Les membres d'un gouvernement pas si nouveau dévoilés

Les 39 membres du gouvernement algérien nommés par le nouveau président Abdelmadjid Tebboune ont été annoncés le 2 janvier au soir.

Par

APS / AFP

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a nommé jeudi 2 janvier au soir, exactement deux semaines après avoir pris ses fonctions, son premier gouvernement composé de 39 membres, a annoncé le porte-parole de la présidence, Belaïd Mohand Oussaïd, qui en a donné la composition à la télévision nationale. La grande majorité a déjà exercé une fonction au sein du gouvernement précédent.

Le Hirak n’a pas gain de cause

Le 28 décembre, Abdelmadjid Tebboune avait nommé Abdelaziz Djerad Premier ministre. Cet universitaire de 65 ans, ancien secrétaire général de la présidence (1993-1995) puis du ministère des Affaires étrangères (2001-2003), a été chargé de constituer un gouvernement.

à lire aussi

Plus d’un tiers (11) des 28 ministres de plein exercice nommés le 2 janvier l’étaient déjà dans le gouvernement sortant ou dans une des équipes gouvernementales des 20 ans de présidence d’Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril suite au Hirak, mouvement anti-régime entamé le 22 février pour protester contre un cinquième mandat.

On est donc loin du renouvellement exigé par le Hirak qui réclame le démantèlement du “système” dirigeant l’Algérie depuis son indépendance en 1962.

Le président Tebboune, 74 ans, fut longtemps lui-même ministre de Bouteflika, qui en fit son Premier ministre en mai 2017 avant de le limoger moins de trois mois plus tard. En prenant ses fonctions, il avait tendu la main au Hirak, né le 22 février pour fonder une “nouvelle République”.

Retour des anciens

Sabri Boukadoum conserve ainsi le portefeuille des Affaires étrangères, dont il était déjà le titulaire dans le gouvernement de Noureddine Bedoui, nommé le 31 mars par le président Bouteflika, deux jours avant sa démission.

Kamel Beldjoud, le ministre de l’Habitat dans le gouvernement Bedoui, devient ministre de l’Intérieur, poste dont il assurait l’intérim depuis le limogeage le 19 décembre de son titulaire Salah Eddine Dahmoune, coupable d’avoir traité les manifestants du Hirak de “traîtres, mercenaires, homosexuels”.

Belkacem Zeghmati, déjà ministre de la Justice du gouvernement Bedoui, conserve lui aussi son portefeuille, de même que Mohamed Arkab à l’Énergie, Chérif Omari à l’Agriculture et Youcef Belmehdi aux Affaires religieuses.

Abderrahmane Raouya redevient ministre des Finances, poste qu’il avait déjà occupé entre 2017 et fin mars 2019 sous la présidence Bouteflika, dans le gouvernement du Premier ministre Ahmed Ouyahia, sacrifié pour tenter — en vain — de calmer la contestation.

Au moins trois autres ministres — Farouk Chiali (Travaux publics), Sid Ahmed Ferroukhi (Pêche), Hassane Mermouri (Tourisme) — retrouvent des postes ministériels qu’ils ont également déjà occupés sous la présidence de Bouteflika.

Parmi les 28 autres ministres de plein exercice, plusieurs hauts fonctionnaires prennent la tête du ministère dans lequel ils officiaient. Et plusieurs portefeuilles sont attribués à des personnalités de la société civile (universitaires, économistes, ingénieur, médecin…)

Infimes changements

Fait notable, le gouvernement ne compte pas de vice-ministre de la Défense, poste qu’occupait depuis 2013 et jusqu’à son décès le 23 décembre, le puissant chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah. Il est à noter que le président de la République est traditionnellement ministre de la Défense en titre en Algérie.

Il n’y a pas non plus de ministre de l’Économie, alors que l’Algérie souffre de sa dépendance au pétrole, dont la faiblesse durable des prix grève son budget et assèche ses réserves de change.

Seule concession apparente à la jeunesse — en pointe du Hirak dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de 30 ans —, est créé un “ministère de la microentreprise, des start-ups et de l’Économie de la connaissance” et deux ministères délégués, l’un chargé des incubateurs, l’autre des start-ups.

Le gouvernement compte sept ministres délégués et quatre secrétaires d’État. Il comprend également cinq femmes”, a déclaré Belaïd Mohand Oussaïd. Et d’ajouter, cité par l’agence de presse locale APS : “Le premier Conseil des ministres se réunira dimanche.

 

Pendant que vous êtes là…

Pour continuer à fournir de l’information vérifiée et approfondie, TelQuel a besoin de votre soutien à travers les abonnements. Le modèle classique de la publicité ne permet plus de financer la production d’une information indépendante et de qualité. Or, analyser notre société, réaliser des reportages et mener des enquêtes pour montrer le Maroc « tel qu’il est » a bel et bien un coût.

Un coût qui n’a pas de prix, tant la presse est un socle de la démocratie. Parce qu’à TelQuel nous en sommes convaincus, nous avons fait le choix d’investir dans le journalisme, en privilégiant l’information qui a du sens plutôt que la course aux clics. Pour cela, notre équipe est constituée de journalistes professionnels. Nous continuons aussi à investir dans des solutions technologiques pour vous offrir la meilleure expérience de lecture.

En souscrivant à une de nos formules d’abonnement, vous soutenez ces efforts. Vous accédez aussi à des avantages réservés aux abonnés et à des contenus exclusifs. Si vous êtes déjà abonné, vous pouvez continuer à encourager TelQuel en partageant ce message par email


Engagez-vous à nos côtés pour un journalisme indépendant et exigeant