont sacrés.

Et lorsque le ftour approche, vous êtes derrière les fourneaux ou déjà à table ?

À table pour un quart d’heure ou vingt minutes.

À l’heure du ftour, vous dévorez quoi en premier ?

Beaucoup d’eau pour l’organisme.

Vous privilégiez un seul repas ou plusieurs pendant vos soirées ramadanesques ?

Un seul repas, mais c’est du very light. Un potage de légumes, quelques dattes, un œuf beldi et un jus d’orange. La table est pleine, mais j’ai assez mangé durant ma vie.

Et vous vous réveillez pour le shour ?

Je me réveille à 3 h 30. Je m’endors entre 23 h 30 et minuit tout en ayant fait une petite sieste après le ftour. Je prends le shour rapidement, accomplis ma prière et récite le coran. Je me rendors vers 5 h 15 jusqu’à 9 h maximum.

Pour l’animation, vous êtes plutôt télévision ou radio sur fond musical ?

J’ai horreur de la télé. Je regarde juste France24 pour avoir la vision occidentale, Al Jazeera pour l’autre côté de la carte. Sinon, c’est quelques sites pour avoir l’information nationale, puis le groupe PJD pour voir ce qui se passe au sein du parti. Sinon, j’écoute du coran. Pour l’animation, j’ai mes petits-enfants.

Vous ne regardez donc pas de sitcoms ramadanesques ?

Jamais. Parfois des séries ou des documentaires historiques pour trois quarts d’heure. Pas plus.

Vous êtes plutôt lectures spirituelles ou littéraires pendant le ramadan ?

Je fais de l’écoute à la place de la lecture directe. Je ne lis plus beaucoup, car ça me fatigue les yeux.

Vous étiez pour que les cafés restent ouverts après le ftour ?

Personnellement, je ne vais jamais dans les cafés. Mais je plains ceux qui y travaillent avec cette décision très difficile pour eux.

Pareil pour les mosquées ?

Les mosquées sont fermées pour la Farida (le devoir des cinq prières par jour, ndlr) et certains se plaignent de ne pas pouvoir y faire une Sunna. La Sunna peut-être accomplie chez soi. Et les Tarawih font partie de la Sunna. Le prophète nous a bien conseillé de ne pas transformer nos foyers en cimetières où il est interdit de prier. Au dernier ramadan, mon fils et moi avions fini les 60 hizb du coran à la maison.

Est-ce que ramadan change vos habitudes de manière générale ?

Il y a des éléments constants, comme la marche quotidienne. Et puis au ramadan, je divise mes 8 heures de sommeil entre l’avant et l’après shour.