Mohamed Abou El Fadel : “Le gouvernement n’accorde aucune considération au secteur de la restauration”

Les cafés et restaurants sont particulièrement concernés par les restrictions sanitaires du mois du ramadan. Un secteur où les professionnels s’estiment lésés par les autorités locales et nationales.

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Les cafés et restaurants devraient fermer à 19 h pendant le ramadan. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

L’annonce du couvre-feu nocturne durant le mois de ramadan a suscité l’indignation des professionnels de la restauration.  Pour Mohamed Abou El Fadel, secrétaire général de la Fédération marocaine des cafés et de la restauration rapide, et coordinateur de la Confédération marocaine des métiers de bouche, il s’agissait du pire scénario pour le secteur. Il était au micro de Rachid Hallaouy ce 8 avril dans Le Scan, le podcast d’actualité de TelQuel. Voici les principaux points à retenir.

TelQuel : L’annonce du couvre-feu nocturne vous a-t-elle surpris ?

Mohamed Abou El Fadel, secrétaire général de la Fédération marocaine des cafés et de la restauration rapide.Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Mohamed Abou El Fadel : Le gouvernement a choisi le pire scénario. Cela fait un mois que nous demandons au gouvernement de considérer la situation des cafés et des restaurants, et la particularité de l’absence de travail durant la journée pendant ramadan. Nous aurons plus d’éclaircissements durant les jours à venir, mais on s’attend à ce que toute activité commerciale soit suspendue à 19 h.

Il n’y a eu aucune négociation avec les pouvoirs publics. Plusieurs réunions se sont tenues avec le ministère de tutelle (de l’Industrie et du Commerce, ndlr) et avec le ministère de l’Intérieur au sujet des taxes locales notamment, mais nous n’avions aucune marge pour discuter les décisions du couvre-feu.

L’arrêt des activités commerciales à 19 h mettra tout le secteur au chômage. L’année dernière, nous parlions d’un confinement général, pour tous les secteurs. Cette année, seuls les cafés et les restaurants sont touchés.

“L’arrêt des activités commerciales à 19 h mettra tout le secteur au chômage”

Mohamed Abou El Fadel

Étant donné que la situation épidémiologique n’est pas la même sur tout le territoire, nous avons demandé à ce que les décisions se prennent en considérant la situation dans chaque région. Malheureusement, les restrictions sont généralisées sur tout le territoire depuis quelques mois. La pandémie dure depuis plus d’un an, le gouvernement doit commencer à faire preuve de flexibilité et considérer la situation de chaque région.

Les salariés seront-ils indemnisés ?

Nous avons proposé plusieurs scénarios depuis un mois. Le gouvernement avait les siens. À quatre jours du mois sacré, la situation est connue. Aucune indemnité n’a été ordonnée, pour l’instant, pour le secteur des cafés. Pour le futur, nous parlons uniquement de possibilités, mais rien de concret. Nous sommes aujourd’hui habitués aux méthodes de communication de notre gouvernement.

“À part la commune de Laksar Lekbir, aucun représentant local n’a accepté de s’asseoir avec les représentants de notre secteur”

Mohamed Abou El Fadel

En toute honnêteté, le ministre de l’Industrie et du Commerce a tenu ses promesses envers nous avec l’élaboration des contrats-programmes pour les traiteurs et pour les restaurateurs. Cependant, la bureaucratie est très lente. On ne peut s’attendre aux indemnités avant mai. Comment vont faire les salariés pour survivre d’ici là ?

Y a-t-il de réelles menaces de faillite des restaurants?

Les restrictions récentes ont tué l’espoir des gens. Beaucoup de restaurants attendaient le mois de ramadan pour faire bouger le commerce. Selon le HCP, il y a 25 % de fermeture des restaurants et une baisse de 65 % du chiffre d’affaires. La situation risque d’empirer après cette annonce.

Je comprends la situation de l’État, du citoyen, des communes, mais nous voulons que l’on considère aussi la situation du restaurateur. Nous avons reçu les avis de paiement de la taxe professionnelle juste après la fin du confinement, sans aucune exonération, malgré nos tentatives. À part la commune de Laksar Lekbir, aucun représentant local n’a accepté de s’asseoir avec les représentants de notre secteur.

Pour écouter l’intégralité du podcast :