De mémoire de Marocain, jamais l’état n’avait fait montre d’autant d’ambition sur le plan social. Généralisation de l’AMO et des allocations familiales, extension des retraites, élargissement de l’indemnité pour perte d’emploi… Toutefois, en dépit de l’ampleur pharaonique des annonces, il faut bien tendre l’oreille pour détecter un peu d’enthousiasme dans l’écosystème politico-économique. Sans doute est-ce la dimension inédite de ces réformes qui inhibe les commentateurs. Si on ajoute les 120 milliards du plan de relance, on peut comprendre qu’une certaine méfiance entoure les projets à venir. On croyait Benchaâboun thatchérien, on le découvre keynésien, et pas qu’un peu. Bien entendu, la récession Covid-19 exigeait une mobilisation sans précédent de l’Etat, mais à ce stade, le Marocain, coutumier de l’austérité, peine à y croire. L’approche est cependant intéressante. Elle consacre d’un côté un Etat-providence en devenir, mais, surtout, elle esquisse les contours d’un nouvel Etat-stratège. Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement en est en quelque sorte l’incarnation. Doté de 15 milliards de dirhams venant du budget de l’état et de 30 autres prochainement issus d’institutionnels nationaux et étrangers, il se propose…