Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre puis chef de gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika, a été élu dès le premier tour pour lui succéder à la tête de l’Etat algérien, a annoncé vendredi l’Autorité nationale des élections (Anie) ce vendredi 13 décembre.
Avec un taux d’abstention historique et des manifestations menées plusieurs villes d’Algérie dont Alger, Oran et Tizi Ouzou, la légitimité du nouveau président et d’ores et déjà remise en question.
Une victoire en demi-teinte
Tebboune a recueilli “58,15 % des suffrages”, a indiqué le président de l’Anie, Mohamed Charfi, lors d’une cérémonie officielle, au lendemain d’un scrutin marqué par une abstention record et qui s’est déroulé dans un contexte de contestation massive et inédite du régime au pouvoir depuis l’indépendance en 1962.
“Je voudrais féliciter le candidat vainqueur”, a déclaré Mohamed Charfi. Le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats définitifs entre le 16 et le 25 décembre, après examen d’éventuels recours, selon l’Anie.
L’Anie a légèrement revu le taux de participation à 39,83 %, le plus faible de l’histoire des élections présidentielles pluralistes en Algérie. Il est inférieur de plus de 10 points à celui du précédent scrutin — le plus faible jusqu’ici —, qui en 2014 avait vu la 4e victoire d’Abdelaziz Bouteflika.
Bilan du scrutin
L’islamiste Abdelkader Bengrina, 57 ans, dont le parti a soutenu la présidence de Bouteflika, arrive en 2e position avec 17,38 % des voix, selon Mohamed Charfi. Ali Benflis, autre très proche de l’ancien président, dont il fut le Premier ministre entre 2000 et 2003, devenu après leur brouille son principal adversaire électoral lors des scrutins de 2004 et 2014, arrive en 3e position avec 10,55 % de suffrages.
Ferment la marche Azzedine Mihoubi, chef du Rassemblement national démocratique (RND), principal allié du Front de libération nationale (FLN) de Bouteflika (7,26 %), et Abdelaziz Belaïd, ancien cadre du FLN et fondateur d’un microparti ayant soutenu le président déchu (6,66 %).
Mobilisations persistantes
L’Algérie est le théâtre depuis février d’un mouvement (“Hirak”) de contestation du régime, déclenché par la volonté d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle initialement prévue en avril.
Après avoir obtenu sa démission en avril, le “Hirak” ne cesse de réclamer le démantèlement du “système” qui dirige l’Algérie depuis 1962. Le mouvement de contestation a rejeté le scrutin de jeudi 12 décembre, perçu comme une manœuvre de survie du régime, et accusé les cinq candidats d’en être les produits et de le cautionner par leur candidature.
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