Bank Al-Maghrib table sur une croissance de 4,7% en 2021

Le conseil de Bank Al-Maghrib a tenu ce 15 décembre sa quatrième réunion trimestrielle de l’année, consacrée à l’analyse de l’évolution de la conjoncture économique nationale.

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Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib. Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

À l’issue de cette réunion, le conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 1,5 %, jugeant “accommodante” l’orientation de la politique monétaire adoptée jusque-là pour assurer un financement adéquat de l’économie.

Rebond de la croissance en 2021

Selon les projections de Bank Al-Maghrib, l’économie nationale devrait connaître une contraction de 6,6 % avec des reculs de 5,3 % de la valeur ajoutée agricole et de 6,6 % de celle des secteurs non agricoles. À moyen terme, à la faveur principalement de l’amélioration des revenus des ménages et des mesures visant le soutien de l’investissement, la croissance des activités non agricoles devrait atteindre 3,3 % en 2021 et se consolider à 3,6 % en 2022. Pour sa part, et sous l’hypothèse de récoltes céréalières annuelles de 75 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole progresserait de 13,8 % en 2021 et de 2 % en 2022.

Au total, Bank Al-Maghrib table sur un rebond de la croissance à 4,7 % en 2021 et sur une consolidation à 3,5 % en 2022. “Ce scénario reste entouré d’un degré élevé d’incertitude, mais les développements récents, dont essentiellement l’initiative de la vaccination anti-Covid-19 à grande échelle au niveau national, mais également dans plusieurs pays partenaires, ainsi que la mise en place d’un fonds stratégique dédié à l’investissement, suggèrent que la balance des risques serait orientée à la hausse”, précise BAM.

Déficit budgétaire

Sur l’ensemble de l’année, le déficit budgétaire hors privatisation se situerait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, à 7,7 % du PIB. À moyen terme, tenant compte notamment des données de la loi de finances de 2021 et sous l’hypothèse de la poursuite de la mobilisation des financements spécifiques, la consolidation budgétaire devrait reprendre graduellement et le déficit hors privatisation reculerait à 6,5 % du PIB en 2021, et à 6,4 % en 2022. Cependant, la dette directe du Trésor devrait connaître une hausse de 11 points de PIB à 76 % au terme de cette année, et atteindre 79,3 % du PIB à fin 2022.

Inflation

Le Conseil a par ailleurs noté qu’après s’être affaiblie au deuxième trimestre, l’inflation a connu une nette accélération à partir du mois d’août, tirée principalement par l’augmentation des prix des produits alimentaires à prix volatils.

Elle devrait toutefois terminer l’année avec une moyenne de 0,7 % et rester quasi stable en 2021 avant d’atteindre 1,3 % en 2022, en lien notamment avec l’amélioration prévue de la demande intérieure.

Conditions monétaires

Pour Bank Al-Maghrib, les conditions monétaires restent marquées par la poursuite du recul des taux débiteurs consécutivement aux réductions du taux directeur opérées en mars et en juin dernier. Le taux débiteur moyen global a enregistré ainsi une baisse trimestrielle de 28 points de base à 4,30 % au troisième trimestre, une évolution qui a profité aussi bien aux ménages qu’aux entreprises, notamment les TPME.

Pour ce qui est du crédit bancaire, en dépit de la forte contraction de l’activité économique, il maintiendrait un rythme soutenu, favorisé par les mesures budgétaire et monétaire, avec une progression de sa composante destinée au secteur non financier de 4,3 % cette année et en 2021, et de 4,5 % en 2022.

S’agissant du taux de change effectif réel, il ressortirait en appréciation de 0,4 % cette année. En 2021, sous l’effet d’une baisse de 0,9 % de la valeur du dirham en termes nominaux et d’un niveau d’inflation domestique inférieur à celui des pays partenaires et concurrents commerciaux, il se déprécierait de 1,2 %, et devrait se stabiliser en 2022.