Dotations touristiques, amnistie fiscale: Les explications du DG de l'Office des changes

Dans une interview accordée au mensuel Economie & Entreprises dans son édition de juillet, Hassan Boulaknadel revient sur les opérations menées par l'Office des changes qu'il dirige.

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Hassan Boulaknadel, directeur de l'Office des changes. Crédit: Yassine Toumi/TelQuel

Dans un long entretien accordé au mensuel Economie & Entreprises dans son édition de juillet, le directeur général de l’Office des changes Hassan Boulaknadel est revenu sur le choix d’indexer les dotations touristiques sur l’IR, sur l’opération d’amnistie fiscale sur les avoirs à l’étranger qui s’est déroulée en 2018 et a aussi annoncé un chantier de digitalisation des services de l’Office des changes. Extraits choisis.

Dotation touristique et fuite des capitaux

Selon le DG de l’Office des changes, l’indexation des dotations touristiques sur l’IR « s’inscrit dans une logique de libéralisation graduelle. » « Nous avons commencé par la flexibilisation du dirham et l’idée est de continuer dans cette libéralisation de la réglementation des changes. L’évolution de la dotation touristique est un pas qui s’inscrit dans cette logique-là : aller de manière graduelle vers une libéralisation quasi-totale du dirham qui va venir au moment opportun », a expliqué Hassan Boulaknadel.

Cette indexation des dotations sur l’IR est aussi « un moyen d’inciter les gens à plus de civisme fiscal en associant la dotation à l’impôt payé. » « Nous travaillons d’ailleurs de concert avec la DGI et la douane pour que les opérateurs économiques, qu’ils soient personnes physiques ou personnes morales, puissent être conformes vis-à-vis des trois administrations. L’idée est effectivement de pousser ces contribuables vers plus de conformité dans leur relation avec tous les pans de l’administration », a-t-il détaillé.

Concernant la fuite des capitaux, estimée à plus de 40 milliards de dirhams, Hassan Boulaknadel a signalé que ce montant « est quasi constant ces dernières années. » Ce qui prouve selon le DG de l’office que « l’évolution de la réglementation des changes a permis aux résidents de pouvoir investir à l’étranger en totale conformité. »

« Cette question de fuite des capitaux est exagérée, pour la simple raison qu’il serait très compliqué de faire l’évaluation de quelque chose qui est censé être non traçable. Les manquements sur lesquels les inspecteurs de l’Office des changes sévissent montrent notamment des tentatives d’optimisation ou de minorations des prix ou de non rapatriement dans les délais. Mais chaque fois que nous sommes sur le terrain et que nous relevons ce genre d’infractions, la réglementation des changes s’applique », a indiqué Hassan Boulaknadel.

L’amnistie fiscale, une “réussite”

Le bilan de l’opération d’amnistie fiscale sur les avoirs à l’étranger en 2018 « a été une surprise heureuse pour tout le monde. » Une surprise si on compare aux opérations similaires menées dans d’autres pays. Boulaknadel a expliqué cette réussite par le fait « qu’il y a eu une certaine communication positive sur le sujet et qu’il y a eu une approche disons de confiance entre l’administration et les assujettis sachant que la confidentialité et l’anonymat ont été de mise tout le long de l’opération. Les réalisations dépassaient de très loin ce qu’on s’était assigné au départ comme objectifs ».

Après la fin de cette opération, l’Etat a-t-il sévi contre les fraudeurs ? « Certes, la porte est toujours ouverte aux personnes qui souhaitent faire des déclarations spontanées, mais il y a toujours des missions de contrôle que nous faisons y compris auprès des personnes physiques et je peux vous assurer qu’il y’a des dossiers qui ont été transmis à la justice, des dossiers qui ont été régularisés et des dossiers qui sont en cours », détaille le DG.

L’Office des changes s’est aussi engagé dans un chantier de digitalisation pour un investissement entre 20 à 25 millions de dirhams sur deux ans. Un chantier qui permettra « la mise en place d’un système d’information complétement intégré et qui permet d’avoir une vue d’ensemble et de monitorer toutes les activités au sein de l’office. »

Concernant l’échange de données électroniques, il est « opérationnel aujourd’hui avec toutes les autres administrations qui relèvent du ministère des Finances, principalement la douane et la DGI. » « D’ailleurs, la mise en place rapide de l’application relative à la dotation basée sur l’IR a été possible grâce à l’architecture d’échange de données entre les deux bases de données, celle de la DGI et celle de l’office », a révélé Hassan Boulaknadel.