Trump quitte Washington, Biden arrive, une page se tourne

Le président américain Donald Trump a quitté la Maison Blanche et Washington ce 20 janvier, tout en laissant planer la possibilité d’un retour, quelques heures avant la prestation de serment de Joe Biden qui a annoncé l’avènement d’un “jour nouveau” pour l’Amérique.

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Le président après une conférence de presse à la Maison blanche le 12 janvier 2021. Donald Trump y a estimé que son discours devant ses partisans avant l'assaut du Capitole était "totalement approprié". Crédit: Brendan Smialowski/AFP

Le 45e président de l’histoire américaine qui, pendant toute la durée de son mandat, a piétiné tous les usages et, pendant plus de deux mois, refusé d’accepter sa défaite, est parti sans avoir rencontré son successeur à quelques heures de la fin de son mandat.

Depuis la base militaire d’Andrews, il a salué quatre années “extraordinaires” et souhaité “bonne chance” à la nouvelle administration sans jamais prononcer le nom de Joe Biden. Il a promis de revenir “d’une manière ou d’une autre”, entretenant le flou sur ses projets. Il s’est ensuite envolé à bord d’Air Force One pour la Floride où il entamera dans son club de Mar-a-Lago, à 74 ans, sa vie d’ex-président.

Avant de partir, il a néanmoins choisi de respecter au moins une coutume, en laissant une lettre pour Joe Biden, dont la teneur n’a pas été dévoilée. Fait sans précédent depuis 150 ans, il va en revanche bouder la cérémonie d’investiture de son successeur.

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Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton seront, eux, aux premières loges durant ce moment fort de la démocratie américaine prévu à 12 heures (17 heures GMT) avec un dispositif de très haute sécurité qui rend la capitale fédérale américaine méconnaissable.

La journée restera dans les livres d’histoire en particulier en raison de l’accession, pour la première fois, d’une femme à la vice-présidence de la première puissance mondiale. Kamala Harris, 56 ans, deviendra aussi la première personne noire, et d’origine indienne, à occuper cette fonction.

À l’issue d’un mandat marqué par une avalanche de scandales et deux impeachments, Donald Trump quitte le pouvoir au plus bas dans les sondages, coupé d’une partie de son camp horrifiée par les violences du Capitole le 6 janvier dernier. Juste avant de partir, il a gracié 73 personnes, dont son ex-conseiller Steve Bannon, accusé d’avoir détourné des fonds prétendument destinés à la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique.

Un jour nouveau se lève sur l’Amérique

Joe Biden devient à 78 ans le président le plus âgé en début de mandat. Après un demi-siècle en politique, il entend marquer dès le premier jour le contraste — sur le fond comme sur la forme — avec l’ex-homme d’affaires de New York.

Image symbolique pour la “réconciliation” et le “rassemblement” qu’il entend incarner, il a assisté mercredi matin, au moment où son prédécesseur s’envolait pour la Floride, à une messe à la cathédrale Saint-Matthieu de Washington accompagné des chefs démocrates et républicains du Congrès.

“Nous n’avons pas une seconde à perdre pour faire face aux crises auxquelles nous sommes confrontés”

Joe Biden

“Un jour nouveau se lève sur l’Amérique”, a-t-il tweeté. “Nous n’avons pas une seconde à perdre pour faire face aux crises auxquelles nous sommes confrontés”, a-t-il prévenu mardi soir.

Dès mercredi, il prendra 17 décisions présidentielles pour revenir sur les mesures phares de l’ère Trump, en engageant notamment le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat et au sein de l’Organisation mondiale de la Santé. Face au Covid-19, le président signera un décret pour rendre obligatoire le port du masque dans les bâtiments fédéraux, appelant aussi tous les Américains à l’endosser pendant 100 jours.

Mardi soir, peu après son arrivée à Washington, il avait rendu un hommage solennel aux victimes de la pandémie, prenant le contre-pied de Donald Trump qui a depuis des mois tenté de minimiser l’impact d’une crise sanitaire ayant fait plus de 400.000 morts aux Etats-Unis. “Pour guérir, nous devons nous souvenir. Il est difficile parfois de se souvenir mais c’est ainsi que nous guérissons”, a-t-il déclaré devant l’imposant monument Abraham Lincoln.

L’ex-bras droit de Barack Obama s’est ensuite recueilli, au son de la chanson Hallelujah de Leonard Cohen, face aux 400 lumières allumées autour du bassin rectangulaire dans lequel se reflétait le Washington Monument.

Rupture avec l’administration Trump

Cette journée de consécration pour Joe Biden se déroulera dans un climat très particulier, sous l’effet combiné de la pandémie et du traumatisme encore frais des violences du Capitole qui ont fait cinq morts.

Les mesures de sécurité sont exceptionnelles. Quelque 25.000 soldats de la Garde nationale et des milliers de policiers venus de tout le pays sont déployés. Preuve de la tension : douze d’entre eux ont été écartés du dispositif de sécurité dans le cadre d’une procédure de recherche d’éventuels liens avec des groupes extrémistes, a indiqué le Pentagone.

Joe Biden fera face à plus de 190.000 drapeaux plantés pour représenter ce public absent

Loin des foules immenses qui se pressent traditionnellement sur l’immense esplanade du “National Mall” pour voir leur nouveau président, Joe Biden fera face à plus de 190.000 drapeaux plantés pour représenter ce public absent. De hautes grilles, parfois surmontées de barbelés, protègent la “zone rouge” entre la colline du Capitole et la Maison Blanche.

En attendant, le processus de confirmation par le Sénat des ministres désignés par le président élu a commencé mardi, afin que le gouvernement soit au plus tôt en ordre de marche face aux nombreuses crises.

Sur le front diplomatique, le futur secrétaire d’État, Antony Blinken, a promis de rompre avec quatre années d’unilatéralisme en “revigorant” les alliances malmenées sous Donald Trump. Mais il a aussi déclaré que le républicain avait “eu raison” d’avoir adopté une position “plus ferme face à la Chine”.

L’Europe “a de nouveau un ami à la Maison Blanche”, s’est réjouie la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, tandis que le président du Conseil européen, Charles Michel, l’a invité à une réunion avec les dirigeants de l’Union européenne pour “construire ensemble un pacte fondateur nouveau”. Le président iranien Hassan Rohani s’est réjoui, lui, de la “fin” de l’ère du “tyran” Donald Trump.

Du côté de l’économie, la prochaine secrétaire au Trésor Janet Yellen a appelé à “voir grand” dans la réponse à la crise provoquée par la pandémie et à remettre donc à plus tard les préoccupations sur le déficit public.