362 morts dont un premier hors de Chine

L’annonce le 2 février du premier décès hors de Chine lié au nouveau coronavirus, survenu aux Philippines, relance les inquiétudes sur la propagation de l’épidémie qui a fait 362 morts.

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La RAM avait assuré le rapatriement des Marocains bloqués à Wuhan, le 2 février dernier, sur le tarmac de l'aéroport de Benslimane. Crédit: Fadel Senna/AFP

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les Philippines ont signalé dimanche 2 février la mort à Manille d’un Chinois de 44 ans, originaire de la ville de Wuhan où l’épidémie de pneumonie virale a démarré en décembre. “Il s’agit du premier décès signalé en dehors de la Chine”, a déclaré le représentant de l’OMS aux Philippines, Rabindra Abeyasinghe.

24 pays touchés

Cette annonce survient alors qu’un nombre croissant de pays ferment leurs frontières aux personnes venant de Chine. Le décès aux Philippines a d’ailleurs été annoncé juste après que Manille a décrété l’arrêt immédiat des arrivées de tous les voyageurs étrangers depuis la Chine.

Le virus s’est propagé dans 24 pays. Les pays du G7 vont se concerter pour apporter une réponse “uniforme” face à l’épidémie, a annoncé dimanche 2 février le ministre allemand de la Santé. “Nous sommes convenus qu’il doit y avoir une conférence téléphonique des ministres de la Santé du G7”, a expliqué Jens Spahn.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et son allié russe vont tenir une réunion technique les 4 et 5 février à Vienne pour analyser la baisse des cours du brut en lien avec l’épidémie, a indiqué dimanche à l’AFP une source proche de l’organisation.

L’OMS a classé jeudi  30 janvier l’épidémie comme “une urgence de santé publique de portée internationale” et de nombreux pays ont annoncé des mesures exceptionnelles. Les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Irak et Israël notamment ont interdit l’entrée sur leur territoire aux étrangers s’étant récemment rendus en Chine.

La Mongolie, la Russie et le Népal ont fermé leurs frontières terrestres avec la Chine et la Papouasie-Nouvelle-Guinée a fermé mercredi 29 janvier ses ports et ses aéroports à tous les voyageurs en provenance d’Asie. Pour leur part, la Grande-Bretagne, la Russie et la Suède ont annoncé leurs premiers cas confirmés ce week-end.

Rapatriements massifs

Parallèlement, les opérations de rapatriement d’étrangers se trouvant en Chine se poursuivent : un deuxième avion français ramenant des étrangers de 30 nationalités différentes depuis Wuhan a atterri dimanche 2 février sur une base militaire dans le sud-est de la France. Au Maroc, un avion transportant 167 Marocains de Wuhan a atterri dans la matinée à Benslimane, entre Rabat et Casablanca.

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En Italie, un avion militaire a décollé le 2 février de Rome à destination de Wuhan, pour rapatrier 67 personnes. L’Algérie a aussi annoncé qu’elle allait rapatrier, à la demande de leurs gouvernements, dix Tunisiens et des étudiants libyens toujours à Wuhan avec les 36 Algériens, majoritairement des étudiants, qui s’y trouvent bloqués.

Un groupe de Brésiliens de Wuhan a demandé au président Jair Bolsonaro, via une vidéo, leur rapatriement. Ils affirment qu’aucun n’a “de symptômes de l’infection” et se disent prêts à être placés en quarantaine. Le gouvernement brésilien a assuré qu’il les rapatrierait.

Hécatombe en Chine

En Chine, selon un dernier décompte annoncé dans la nuit de dimanche 2 à lundi 3 février, le nombre de morts s’élevait à 361, dont 57 décès lors de la journée de dimanche.

Il y a désormais eu en Chine continentale plus de morts dus à ce coronavirus qu’à l’épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), qui y avait fait 349 victimes. Le nombre d’infections confirmées en Chine a grimpé à plus de 17 200, dépassant largement celui du Sras, qui avait tué, au total, 774 personnes, majoritairement en Chine continentale et à Hong Kong.

Pékin a pris des mesures sans précédent pour limiter les déplacements des personnes. Depuis le 23 janvier, quelque 56 millions d’habitants sont confinés dans la province du Hubei et sa capitale Wuhan (11 millions d’habitants) où le virus a déjà contaminé 661 personnes. Le 2 février, le confinement a été étendu à Wenzhou, ville portuaire de plus de 9 millions d’habitants située à quelque 800 km à l’est de Wuhan.

Wenzhu, deuxième ville en quarantaine

Avec 265 cas de contamination, Wenzhou est l’une des villes chinoises les plus touchées. Les habitants ont désormais l’obligation de rester chez eux. Seule une personne par foyer est autorisée à sortir une fois tous les deux jours pour faire les courses. Les transports publics sont suspendus ainsi que les autocars longue distance. Les grands axes routiers sont presque entièrement fermés.

Ce virus est apparu au pire moment pour la Chine, des centaines de millions de Chinois voyageant lors des congés du Nouvel An lunaire qui a commencé officiellement le 24 janvier. Ces congés devaient prendre fin vendredi 31 janvier, mais ont été prolongés jusqu’à lundi 3 février pour donner plus de temps aux autorités contre la crise. Selon l’agence Chine nouvelle, les autorités ont ordonné des contrôles de température à tous les points de sortie et d’entrée de la capitale. La température est aussi contrôlée dans des stations de métro et de nombreux bureaux et cafés.

La Chine, qui souffrait déjà d’un ralentissement de sa croissance avant l’épidémie, a annoncé le 2 février l’injection de 1200 milliards de yuans (156 milliards d’euros) pour soutenir son économie. La banque centrale va effectuer l’opération ce 3 février à la réouverture des marchés financiers chinois, après le long congé du Nouvel An lunaire, prolongé en raison du virus.