C’est le dernier des « historiques ». Abderrahmane Youssoufi a toujours été un homme à part. Avec son décès, c’est l’histoire d’un siècle qui s’en va, les plus belles pages de l’histoire du Maroc. Abderrahmane Youssoufi est né en 1924, en pleine guerre du Rif, un événement qui sera toujours une référence pour lui.
Ensuite, il y a eu l’étape du nationalisme. Par l’intermédiaire du Mehdi Ben Berka, il adhère au mouvement national en 1924. Puis après, l’étape du militant à Casablanca qui encadre la classe ouvrière, et s’occupe du social dans le cadre du mouvement national. Et puis bien sûr la résistance. Là aussi, il était non seulement un des grands chefs de la résistance marocaine, il a été aussi le premier président du Conseil national des résistants. Durant ces années, il a tenu à créer un lien entre les résistances marocaines et algériennes. C’était un grand maghrébin.
Et puis après, il a joué son rôle dans la promotion du combat pour la démocratie et des droits de l’Homme au sein de l’UNFP et puis de l’USFP. Son militantisme pour les droits de l’Homme a dépassé le Maroc pour inclure tout le monde arabe. Et enfin, il a été l’homme du gouvernement de l’alternance, un grand moment de l’histoire du Maroc visant à faire adhérer le pays à la logique du changement, des réformes, du progrès.
Première rencontre
Notre première rencontre date des années de militantisme au sein de l’UNFP. Je l’avais rencontré durant le congrès constitutif de l’UNFP. Ensuite, je suis allé le voir à Cannes lorsqu’il était en exil. Il venait de soutenir un mémoire de troisième cycle à Nice sur la guerre du Rif. Et puis après, depuis les années soixante-dix le contact est devenu continu.
Feu Abderrahmane Youssoufi avait beaucoup de qualités, parmi lesquelles l’élégance. L’élégance dans le sens intellectuel, dans le sens humain. C’est un homme d’histoire, il fait partie des aspects les plus rayonnants de l’histoire du Maroc