Le Conseil économique social et environnemental (CESE) a sorti le 26 septembre un communiqué visant à alerter sur la menace qui pèse sur la sécurité hydrique du pays. Si aucune mesure n’est prise dès aujourd’hui, le stress hydrique pourrait mettre en péril la stabilité sociale et accentuer les inégalités territoriales du Maroc dans un futur proche.
Surconsommation de l’eau
“Un pays est considéré en situation de pénurie hydrique lorsque la disponibilité en eau est inférieure à 1 000 m3/habitant/an. Au Maroc, la situation est encore plus alarmante puisque les ressources en eau sont actuellement évaluées à moins de 650 m3/habitant/an, contre 2500 m3 en 1960, et devraient baisser en deçà de 500 m3 à l’horizon 2030” annonce le Conseil économique social et environnemental (CESE) dans un communiqué diffusé fin septembre.
“La demande en eau au Maroc est aujourd’hui supérieure à la quantité disponible en ressources annuelles renouvelables d’eau douce”, poursuit le Conseil. “Certaines études internationales indiquent que les changements climatiques pourraient provoquer la disparition de 80 % des ressources d’eau disponibles dans notre pays dans les 25 prochaines années”, précise le CESE qui alerte sur la surexploitation des nappes souterraines.
Des mesures à prendre d’urgence
“Malgré l’extrême gravité de la situation, la surexploitation des ressources en eau, notamment des nappes souterraines, s’accentue dans notre pays, faisant fi des autorisations imposées par la loi, alors que les pouvoirs publics sont dans l’incapacité de mettre en place des moyens de contrôle efficaces” analyse le CESE, pointant du doigt la nécessité de mettre en place une politique permettant de protéger les ressources hydriques du Maroc, un enjeu qui “devient, par conséquent, une priorité”.
“Le caractère irréversible de la raréfaction des ressources hydriques au Maroc s’accentuera davantage si aucune mesure n’est prise ou encore si les réformes annoncées tardent à être mises en œuvre”, déclare le CESE, tout en ciblant trois grandes catégories d’actions qui permettraient d’améliorer la sécurité hydrique du pays : au niveau des usagers, au niveau réglementaire et institutionnel, et en matière d’investissements.
Le Conseil préconise, entre autres, de sensibiliser les usagers afin qu’ils adoptent des comportements économes, en limitant par exemple l’eau potable pour les espaces verts et en réutilisant les eaux usées. Il est, selon lui, nécessaire de réformer la tarification des eaux, d’améliorer le cadre réglementaire et de renforcer la gestion institutionnelle des eaux. “Le recours massif aux ressources hydriques non conventionnelles” figure également parmi les solutions avec, par exemple, le dessalement de l’eau de mer et l’installation de stations d’épuration.
Réaction ministérielle
Pour le ministre de l’Équipement, du transport, de la logistique et de l’eau, Abdelkader Amara, “la situation n’est pas alarmante. Preuve à l’appui, le Maroc mobilise 18 000 m3 d’eau” déclare-t-il sur leseco.ma le 1er octobre, en réponse au communiqué du CESE. “Cette situation n’est pas imputée à l’insuffisance de l’eau, mais au système de distribution d’eau”, a-t-il ajouté.
Selon lui, les usagers ont un rôle central à jouer : “Nous avions créé les Conseils des bassins hydrauliques qui sont un espace très important regroupant les officiels, mais aussi la société civile et les associations d’usagers d’eau.” Un programme sur l’approvisionnement en eau est prévu pour la période 2019-2026, a indiqué le ministre aux Eco.
La majeure partie du territoire est concernée par la problématique de la gestion de l’eau, y compris les régions les plus dotées en matière de ressources hydriques, comme la région du Moyen Atlas.
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