À Dakhla, Nasser Bourita et David Schenker concrétisent le rapprochement Maroc-États-Unis

Un mois après la reconnaissance par Donald Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, la visite du secrétaire d’État adjoint américain David Schenker dans les provinces du Sud est venue concrétiser ce rapprochement entre les deux pays.

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Le secrétaire général adjoint américain David Schenker et le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita à Dakhla, le 10 janvier 2021. Crédit: TelQuel

Une visite attendue. Après s’est rendu en Jordanie puis en Algérie, le secrétaire d’État adjoint américain David Schenker, en charge des questions du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, est arrivé le samedi 9 janvier au Maroc.

Après un passage à Laâyoune, où il a participé à l’inauguration d’un centre d’intégration de la jeunesse, le diplomate s’est rendu à Dakhla où il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, dans le cadre d’une rencontre bilatérale Maroc–États-Unis, ce dimanche 10 janvier.

Une rencontre tenue dans un contexte de rapprochement entre les deux pays suite à la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis le 10 décembre. Une reconnaissance devant être scellée par l’ouverture d’une représentation consulaire américaine à Dakhla, que les deux hommes visiteront plus tard dans la journée.

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C’est dans la “Villa du Général”, une bâtisse de deux étages située à quelques encablures de la wilaya de la région Dakhla-Oued Eddahab, que le rendez-vous a été fixé. Un choix qui ne semble pas anodin puisque la villa, qui offre une vue imprenable sur la baie de Dakhla, a des allures de résidence d’ambassadeur.

Les symboliques sont également à chercher du côté du casting des acteurs présents lors de cette rencontre bilatérale

Les symboliques sont également à chercher du côté du casting des acteurs présents lors de cette rencontre bilatérale. Aux côtés de Nasser Bourita et de David Schenker, des responsables locaux sont présents, en la personne du président de la région Dakhla-Oued Eddahab, Yanja Al Khattat, ainsi que du wali Lamine Benomar. Des responsables dont la seule présence témoigne de la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis. Mais au-delà des symboles, que retenir de cette rencontre ?

Une proximité nécessaire

Cette visite aura surtout été l’occasion pour David Schenker de discuter des dossiers à caractère régional comme la situation au Sahel et en Libye, comme l’a indiqué le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita lors du point de presse tenu à l’issue de cette rencontre.

Mais dans leurs déclarations à la presse, l’accent a été davantage placé sur la nécessité de maintenir des bonnes relations entre Rabat et Washington. Pour David Schenker, cette proximité est nécessaire pour des raisons historiques, puisque le Maroc a été le premier pays à reconnaître l’indépendance des États-Unis et à jouer un rôle-clé dans la lutte contre le nazisme.

David Schenker a également évoqué le rôle du Maroc en tant qu’allié stratégique des États-Unis dans la région

Pour les deux hommes, la bonne relation entre les deux pays se justifie également par les liens commerciaux qui existent entre eux. Pour rappel, Rabat et Washington sont liés par des accords de libre-échange qui ont permis de multiplier les échanges entre les deux pays pour atteindre cinq milliards de dollars actuellement. Côté américain, David Schenker a également évoqué la tolérance religieuse du Maroc ainsi que son rôle d’allié stratégique dans la région.

Pour Nasser Bourita, les bonnes relations entre les deux pays sont le résultat de développements dans plusieurs domaines qui se sont concrétisés lors de l’appel téléphonique entre le roi Mohammed VI et le président américain Donald Trump le 10 décembre. En plus des lignes commerciales entre les deux pays, le diplomate a également insisté sur la collaboration militaire entre Rabat et Washington, en témoigne l’accord signé au mois d’octobre pour la période 2020-2030.

Celle-ci devrait connaître une évolution dans les semaines à venir, puisqu’une réunion devant permettre de concrétiser cet accord aura lieu ce mois-ci, selon le ministre des Affaires étrangères. Le diplomate a également évoqué les vues partagées par les deux pays au sujet des récents développements au Venezuela et en Iran, le Maroc ayant affiché l’année dernière son soutien au gouvernement vénézuélien de Guaido, soutenu par les États-Unis, et ayant rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, sur fond d’alliance entre le Hezbollah chiite — allié de l’Iran — et le Polisario.

Enfin, le ministre a insisté sur la coopération culturelle entre les deux pays qui, selon lui, contribue à leurs bonnes relations.